La peau de l'ours
' Rien ne sert de vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué. ' Cette maxime éculée du commerce ancien et bien prudent se trouve aujourd'hui ridiculisée par les nouveaux commerçants du Net, pour qui ' rien ne sert de tuer l'ours avant d'avoir vendu sa peau '. Entre les deux étapes de cette philosophie de bazar, le commerçant a gagné quelques mètres carrés d'entrepôt, et le client parfois plusieurs semaines d'attente avant de toucher l'objet du désir brûlant qu'il aura monnayé cash d'un numéro de Carte bleue lâché parfois trop intempestivement. Juste le temps, pour le vendeur, de mettre la main sur l'article promis. Mais on aime bien ces aphorismes. En voici un nouveau. Monsieur Guillaume Pepy, directeur général de la SNCF, l'énonce : le commerce en ligne marche bien quand c'est le client qui travaille surf, choix, entrée des données, envoi. Mais quand il commande des bouteilles d'eau en ligne, le supermarché doit livrer. Et c'est alors lui qui travaille. D'où le succès très relatif de ce type de commerce, comparé, par exemple, aux voyages. Pourquoi pas... En tout cas, il faut bien se rendre à l'évidence que les internautes ne se montrent pas, de ce point de vue, fainéants : l'e-commerce aura représenté 5 milliards d'euros en France en 2003, soit une croissance de plus de 56 %. Et, selon l'Acsel (Association pour le commerce en ligne), on peut espérer 7 à 8 milliards en 2004. Soit léquivalent de la vente par correspondance traditionnelle. Alertez les nounours !
Votre opinion