“ La prolifération des langages, un mal nécessaire ”

“ Le développeur doit sans arrêt se remettre en question s'il veut rester dans la course ”
Pierre Tran, chef d'enquête à 01 Informatique

Le développeur est comme le forgeron, il fabrique lui-même ses propres outils. Si la forme du marteau ne convient pas, il le forge à ses besoins. D'où la prolifération des langages de programmation : les développeurs ont constamment besoin de résoudre de nouveaux problèmes, de lancer des défis. Selon la base de faits Freebase qui répertorie 1 182 langages en production, il en apparaît sept chaque année en moyenne depuis cinq ans. Rien d'étonnant, car avec la multiplication des outils open source, il est relativement facile aujourd'hui de créer son propre langage : certains pour résoudre un problème particulier (Mathematica, Actionscript…), d'autres issus de laboratoires de recherche (Lisp, Prolog, Smalltalk…) ou créés de toutes pièces par des éditeurs (Java, C#…). Ces quinze dernières années, le mouvement s'est accéléré : PHP, Python, Ruby…

Aujourd'hui, les nouveaux défis pour les développeurs sont le cloud computing, le parallélisme, la mobilité… Face à l'hétérogénéité des infrastructures et des architectures matérielles (cloud, data center, desktop, consoles de jeu, smartphones, capteurs…) et la complexité croissante des systèmes (OS, runtime, applications…), les développeurs imaginent sans cesse de nouvelles solutions, de nouveaux langages. Oui, la prolifération des langages est un mal nécessaire. Il est loin le rêve d'un langage “ Write once, run everywhere ” tel que l'avait imaginé Sun pour Java. Le développeur doit perpétuellement se remettre en question s'il veut rester dans la course. D'autant qu'avec les DSL (Domain Specific Language), ce mouvement risque encore de s'accélérer. L'histoire le montre, chaque nouvelle génération est une montée en abstraction et les langages de modélisation en représentent le prochain niveau. Les éditeurs et les chercheurs travaillent sur des modèles directement exécutables. Demain, chaque domaine sera équipé d'un langage de modélisation sur mesure, facile à appréhender car adapté au métier, et les applications seront déployées par simple dépôt sur la plate-forme. Toujours plus de langages, mais qui tendent vers la simplicité, voilà les défis de demain.

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