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La protection continue des données fait l'objet d'un flot d'annonces. Mais les technologies sont encore hétérogènes, et les usages mal définis.
L'industrie s'est passé le mot : pas moins de six annonces se sont succédé dans le domaine de la protection continue des données (PCD) dans les quinze derniers jours de septembre. Et ce n'est pas là le fait d'obscures jeunes pousses cherchant à créer l'événement : Atempo (LiveBackup, développé par Storactive), Symantec (Backup Exec 10d, hérité de Veritas), IBM (CDP for Files, intégré à la gamme Tivoli), Microsoft (Data Protection Manager, ou DPM, lire DI n?' 609), HP (deux ProLiant DPM), Quantum (un serveur dédié DPM). Ce bel unanimisme masque mal la disparité des technologies mises en ?"uvre et des usages associés, même si le principe de base ne varie guère. Toutes ces solutions sont en fait des substituts aux sauvegardes classiques, et fonctionnent exclusivement en modèle disque à disque. Elles améliorent la protection des données stockées en mode fichier, essentiellement les documents bureautiques, en leur appliquant un modèle de réplication journalisée. Les fichiers présents sur le disque dur d'un poste de travail, ou sur un serveur de fichiers partagé en réseau, sont répliqués à intervalles réguliers vers un espace de stockage secondaire où ils sont organisés par versions successives. Bien entendu, seules les différences entre la source et la cible sont prises en compte pour diminuer les échanges réseau. En cas d'incident ou d'erreur de manipulation, l'utilisateur peut naviguer dans les différentes versions de ses fichiers et restaurer celle qui lui convient. ' Il s'agit à la fois de diminuer la quantité des données perdues en cas d'incident et de réduire les temps de restauration ', explique Alain Clément, chef de produits stockage chez HP. En effet, la protection continue des données implique que les opérations de réplication soient conduites à des intervalles plus courts que les sauvegardes : typiquement, toutes les heures, ou moins encore, contre une fois pas jour pour une sauvegarde traditionnelle. ' La protection des données est immédiate et permanente, il n'y a plus besoin de plan de sauvegarde ', assure Philippe Lewkowicz, chef de produits chez Symantec.
Protection des postes et des serveurs de fichiers
La PCD peut d'abord s'appliquer à la protection des postes clients Windows : c'est le cas de CDP for Files d'IBM et LiveBackup d'Atempo. Ces deux logiciels surveillent l'activité de l'utilisateur, de façon que chaque opération de mise à jour ou d'enregistrement d'un fichier déclenche une réplication sur un espace disque secondaire (serveur LiveBackup dans le cas d'Atempo, disque local, NAS ou autre espace disque distant pour IBM) et crée une nouvelle version. C'est donc un modèle très granulaire où l'activité réelle de l'utilisateur détermine le rythme de la protection, l'utilisateur ne pouvant perdre que les modifications effectuées entre deux enregistrements. Pour Philippe Ponty, ingénieur consultant chez IBM, ' c'est une journalisation des modifications, qui équivaut à un processus de sauvegarde invisible et permanent, beaucoup plus discret qu'un utilitaire de sauvegarde puisque l'environnement de travail n'est pas modifié '. Quitte à relativiser du même coup la portée du logiciel : ' CDP for Files ne séduira pas tous les clients, mais surtout ceux qui utilisent les outils bureautiques de manière intensive, ceux pour qui toute perte est un problème grave. 'La PCD est aussi proposée pour la protection des serveurs de fichiers Windows : c'est la fonction exclusive de DPM de Microsoft, et des équipements qui l'intègrent chez HP et Quantum. Son fonctionnement est particulier : selon des intervalles programmés à l'avance, DPM commande aux serveurs placés sous sa protection des captures d'instantanés (VSS) pour organiser une vision journalisée des fichiers. Il est possible aujourd'hui de capturer jusqu'à 24 instantanés par jour et par serveur avec DPM : l'utilisateur perdra, dans le pire des cas, une heure de travail. Ce n'est donc plus de la protection continue au sens strict, mais plutôt de la réplication périodique de modifications. Ceux qui ont choisi DPM sont bien conscients de cette différence. ' Il existe des mises en ?"uvre plus fines de la PCD que celle que nous proposons avec Microsoft DPM, mais elles risquent d'être trop coûteuses et complexes pour le marché des PME visé ', juge ainsi Graham Hunt, directeur produits de Quantum. ' Nous savons que DPM n'est que le début de ce qu'il sera possible de faire avec les outils de PCD. Mais aujourd'hui, il couvre la plus grosse partie des besoins ', précise Alain Clément. Gros intérêt de DPM pour l'administrateur : il se substitue à un logiciel de sauvegarde classique pour le serveur de fichiers en assurant une forme de sauvegarde disque à disque automatique et récurrente. De plus, l'utilisateur est en mesure de restaurer lui-même les états de ses documents stockés sur DPM.