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L'industriel a choisi le SGDT de Lascom pour accompagner la formulation de ses nouveaux produits laitiers. Celui-ci échange des données avec le tableur Excel.
Difficile, lorsqu'on déguste un yaourt aux fraises, d'imaginer la masse d'informations nécessaires à sa conception. La R&D des industriels de l'agro-alimentaire gère tout un tas d'éléments qui concernent les ingrédients, ses
sous-ingrédients, les additifs, les réglementations, les données physico-chimiques, la valeur nutritionnelle ou les fournisseurs. Jusqu'en 2003, chez Yoplait, toutes ces informations étaient souvent stockées sous la forme de fiches, au format Excel,
et disséminées dans l'ensemble de l'entreprise. L'industriel disposait bien d'un logiciel anglais spécialisé, Recipe, d'Hamilton Grant. Mais il n'a jamais été exploité par les utilisateurs, car jugé trop complexe.
Une solution PLM préférée à cinq outils spécialisés
Il y a trois ans, Yoplait, qui dépendait jusque-là du groupe Sodiaal, crée son propre service informatique. Recruté pour en prendre la charge, Damien Pinot entreprend une homogénéisation du parc applicatif, PGI en tête. Mais il équipe
aussi les métiers en logiciels spécifiques - par exemple, la R&D d'un outil de formulation. L'objectif est clair : rassembler les données dans une base unique et maîtrisée pour éditer les fiches d'étiquetage, fournir des informations
nutritionnelles, mais aussi gagner en temps et en fiabilité.Dès la fin d'année, l'industriel compare six logiciels autour d'un exercice de formulation de yaourt. Sont ainsi examinées les solutions de Recipe et de quatre autres éditeurs anglo-saxons - l'Australien Food Works et les
Américains Tech Wizard, Genesis, et ASD - avec son module Productvision Formula Management. Le sixième candidat, le Français Lascom, n'est pas un spécialiste de la formulation, mais du PLM (gestion du cycle de vie des produits). Un domaine
technique plus large, sur lequel la firme hexagonale se distingue en ne se consacrant pas aux seuls clients traditionnels - automobile et aéronautique -, mais en ciblant aussi l'agroalimentaire, la pharmacie ou bien les cosmétiques.
' Nous leur avons donné la préférence, explique Damien Pinot, DSI. Leur solution était plus riche, et elle favoriserait l'évolution vers de nouvelles fonctions. '
Le confort d'un outil en français
Outre la gestion de données techniques, Advitium, de Lascom, propose également un workflow et des outils de simulation pour inventer de nouvelles recettes. Et sa solution web pour le poste client emporte aussi les suffrages. Elle
simplifie le déploiement, et sa prise en main convient aux utilisateurs néophytes. En outre, la perspective de travailler en français s'est révélée déterminante. ' Dans notre industrie, nous avons un langage très
particulier, raconte Catherine Lala, responsable veille et réglementation, et utilisatrice pilote sur le projet. Le vocabulaire technique des logiciels de formulation est aussi très particulier. Il aurait été très difficile pour
nous de devoir travailler en anglais. ' Par ailleurs, Advitium était aussi le seul du comparatif à prendre directement en compte les réglementations locales.Les formulations proprement dites s'appuient sur la fonction solveur d'Excel. Celle-ci détermine la valeur optimale d'une formule à partir de différents éléments variables. Advitium dispose de connecteurs vers le tableur de Microsoft,
grâce auxquels la R&D de Yoplait échange les informations entre les deux logiciels. Certains résultats de formulations sont exploités dans Advitium, et certaines données stockées dans le PLM servent aux calculs dans Excel. Mais, contrairement à
un outil de formulation, le logiciel de Lascom s'articule autour de nomenclatures. Une démarche qui impose de construire des arborescences complexes à partir des différents éléments qui constituent un produit. ' Cela a été
l'occasion de structurer l'information pour la rendre accessible à tous ', reconnaît Damien Pinot. Le système de nomenclatures (voir encadré p. 36) aide à construire différentes vues d'un produit
suivant l'utilisateur : liste détaillée des ingrédients pour la R&D ; composition physico-chimique ou calorique pour la qualité.Début 2004, une fois choisi Advitium, Yoplait s'attelle à la construction de ces nomenclatures. La tâche se révèle bien plus lourde que prévu, puisque ces représentations n'existaient pas et que le bon fonctionnement de l'outil de PLM
dépend de leur définition. La livraison d'une maquette correcte a nécessité plus de cinq mois, entre septembre 2004 et février 2005. Sans compter que quelques incidents non imputables directement au logiciel ont perturbé le projet. Damien Pinot
avait choisi d'infogérer chez un prestataire le serveur Windows hébergeant Advitium. Mais des problèmes avec le pare-feu ont pénalisé les performances durant de longues semaines. Résultat : Yoplait a rapatrié son serveur dans son centre de
R&D d'Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne).Le temps est ensuite venu de saisir enfin les données dans le nouvel outil. Cette fois, pas moins de six mois seront nécessaires. Il a fallu, entre autres, assainir l'information de base, la vérifier, éliminer les doublons, etc.
Certaines données sont entrées directement ' à la main ' dans Advitium, tandis que d'autres sont extraites des fiches Excel à travers une grille type d'import. Au total, la base contient aujourd'hui 400
produits. ' Nous avons privilégié ceux qui changent beaucoup, insiste Catherine Lala. Il ne sert à rien de saisir la composition d'une crème fraîche, qui restera toujours une crème fraîche ! Nous
avons par ailleurs bloqué le logiciel pour que les rappels réglementaires et autres directives concernant les additifs ou les colorants soient incontournables. '
Vers la simulation
Dernière étape, intégrer dans le logiciel un premier niveau de workflow, à l'image du circuit de validation papier qui existait auparavant. Si le contrôle qualité ne valide pas un produit soumis par la R&D, par exemple, celui-ci
est retourné avec les annotations idoines. En novembre 2005, une vingtaine de personnes des services R&D et qualité sont formées. Les développeurs du service R&D entrent désormais toutes les informations nécessaires au fur et à mesure de la
création de produit. Le projet démarrera le 1er février 2006.Lascom a accompagné Yoplait tout au long de sa démarche. Aux six personnes issues de la R&D, de l'informatique, du service qualité et du contrôle de gestion, se sont joints deux chefs de projet de l'éditeur. La DSI de l'industriel
ne compte que quatre personnes sur un effectif total de 1850. Elle applique donc une stratégie systématique d'externalisation ou d'accompagnement par des prestataires. Le DSI confie que s'il n'a jamais eu à se plaindre de la compétence de Lascom, il
a par moments regretté un manque de disponibilité. ' Le projet a néanmoins duré plus longtemps que prévu, raconte Damien Pinot. Mais il est vrai qu'il n'avait pas la plus haute des priorités. ' Et
d'avouer que l'équipe Yoplait a parfois pris elle-même quelques retards.L'adoption des nouvelles habitudes induites n'a pas été évidente pour tous. Mais aujourd'hui, le succès du logiciel est incontesté. Il est même si apprécié qu'il déclenche des demandes de fonctions supplémentaires. Yoplait s'apprête
ainsi à se lancer, avant la fin de l'année, dans la simulation. Il s'agit d'utiliser des recettes existantes pour en recréer de nouvelles en changeant des ingrédients. Le logiciel est prêt. Reste à la R&D à mettre à plat ses règles de
simulation.e.delsol@01informatique.presse.fr