Inscrivez-vous gratuitement à la Newsletter BFM Business
Les praticiens de l'hôpital américain de Neuilly lâchent la plume pour dicter leurs comptes-rendus opératoires à leur ordinateur, qui les retranscrit en fichier texte.
C'est un poncif bien connu : l'écriture des médecins est illisible. Quelque peu caricaturale, cette assertion n'est pas dénuée de fondement. Et soulève le problème de la retranscription des nombreux comptes-rendus opératoires et
diagnostics de santé rédigés en milieu hospitalier. A l'hôpital américain de Neuilly, chaque praticien traite en moyenne une cinquantaine de comptes-rendus opératoires par mois, auxquels s'ajoutent entre 100 et 150 diagnostics, bilans de visites et
notes associées. Le travail de retranscription est en partie externalisé. Au risque de productions illisibles, donc mal transcrites, s'ajoute un coût non négligeable. ' Ces deux facteurs ont conduit l'hôpital à adopter la
reconnaissance vocale, explique le professeur Patrick Bloch, chef de service de chirurgie viscérale et responsable de l'innovation. Ceci afin de supprimer les erreurs et de conserver une traçabilité écrite
lisible. ' Le système doit à terme aboutir à la réintégration en interne du processus de gestion, donc réduire ce coût.
Trois fichiers pour une transcription
La première étape du projet a débuté en août 2004. Un premier groupe de 16 praticiens et 4 assistantes s'est fait la main sur l'outil de la société Scansoft. Un workflow a été déterminé. Le praticien dicte son compte-rendu opératoire
à l'ordinateur. Le système de reconnaissance vocale le transcrit, et conserve trois fichiers. Le premier est la restitution dans un document textuel. Le deuxième est un enregistrement numérisé de la voix au format Wav. Le troisième conserve
l'analyse des phonèmes et des caractéristiques du signal vocal, et améliore la qualité et la pertinence de la reconnaissance. Le document textuel et le fichier Wav sont transmis à l'assistante pour une correction et une mise en forme. Puis ils sont
conservés chacun dans une base de données. Le délai de ce traitement a été réduit : moins de deux jours aujourd'hui, contre un minimum de quatre jours avec une méthode manuscrite.Le résultat est à la hauteur des espérances du professeur Bloch, utilisateur de longue date de ces technologies : ' Non seulement la fiabilité est bonne, mais elle n'est pas sensible aux changements de la
voix, enrouée ou fatiguée. ' Cette qualité est possible grâce à la pertinence des dictionnaires utilisés. Chaque spécialité médicale dispose d'un dictionnaire spécifique qui vient compléter le corpus général de reconnaissance
de la solution. Et le médecin peut basculer d'un dictionnaire à l'autre quand il use d'un vocabulaire issu de plusieurs spécialités.
Vers le temps réel
D'ici à la fin 2005, 80 praticiens doivent être équipés. A terme, c'est l'ensemble des 400 médecins qui s'adonnera à la dictée vocale. ' Cet aboutissement s'inscrit dans un projet global d'hôpital
numérique ', précise le professeur Bloch. Il prévoit que toutes les données seront à l'avenir transmises en temps réel dans le système d'information. Les résultats d'un examen, d'une fibroscopie, d'un scanner devraient être
accessibles depuis l'assistant personnel électronique de chaque praticien. La reconnaissance vocale y aurait son rôle, ajoute le responsable de l'innovation : ' Les messages vocaux délivrés sur mon PDA depuis un
téléphone, ou un autre système de reconnaissance seront pérennes, équivalents à un texto, un e-mail sans qu'il soit nécessaire de les taper. '