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Depuis le 21 juin, les hackers chinois nourrissent une polémique qui empoisonne les relations internationales. Derrière les plaintes, semblent pointer des réorganisations militaires.
' Je suis prudent. Quand je dis Chine, cela ne veut pas dire gouvernement chinois. Nous n'avons pas non plus d'indications qu'il s'agit de l'armée populaire chinoise. ' En confirmant,
dernièrement, à notre confrère Le Monde que le gouvernement avait été l'objet de cyber-attaques issues de Chine, Francis Delon, le secrétaire général de la Défense nationale, a relancé la polémique de cet été.Un été chargé en accusations. Successivement, le bureau américain de la direction du Pentagone, le ministère anglais des Affaires étrangères et les bureaux du Premier ministre allemand ont révélé avoir été victimes d'attaques
informatiques graves. A tel point que la chancelière Angela Merkel a interpellé son homologue chinois, Wen Jiabao, à Pékin. Compréhensif, le Premier ministre a affirmé que la situation était grave, mais que les attaques provenaient de tous les pays,
et qu'il fallait travailler ensemble à leur éradication. Directement mises en cause par les Américains, les autorités chinoises ont réfuté toute implication. Une position difficile à justifier, hors toute polémique, tant l'internet chinois est
réputé pour être tenu d'une main de fer par le gouvernement : tous les sites antigouvernementaux sont immédiatement fermés ou filtrés.Autre témoin à charge, car ennemi depuis la révolution, Taïwan ne doute pas, lui, de l'implication du gouvernement chinois dans les attaques de l'été. Dès 2003, Etats-Unis, Japon et Mexique ont adressé des messages à la cellule de
travail du Premier ministre taïwanais, chargée de la sécurité informatique, pour la remercier de les avoir aidés à nettoyer leurs systèmes informatiques des virus chinois. Les Taïwanais identifiaient au moins sept groupes de hackers protégés par des
hébergements ' blindés ', semblant correspondre à des régions militaires. Selon Charlie Chen, de Tapei, qui s'exprime sur différents forums traitant du hacking, les attaques se produisent principalement
durant les horaires normaux de bureau. Ce qui tend à prouver qu'elles émanent d'organisations bien structurées. ' L'objectif apparent est de récupérer des listes d'adresses au travers de messageries connues pour alimenter une
base de données. A partir de celle-ci, les cyber-pirates relancent des messages contenant des chevaux de Troie pour des recherches plus approfondies. '
Les Chinois se plaignent aussi
Pour le vice-ministre de l'Industrie de l'information, Lou Qinjian, ' le c?"ur de l'Etat et des départements vitaux ont été victimes d'un incessant espionnage électronique '. Un
rapport, devant être bientôt transmis au président chinois Hu Jintao, inciterait ainsi le gouvernement à investir davantage dans la sécurité informatique et à créer un bureau central pour gérer la sécurité. Un document qui n'est sans rappeler ceux
qui ont abouti au rapport 2007 du Congrès américain sur l'armée chinoise. A la page 21 de ce rapport l'auteur cite un article du quotidien de l'armée chinoise datant de novembre 2006 : ' Dans une guerre très informatisée,
serons-nous capables ou non d'affaiblir la position dominatrice de l'ennemi dans le domaine de l'information et de réduire l'efficacité opérationnelle de ses équipements informatiques ? ' Une cellule spécialisée de
l'armée chinoise serait ainsi chargée, selon le quotidien Times, d'anéantir par logiciel toute l'informatique adverse avant même le début d'un conflit...Face à cette menace, les Américains manqueraient de cohésion. Lors du symposium sur la guerre aérienne (Air Warfare Symposium) à Orlando, au début de l'année, le général Cartwrigth, commandant de la force stratégique (Stratcom), a
ainsi reconnu que la stratégie américaine en matière de guerre cybernétique était en plein dysfonctionnement : ' L'offensive, la défensive et les efforts de reconnaissance entre les forces dédiées à internet de nos
différentes armes sont incompatibles et ne communiquent pas entre elles. 'Le problème paraît s'aggrave en raison d'un manque cruel de ressources. Les ' cyber-officiers ' ne s'amusent plus à passer des nuits et des jours à surveiller leurs écrans et à scruter
l'espace internet. A en croire les offres de recrutement, ils succombent plutôt aux charmes des entreprises privées. A tel point que les officiers recruteurs américains sont contraints de faire le siège des forums de hackers...redaction@01informatique.presse.fr
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