La révolution copernicienne du logiciel
Le 19 septembre dernier, lors du lancement de son progiciel ' à la demande ' pour PME Business By Design, SAP a affirmé, par la voix de son PDG délégué Leo Apotheker, que cet événement ouvre ' une nouvelle ère pour SAP '. L'éditeur n'est pas le seul à revendiquer un tel virage stratégique : Oracle, Microsoft, ou encore Cegid, pressentant une évolution radicale de ce marché, se font désormais les promoteurs les plus ardents du SaaS (Sofware as a Service) et de l'open source.Evolution ? Plutôt révolution, au sens copernicien. Eclaté, virtualisé, le logiciel se fond dans la nébuleuse internet. Son axe de gravité se déplace : il se satellise dans l'orbite du World Wide Web. Porté par la dimension interactive du web, par les technologies du web 2.0, par de nouvelles logiques financières et économiques, par des modes de distribution et de diffusion inédits, le nouveau logiciel ?" dénommé, par certains, ' l'internet software ' ?" déboule dans le paysage de l'édition logicielle avec la violence d'un cyclone. Le logiciel en ligne, en libre-service, les réseaux sociaux, les outils de mise en relation (e-recrutement, e-commerce), les mécanismes de dématérialisation, etc. sont en train de bouleverser, en profondeur et de manière irréversible, l'industrie traditionnelle de la suite logicielle packagée(*).
* président du CXP. Voilà plus de 30 ans que ce cabinet danalyse, inventeur du mot ' progiciel ', conseille les utilisateurs dans leur choix.
Séduire des millions d'utilisateurs
S'ils se disent toujours éditeurs, les jeunes pionniers de cette ' new wave ' témoignent qu'aujourd'hui, la façon de concevoir, de développer et de vendre leurs produits n'a plus grand-chose à voir avec les pratiques de leurs aînés. A mille lieues des premiers PGI, l'internet software, dont la vocation est d'automatiser un processus très particulier, doit tout de suite avoir un impact sur un marché de masse ou mondial. Son développement passe par des méthodes d'ingénierie agiles et réactives, collaboratives ou communautaires (open source), faisant éventuellement appel au ' cloud computing ' (virtualisation des puissances de calcul et de stockage).Vendre et diffuser un logiciel ' new generation ' nécessite une puissance de feu marketing qui n'a rien de commun avec les méthodes jusque-là pratiquées : il s'agit de séduire non pas quelques centaines de grands comptes, mais des millions, voire des centaines de millions d'utilisateurs, tout en entretenant avec eux une relation de proximité, ou ressentie comme telle.Les ' anciens ' éditeurs ont des atouts
Certes, ces deux conceptions du logiciel, ancienne et moderne, vont coexister selon leur logique propre. Mais sans doute pas des décennies, tant il devient difficile d'innover hors de la galaxie internet. Même les entreprises du CAC 40, clients historiques des éditeurs classiques, sont de plus en plus attirées par ces outils d'un nouveau genre, capables d'automatiser vite et à moindre coût tel processus d'une application stratégique B-to-B ou B-to-C. On comprend pourquoi les majors du logiciel travaillent à anticiper cette révolution : ils ne veulent pas subir le sort des constructeurs de mainframes, condamnés à changer de métier à cause de la révolution de la micro-informatique. Ce ne sera pas facile : leurs structures cloisonnées et hiérarchisées, leurs lourdes opérations de fusions-acquisitions, ainsi que leurs processus de développement longs et formalisés constituent des obstacles à la créativité et à la réactivité que réclament les nouvelles dimensions du logiciel. Plus dynamiques et plus agiles, les nouveaux acteurs, non pénalisés pas le poids du passé, ont l'air mieux armés pour se positionner dans l'avant-garde. Mais les ' anciens ' ont d'autres atouts ?" des compétences éprouvées en ingénierie, des bataillons de ' marketeurs ', une base installée, la reconnaissance du marché, une dimension internationale. Et, parfois, un trésor de guerre : des ressources qui, s'ils trouvent le bon cap, devraient les aider non seulement à négocier en douceur un changement de bord, mais aussi, à terme, profitant de la leçon ' googuelienne ' et de l'itinéraire d'un Salesforce, à devenir les futurs conquérants de l'internet software.Vos idées : carteblanche@01informatique.presse.fr(*) Ces mutations feront l'objet de conférences lors du Forum CXP qui se tiendra le 23 octobre à Paris. Informations sur www.cxpforum.com.* président du CXP. Voilà plus de 30 ans que ce cabinet danalyse, inventeur du mot ' progiciel ', conseille les utilisateurs dans leur choix.
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