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La région de Pékin est devenue une machine à produire des start up au point de rivaliser avec l'Indienne Bangalore. Douze Silicon Valley chinoises devraient voir le jour d'ici à 2015, avec l'objectif de créer 1 000 sociétés informatiques chinoises employant plus de 1 000 personnes.
La France a une vision floue de l'activité chinoise en logiciels et services informatiques. Les informaticiens chinois manqueraient de culture web et d'autonomie de décision… Pourtant, le Z-Park (Zhongguancun Science Park) abrite, au nord de Pékin, près de 20 000 start up ! Et, à Dalian ? une ville sur la côte Pacifique à une heure de Pékin et desservie par 18 vols quotidiens ?, on plonge au cœur de la machine chinoise à fabriquer des Silicon Valley. Dalian, c'est 620 sociétés informatiques ? dont plus de la moitié à capitaux étrangers ?, qui emploient 40 000 salariés. En 1998, la ville n'était qu'une bourgade. Aujourd'hui, elle compte 6 millions d'habitants, 26 universités et instituts technologiques, 810 000 étudiants, dont 31 000 ingénieurs diplômés en informatique par an. Soit presque autant que Bangalore, sa rivale indienne.La ville est devenue l'étendard de l'offshore informatique chinois. Histoire (douloureuse) oblige, 100 000 personnes parlent japonais dans la région. D'où une première expérience en offshore informatique pour le compte d'industriels japonais comme Hitachi, Mitsubishi, NTT, NEC, Omron, ou encore Panasonic. D'abord avec des services de BPO (Business Process Outsourcing) dans les années 90, puis dans le développement d'applications logicielles et embarquées, ainsi que l'externalisation de programmes de R&D.
La stratégie des “ 1 000-100-10 ”
Le gouvernement prévoit de développer 12 Silicon Valley d'ici à 2015, selon une stratégie nommée “ 1 000-100-10 ”. Dix, comme dix parcs (en fait, il y en aura 12), destinés à maintenir l'avantage concurrentiel en termes de rémunérations d'ingénieurs (ceux chargés du support démarrent à 300 ou 400 euros par mois, les débutants commencent à 1 500 ou 1 800 euros). Dès qu'un de ces parcs se développe et que les salaires et les loyers commencent à flamber, un autre (moins cher) ouvre ailleurs. Cent, pour les 100 multinationales (issues du classement des 500 premières entreprises américaines) que la Chine veut attirer. Mille étant les 1 000 sociétés informatiques chinoises employant chacune plus de 1 000 personnes que le pays espère créer grâce à cette dynamique.Le pari n'est pas encore gagné. Cependant, la SSII chinoise Neusoft a construit à Dalian sa première université, qui accueille 10 000 étudiants… Le leader chinois des services informatiques, présent dans 40 pays, a doublé ses effectifs en trois ans, avec 18 000 salariés. Il compte accélérer le rythme grâce à ses autres écoles de Nanhai, Chengdu et Shenyang, pour enrôler à moyen terme 25 000 étudiants, au rythme de 5 000 techniciens et ingénieurs diplômés par an. D'autres SSII, parmi lesquel les Beyond software, DHC, Hisoft, iSoftstone, Newtouch, Sinocom, Sunyard ou Worksoft, cherchent à lui emboîter le pas. Certes, aucune n'excède les 10 000 employés. Mais des sociétés indiennes, comme Genpact, délocalisent une partie de leur R&D logicielle en Chine.Côté logiciels, difficile d'y voir clair. La Chine a généré au moins deux éditeurs d'ERP low cost : Ufida et Kingdee, lequel revendique 200 000 entreprises clientes ! “ Dans les applicatifs, les éditeurs chinois sont encore peu visibles. On en trouve sûrement dans le secteur de l'embarqué. Par ailleurs, le niveau universitaire chinois est excellent. Ils sont très actifs sur le web ”, analyse Jean-Paul Smets, PDG de Nexedi, éditeur d'ERP 5, un progiciel de gestion intégré open source.“ Le blocage de Google par un pare-feu chinois a conduit à l'émergence d'une superindustrie nationale. Dont le moteur de recherche Baidu. En fermant son marché, la Chine a donné l'occasion à ses jeunes pousses de développer des projets à une échelle bien plus grande qu'en Occident. ” Dans les années qui viennent, on verra arriver des logiciels libres d'origine chinoise aussi intéressants que Tokyo Cabinet, la technologie japonaise de cloud libre.
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