La Silicon Valley au quotidien
L'idée de travailler dans la Silicon Valley fait rêver. Toutefois, mieux vaut se lancer dans l'aventure en connaissance de cause...
Comme chaque matin, Benjamin quitte San Francisco tôt dans la matinée pour rejoindre la société Sandisk, à Milpitas, près de Santa Clara. Il emprunte la célèbre route ' 101 ', qui longe
la côte ouest des Etats-Unis. Il en a au moins pour une bonne heure. Du coup, il enchaîne sa première ' conf call ' dans la voiture. Question d'habitude... Lorsqu'on travaille dans la Silicon
Valley et que l'on a choisi de vivre à San Francisco, les embouteillages ne sont pas pires qu'à Paris.Ils seraient environ 40 000(1)Français, comme lui, à travailler dans la Silicon Valley, et environ 8 000 employés dans le secteur des technologies de l'information. Le web 2.0 a littéralement boosté
l'activité de cette région, où les recrutements s'intensifient. Une aubaine pour les Français, comme l'explique Pierre Lapointe, qui travaille chez Nexbe, une start up située à San Carlos : ' Enormément de gens partagent
leurs idées dans les salons. Nous avons vraiment l'impression d'être là où ça se passe. C'est très motivant ', se réjouit-il.Pour les jeunes informaticiens séduits par la douceur de vivre californienne et par une rémunération alléchante - souvent deux fois plus élevée que dans l'Hexagone -, le mythe reste intact. Pourtant, le tableau n'est pas
aussi idyllique. A commencer par le problème - crucial - des visas. Depuis le 11 septembre 2001, le gouvernement américain a resserré les tuyaux de l'immigration. Il applique des quotas pour définir le nombre d'expatriés
susceptibles d'obtenir le visa H1B, indispensable pour travailler aux États-Unis. Cette année, 12 000 dossiers ont été déposés dès le deuxième jour d'inscription, pour 65 000 places ! Résultat : une grande loterie a été organisée
pour tirer au sort les ' gagnants '. Une méthode frustrante pour les professionnels qui n'ont pu recevoir le fameux laissez-passer...Parfois aussi, certains informaticiens français reçoivent une douche froide en arrivant dans la ' baie '. On leur avait vanté les avantages d'un appartement spacieux, avec jaccuzi et vue
sur la mer dans la Silicon Valley. Ils se retrouvent en banlieue, dans un coin peu animé. Nombre de jeunes Français optent donc d'emblée pour San Francisco. Une ville envoûtante, qui tranche avec l'image que l'on se fait des grandes agglomérations
américaines. Ici, point d'immenses buildings, mais des petites maisons colorées de style victorien et de grands espaces verts. Très cosmopolite, San Francisco offre aussi un large éventail de sorties culturelles. Des expatriés préfèrent toutefois
s'installler près de leur travail. A San Jose, rebaptisé ' Man Jose ' car, dans les restaurants et les bars, les travailleurs de la high-tech sont, pour la plupart, des hommes !En outre, les expatriés n'ont pas toujours conscience du coût élevé de la vie. A San Francisco, le prix des logements(2) est exorbitant, et conduit de nombreux Français à vivre en colocation.Le rythme de travail dans la Silicon Valley requiert aussi un temps d'adaptation. Les Français qui s'y rendent n'ont pas peur de travailler. Mais dans la pratique, il faut accepter de vivre des journées à rallonge et de rester
connecté en dehors du bureau grâce aux outils de communication ' offerts ' par l'employeur. Enfin, même si de plus en plus d'entreprises offrent une semaine de congé supplémentaire à leurs
collaborateurs, ils doivent se contenter de quinze jours de vacances par an. Le prix à payer pour être là où ça se passe...s.chicaud@01informatique.presse.fr(1) Selon le consulat français de San Francisco.
(2) Le site Craig List donne une idée des prix et des offres de la région : http://sfbay.craigslist.org.
(2) Le site Craig List donne une idée des prix et des offres de la région : http://sfbay.craigslist.org.
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