La SNCF fait le pari du covoiturage en Ile-de-France

Avec iDvroom, l’entreprise ferroviaire veut faciliter l’accès à ses gares et fluidifier les déplacements domicile-travail. Ce nouveau service lui permet aussi d’occuper le terrain du covoiturage largement dominé par BlaBlaCar.
La SNCF monte en puissance dans le covoiturage. Après avoir lancé en catimini en septembre son service baptisé iDvroom, le groupe ferroviaire veut aujourd’hui le faire connaître au plus grand nombre. Car à la différence du marché du covoiturage longue distance largement dominé par le champion BlaBlaCar, les déplacements domicile-travail ou la desserte des gares supposent une masse critique de « covoitureurs » pour faire vivre le service au quotidien.

Pour rôder la formule, la SNCF a décidé de mettre le paquet sur trois régions : l’Ile-de-France, la Bretagne et les Pays de la Loire. Tablettes à la main, des agents dans les gares expliqueront les bénéfices du covoiturage et comment installer et utiliser l’application mobile disponible sur l’Apple Store et Google Play.
Avec ses 3 millions de voyages quotidiens et ses 388 gares desservies par le Transilien, la région parisienne aura valeur de test grandeur nature. Dans la bataille du porte-à-porte engagée par la SNCF, il ne s’agit plus seulement de vendre des billets de train mais de proposer la totalité d’un déplacement en intégrant les transports publics, le vélo en libre-service ou le covoiturage.
Le covoiturage se présente comme une solution d’accès aux gares mais aussi aux zones d’activité mal desservies. La SNCF entame, par ailleurs, un vaste chantier de rénovation de son réseau impactant quelque 150 gares franciliennes et ce mode de transport offre une alternative aux bus de substitution mis en place. Pour inciter au covoiturage durant cette période de travaux, Transilien s’engage à indemniser le conducteur et à rembourser ses passagers abonnés Navigo.
En dehors de ces incitations exceptionnelles, Transilien proposera, dans 44 gares pilotes, des places de parking dédiées aux covoitureurs munis du macaron ad hoc apposé derrière leur pare-brise. Un moyen de les récompenser de désengorger les parkings des gares de banlieue. Un partenariat entre iDvroom et Norauto permet, par ailleurs, aux nouveaux inscrits de bénéficier d’une remise de 20 euros sur leur révision auto (ou 10 % en magasin).
« De 500 à 2000 euros d’économie par an »
Enfin, la SNCF met en avant l’atout si ce n’est écologique du moins économique du covoiturage. L’économie annuelle pouvant s’élever entre 500 et 2000 euros selon Olivier Demaegdt, directeur général d’iDvroom. « Un treizième mois », selon lui. En prenant comme hypothèse un prix de revient kilométrique de 20 cents, un conducteur qui fait quotidiennement le trajet Rungis-Paris (20 km) et transporte deux autres personnes pourrait faire 1 174 euros d’économie par an.

iDvroom dont la plateforme a été bâtie sur celles d’Easycovoiturage et 123envoiture.com entend aussi démarcher les entreprises, le covoiturage étant un bon moyen de réduire leur flotte automobile. Pour donner l’exemple, la SNCF versera 20 euros sur le porte-monnaie électronique de tout salarié proposant un trajet sur des zones d’emplois comme Saint Denis, La Défense ou le bassin d’Orly-Rungis-Vitry.
Autre cible : les collectivités locales qui peuvent lier le covoiturage aux horaires de leurs transports en commun ou à la tenue d’un événement (festival, salon, fête locale…). Les centres commerciaux excentrés sont également dans le viseur d’iDvroom.
Pour Barbara Dalibard, directrice générale de SNCF Voyageurs, « la SNCF n’a pas forcément l’ambition de gagner de l’argent avec iDvroom mais d’offrir un service supplémentaire, de fluidifier le parcours client de bout en bout, en proposant le fameux dernier kilomètre. » Et tant mieux si iDvroom draine de nouveaux voyageurs, le taux d’occupation des TER restant, à ses yeux, « perfectible ».
Tout aussi modeste, Olivier Demaegdt estime que son service qui compte quelques milliers d’inscrits depuis septembre et quelques centaines de milliers potentiels en comptant les entreprises et collectivités locales n’a pas vocation à détrôner le leader BlaBlaCar. D’autant que ce dernier, qui a levé cent millions de dollars cet été, se positionne sur un autre usage, le covoiturage de longue distance.
iDvroom n’est pas plus concurrent d’UberPop, le service d’Uber qui transforme des particuliers en chauffeurs semi-professionnels. Le covoiturage version iDvroom ne constituant pas une source de revenus complémentaires réguliers. Il ne s’agit pas de proposer un second métier voire d’un métier principal dans certains cas litigieux.
