Souvent, les projets RFID revêtent une dimension internationale. Aussi les entreprises préfèrent recourir aux standards les plus largement répandus lorsqu'elles lancent des chantiers de traçabilité électronique de produits, de
lutte anticontrefaçon ou de suivi automatisé de contenants. Le standard EPC UHF (ultra-haute fréquence) Generation 2, dit ' Gen 2 ', en fait désormais partie. Il a récemment été homologué par l'ISO
(ISO/IEC 18000-6 ?" modification 1 du type C pour la RFID UHF). Une nouvelle appréciée par l'industrie, et qui marque une étape importante dans la standardisation de la RFID.En outre, la quarantaine de pays qui produisent les trois quarts des richesses de la planète ont libéralisé l'usage de l'UHF ou sont sur le point de le faire. Cet affranchissement total revient notamment à faire fonctionner des
étiquettes et des lecteurs RFID dans une bande comprise dans le spectre de 860 à 960 MHz et à une puissance d'émission de 2 watts ERP, explique l'organisation internationale de normalisation EPCglobal. En France, le ministre délégué à
l'Industrie vient d'entériner par décret la décision de l'Arcep, qui fixe les modalités d'utilisation de ces matériels à une puissance de 2 watts ERP dans une bande de 865,6 à 867,6 MHz ?" des restrictions étant toutefois imposées autour
de sites militaires dans un rayon de vingt kilomètres (soit une limitation à 500 MW, l'ancienne puissance autorisée sur le territoire national).
Des coûts divisés par deux
Mais le standard n'est pas qu'une affaire de normalisation. De grandes entreprises, comme WalMart ou Metro, le soutiennent aussi depuis son origine. Les premières grandes commandes ont ainsi contribué à abaisser le coût des
matériels Gen 2 grâce aux économies d'échelle réalisées par les fabricants. Chef de projet EPC chez GS1 France, Stéphane Cren observe que le coût des étiquettes UHF a ainsi été divisé par deux au cours des douze derniers mois, atteignant moins de
0,10 euro pour de grands volumes d'étiquettes génériques. Au pôle traçabilité de Valence, Joël Sarraillon estime que ce coût atteint 0,80 euro en moyenne pour une commande de 1 million d'étiquettes et qu'il peut, au mieux, tomber autour des
0,12-0,13 euro pour 200 à 300 millions de pièces achetées. Or, les analystes d'IDTechex considèrent que les étiquettes UHF (868-960 MHz) ne représentent qu'un cinquième des projets RFID dans le monde, et que 1,3 milliard d'étiquettes RFID
seront commercialisées cette année, toutes fréquences confondues. Selon eux, les étiquettes RFID vendues entre 30 cents et 1 dollar l'unité intéressent potentiellement les bibliothèques, les blanchisseries, la joaillerie, l'industrie des pièces de
rechange, la confection de chaussures ou le secteur médical (éprouvettes, poches de sang, etc.). Mais le champ d'application s'étend considérablement avec un coût compris entre 10 et 30 cents par étiquette, qui rend viables des projets dans la
pharmacie (médicaments sur ordonnance), le commerce de détail, la confection et les librairies.Il demeure que les étiquettes HF (13,56 MHz) continuent d'être les plus utilisées. Même si les étiquettes UHF pourraient leur voler la vedette dès l'an prochain. En effet, si la HF bénéficie d'une longue antériorité, d'un
coût intéressant et d'une certaine robustesse, les solutions Gen 2 ont été conçues pour améliorer les performances de l'UHF de première génération. Sachant que ces dernières sont déjà appréciées pour les distances de lecture qu'elles admettent.
Elles autorisent la gestion des interférences dans un environnement de haute densité de lecture (usine, entrepôt), de même que l'augmentation de la rapidité de lecture, ce qui évite de ralentir les processus (convoyeur, chariot-élévateur). Elles
disposent d'une mémoire étendue et programmable (sécurité et flexibilité), et améliorent la protection contre les accès non autorisés. Enfin, elles fournissent une fonction de désactivation pour le consommateur. IDTechEx prévoit toutefois un retour
probable aux étiquettes HF à moyen terme, à l'image des récentes orientations du secteur pharmaceutique. Car le coût de commercialisation ainsi que les performances mesurées déterminent le choix entre ces deux familles d'étiquettes.Les premiers matériels disponibles
Cependant, le marché foisonnant de la RFID ne compte, à ce jour, que quelques dizaines de références dans la Gen 2. EPC Global a recensé une dizaine de lecteurs disponibles sur le marché français, dont seuls deux ou trois ont
réellement été optimisés pour le standard. Quant aux étiquettes Gen 2, une vingtaine sont disponibles ?" notamment chez Avery Dennison, UPM Raflatac, IER ou Tagsys ?" dont les puces proviennent surtout d'Impinj, de Texas Instruments, de
STMicroelectronics, et, plus récemment, de NXP Semi-conductors (ex-Philips Semiconductors). Comme pour l'ensemble des matériels RFID, les choix s'opèrent en fonction des environnements (neutres, métalliques, aqueux), des supports (articles, cartons,
palettes), des régions ou des métiers (textile, pharmacie, industrie).A la fin novembre, le laboratoire d'EPCglobal France devrait publier les résultats d'une évaluation de matériels Gen 2 à travers une dizaine de mises en situation au sein de grandes entreprises (Total, Renault, Lafarge,
Sanofi-Aventis, Norbert Dentressangle, etc.). Outre les performances mesurées, le rapport fera état d'une réflexion sur les adaptations aux processus dentreprise existants et sur les contournements des contraintes physiques persistantes.