La technologie n'est pas un gadget coûteux
' On dénombre plus de téléphones mobiles à Manhattan que dans toute l'Afrique subsaharienne ', a dit Thabo Mbeki en 1995, avant d'être élu président d'Afrique du Sud. Il ne s'agit pas de
compter les terminaux, mais les personnes dont la vie s'en trouve affectée. En effet, l'usage est plus collectif en Afrique qu'en Occident, où l'individuel prime. Un phénomène qui s'accentue avec internet. Donc, avant les technologies, regardons les
usages. Sur ce terrain, l'Afrique risque de nous surprendre. Car remplacer les échanges actuels par des solutions technologiques n'est pas la bonne méthode. On doit plutôt réfléchir ?" là, plus qu'ailleurs ?" à la façon dont elles
peuvent s'insérer et faciliter certains maillons de la chaîne d'information. Citons le blog de l'ANPE-Mali (www.anpe-mali.org). Chacun dépose son offre ou sa demande d'emploi par téléphone. Puis,
l'information est accessible par ceux ne possédant pas internet via les radios locales qui les relaient. Elles reçoivent alors le flux RSS sous forme de fichiers PDF et MP3, par le biais d'un canal numérique de la radio transmis par satellite, grâce
à un projet mis en place par RFI. Cette initiative paraît loin d'être anecdotique, et je suis intimement persuadé que l'on trouvera un jour en Afrique la majeure partie des usages innovants, requérant les nouvelles technologies non pas tel un gadget
coûteux, mais comme un moyen d'optimiser les échanges. Des réseaux dédiés s'implantent, suivant de quelques années le modèle occidental. D'ailleurs, j'ai l'impression d'apprendre plus de choses en me rendant en Afrique qu'en observant l'Europe, les
Etats-Unis ou le Japon. Voyez le projet Manobi, au Sénégal (www.manobi.net). Le téléphone mobile y est utilisé comme outil d'information et d'interaction entre producteurs, pêcheurs, etc. Tous ont rompu leur
isolement et sont devenus plus compétitifs. Quant à l'accès à internet, il se développe fortement sur ce continent (via les satellites), mais répond à des besoins plus collectifs. Et si les usages de demain se trouvaient dès aujourd'hui en
Afrique ?
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