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Google, après Yahoo !, a surpris le marché des télécoms en annonçant l'intégration de la voix à son offre de logiciel de messagerie instantanée. Ce choix légitime la voix sur internet. Microsoft confirme ce mouvement avec le
récent rachat de Teleo.
La récente levée de fonds de 4 milliards de dollars par augmentation de capital effectuée par le leader mondial du moteur de recherche, le lancement de son Google Desktop 2, la sortie de la version bêta de Google Talk, son
logiciel de messagerie instantanée et de chat intégrant la voix sur IP, et son investissement annoncé dans les tuyaux télécoms constituent une véritable lame de fond dans le secteur des communications. L'entreprise est déjà très rentable, avec des
revenus presque totalement liés à la publicité. Grâce à l'augmentation de capital (sur laquelle peu de précisions ont été fournies quant aux financements de futurs projets dans les télécoms), Google devrait avoir les coudées franches à une période
où elle entre de plus en plus ouvertement en guerre contre les poids lourds du secteur logiciel.Sa décision d'intégrer mieux la voix sur IP annonce aussi l'arrivée d'une nouvelle génération de logiciels. Présent de la gestion du contenu jusqu'aux outils du poste client, le californien ne s'intéresse pas qu'au grand public, loin
s'en faut. Beaucoup d'utilisateurs en entreprises emploient déjà des solutions logicielles de messagerie instantanée et de chat en ligne, ou de voix sur IP comme Skype. La progression de ce dernier explique d'ailleurs en grande partie le nouvel
objectif de Google.
Un milliard de minutes de communication par mois
Fondé par des anciens de Kazaa, le logiciel d'échange de fichiers peer?"to?"peer, Skype représente 46 % du trafic de la téléphonie sur IP et totalise près de cinquante et un millions
d'utilisateurs. Ses clients consommeraient un milliard de minutes de communication par mois dans le cadre du service permettant d'appeler des abonnés téléphoniques classiques (mobiles ou fixes). Forte de ce succès, la société vient d'ouvrir les API
de deux services ?" SkypeWeb et SkypeNet ?" aux développeurs et de conclure un accord avec Intel pour optimiser son logiciel sur les puces Wi?"Fi Centrino... En réduisant la facture téléphonique de 80 % dans
certains cas de figure, la voix sur internet secoue le cocotier des opérateurs, même si la qualité des solutions proposées laisse souvent à désirer.Une situation qui n'est pas, non plus, sans poser de problèmes de sécurité aux responsables informatiques, ne serait?"ce que sur les fuites d'informations possibles au travers de ces outils...
Google Talk s'appuie sur un protocole ouvert
Google Talk est pour l'instant une solution de messagerie instantanée et de chat assez simple. Elle n'a pas encore tous les attraits des offres concurrentes (conférence à trois, par exemple), mais elle offre l'avantage de s'appuyer
sur un protocole ouvert. Quant au chiffrement des communications, non encore proposé, il est annoncé pour la version finale du logiciel. L'autre bonne idée du géant pour convaincre rapidement les clients est de lier Google Talk à son service de
messagerie Gmail, lancé en mars 2004. On notera cependant que la solution ne supporte pas encore les appels en direction de lignes téléphoniques traditionnelles, contrairement à Skype, mais aussi Vonage, ses concurrents américains les plus directs.
Avec Google Desktop 2, outil au centre de toute communication, Google veut également montrer son emprise sur le poste client. Cet utilitaire offre les fonctions évoluées de recherche sur le poste client ou le web, ajoute une barre à un client
Outlook, et est capable, avec sa barre d'outils, de livrer des informations susceptibles d'intéresser l'utilisateur en fonction de ses recherches sur le web. ' Nous voulons être les premiers dans le monde à connecter tout un
chacun ', explique Georges Harik, directeur des produits de Google. Microsoft a immédiatement réagi en rachetant Teleo.
Les Français ne sont pas à la traîne
Au?"delà de l'effet d'annonce provoqué par l'américain, rappelons que la France dispose aussi d'acteurs dynamiques en téléphonie sur IP. Tous ont révolutionné l'Hexagone à leur manière en introduisant le concept de gratuité des
appels téléphoniques longue distance transitant par un réseau IP. Alors qu'on attendait l'offensive du côté des câblo?"opérateurs, englués dans leurs restructurations, celle?"ci est venue, fin 2003, de Free. L'audacieux fournisseur d'accès
à internet (FAI) a lancé un service de téléphonie incluant la gratuité des appels vers les numéros fixes en France métropolitaine (hors numéros spéciaux), accessible depuis un téléphone connecté sur le boîtier Freebox fourni avec son service d'accès
ADSL. Depuis, le concept de triple play a fait florès. Tous les FAI ont emboîté le pas à Free (Wanadoo, Neuf telecom, Telecom Italia et Club Internet). Ils ont lancé en 2004 et 2005 des concepts similaires offrant la téléphonie
en plus de l'accès ADSL et souvent de la télévision, à partir de boîtiers jouant le rôle de modem ADSL multifonction.Free conserve néanmoins un train d'avance sur ces concurrents. L'opérateur revendiquait 1,135 million d'utilisateurs du service de téléphonie à partir de sa Freebox au 30 juin dernier. À comparer aux huit cent mille abonnés
au service de téléphonie sur IP de Vonage.D'autres acteurs, plus proches de Skype dans leur concept, ont également fait leur apparition en France cette année. Wengo, filiale de Neuf telecom, propose à la fois un logiciel de téléphonie sur IP sur PC et un petit boîtier se
connectant directement sur la prise Ethernet du boîtier.C'est le cas aussi d'Annatel et de Vox IP Telecom, qui ont une offre duale similaire. Dans les deux cas, le logiciel autorise des communications gratuites de PC à PC via un casque micro ou un combiné téléphonique à brancher sur le
port USB du micro. Les boîtiers fonctionnent sur un accès ADSL exclusivement, mais sont indépendants du FAI. Ces offres se multiplient alors que la France reste en forte expansion pour le haut débit. Le pays comptait 7,9 millions d'abonnements
haut débit au 30 juin 2005, en hausse de 8,3 % par rapport au premier trimestre. L'ADSL représente 94 % de ces accès avec 7,4 millions d'abonnements, le solde étant constitué d'abonnés à internet par le câble.
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