Le chemin semble tout tracé pour la téléphonie sur IP. Néanmoins, cette technologie doit convaincre de sa maturité et de sa qualité, notamment. Une stratégie de rupture ne suffit pas toujours au succès ! Le génial Fosbury (l'inventeur du saut en hauteur dorsal, appelé depuis fosbury flop) se situe bien à l'origine d'une rupture. Mais son innovation n'aurait jamais connu un tel engoument s'il s'était présenté sur le sautoir des jeux Olympiques de 1968 à Mexico sans sauter plus haut que ses compétiteurs formés au traditionnel saut ventral.
La R&D se tourne vers les systèmes IP
Il en est de même de la voix sur IP (VoIP) face à la téléphonie classique. Le débat entre la téléphonie et l'informatique, actuellement cristallisé dans les entreprises autour de la VoIP, n'en finit pas de durer. Et a sûrement encore un bel avenir devant lui. Pourtant, les ingrédients concourant à la victoire quasi irréversible de l'informatique sur sa cons?"ur téléphonie semblent désormais rassemblés. En effet, on réalise aujourd'hui que la plupart des investissements de recherche et développement s'orientent vers les systèmes IP et s'éloignent à grands pas des réalisations traditionnelles. De même, on ne peut que constater leur arrivée massive chez les particuliers (avec, en prime, le formidable support de l'ADSL) et leur accompagnement publicitaire multi-canal constant et efficace.Mais malgré cette tendance, il apparaît sur le terrain une persistance inattendue des anciens investissements effectués en mode traditionnel, ainsi qu'une certaine inertie de la réglementation, favorisant les outils issus du passé.Le mode de transport par paquets (IP) pourrait triompher à terme ?" et notamment lors du renouvellement inéluctable des anciens matériels ?" sur celui par commutation de circuits (traditionnel). Mais, pour cela, il devra l'emporter sur trois composantes.D'abord, sur les coûts. Ils doivent se montrer nettement inférieurs à ceux de la téléphonie traditionnelle (tout compris, c'est-à-dire avec investissement, entretien et consommation). Cette dernière a toujours su s'adapter et baisser drastiquement ses prix quand il le fallait.Ensuite, il faut que la qualité soit au rendez-vous. Et mesurée dans tous ses compartiments (temps de connexion, qualité de la voix, facilité d'usage des services proposés). Dans ce domaine, il ne faut pas se laisser duper par l'offre de nouveaux services. Si spectaculaires qu'ils soient, ils demeurent pour l'instant sous-utilisés par la plupart des usagers traditionnels, même s'ils ravissent les spécialistes.Les services généraux en maîtrise d'ouvrage
Enfin, troisième et dernière composante : la lisibilité de l'offre. La téléphonie sur IP a encore quelques efforts de clarification à réaliser. En téléphonie traditionnelle, on comprend bien qu'un circuit physique s'établit entre deux combinés téléphoniques semblables. En IP, on finit par se demander s'il ne suffit pas qu'une longueur de cinquante centimètres de fil de cuivre soit traitée en protocole IP sur un circuit quelconque pour que tout soit considéré comme opérant sous ce protocole ' bienfaiteur de l'humanité du futur '.Il faut aussi que les structures internes des entreprises évoluent dans leur organisation pour que le chemin de la technologie sur IP s'y concrétise pleinement. Ainsi, la téléphonie doit désormais relever des services généraux pour la maîtrise d'ouvrage, tandis que les services informatiques constitueront les maîtres d'?"uvre. Ce chemin n'est pas un long fleuve tranquille, car il bouscule peut-être, sinon des convictions, du moins des situations acquises...* DSI de Veolia Environnement. Un poste quil occupe depuis 1998. Après une licence et une maîtrise de mathématiques, il a débuté sa carrière informatique dans la banque, avant de rejoindre le secteur des ' utilities '.