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Le déploiement d'un réseau de téléphonie sur Wi-Fi offre une architecture unifiée voix et données, comparable au Dect. Les téléphones dédiés actuels ne sont pas encore à niveau, mais l'arrivée prochaine de modèles bimodes GSM et Wi-Fi devrait y remédier.
D'après une étude réalisée par Solucom auprès de quatre cent deux entreprises françaises de deux cents salariés et plus, ' 75 % d'entre elles déclarent vouloir terminer l'essentiel de leur déploiement en téléphonie sur IP avant 2010 '. À l'heure où la téléphonie privée sur IP progresse inéluctablement, la possibilité d'utiliser un téléphone sans fil Wi-Fi pour émettre et recevoir des appels dans l'enceinte de l'entreprise cristallise l'intérêt.Cette possibilité est à comparer à la variante technologique qui consiste à conserver ou poursuivre l'extension d'un réseau de téléphonie privée en Dect sur la bande de fréquences 1 880-1 900 MHz. Si les bornes radio Dect peuvent être intégrées à un PBX-IP via une connexion Ethernet au réseau local filaire, leur intégration fonctionnelle passe ensuite par la mise en ?"uvre du protocole de signalisation propriétaire dudit matériel.
Une étude d'implantation des bornes radio indispensable
Capitaliser sur un réseau sans fil Dect existant peut se justifier lorsque plusieurs sites de l'entreprise sont déjà équipés en Dect, soit un investissement difficile à remettre en cause. La téléphonie sur Wi-Fi séduira les entreprises dont les salariés ont besoin de connexions nomades sur site pour la transmission de données et l'accès au PBX-IP. Elle est souvent étudiée à l'occasion d'un redéploiement de l'infrastructure réseau, couplé à une migration vers la téléphonie sur IP, suite à un déménagement dans des locaux neufs. Avant tout investissement dans une infrastructure Wi-Fi pour la voix, une étude d'implantation des bornes radio est indispensable. La couverture radio en Wi-Fi nécessaire pour la téléphonie doit être plus dense que pour la transmission de données. Le coût de cette étude, variable selon la taille et la complexité du site à couvrir, est à prendre en considération, même s'il peut faire l'objet d'une négociation avec le prestataire retenu. Les sources d'interférence possibles et les zones délicates à arroser (cages d'ascenseur, escaliers ou sous-sols) devront être étudiées de concert. L'installation des bornes devra aussi avoir été anticipée : la plupart d'entre elles peuvent être téléalimentées par le réseau Ethernet, ce qui évite la mise en place de prises électriques distinctes. Mais, chaque médaille ayant son revers, ce procédé requiert des commutateurs Ethernet dotés de la fonction de téléalimentation en PoE, plus onéreux que leurs équivalents qui en sont dépourvus. Sinon, des prises électriques devront avoir été prévues.Se pose ensuite le choix de l'offre d'équipements Wi-Fi couplée au PBX-IP. La plupart des équipementiers télécoms traditionnels (Aastra Technologies, Alcatel, Avaya, Nortel Networks ou Siemens) ont greffé la partie Wi-Fi, issue d'accords en OEM ou de rachats de sociétés spécialisées, sur leurs PBX-IP respectifs. Le principal atout des offres de téléphonie privée sur Wi-Fi tient à l'effort d'intégration des fonctions téléphoniques réalisé par les constructeurs au niveau des combinés.
Des fonctions identiques aux postes filaires IP
Ces derniers offrent désormais les mêmes fonctions (renvoi d'appel ou accès à l'annuaire téléphonique, par exemple) que les postes filaires IP propriétaires de ces constructeurs. Il reste néanmoins délicat de mélanger des téléphones Wi-Fi d'une origine différente de celle du PBX-IP, des soucis sur la gestion de la qualité de service pour la voix ou l'accès aux fonctions du PBX-IP pouvant notamment apparaître. Alcatel, Nortel ou Siemens ont aussi ajouté des fonctions évoluées associant un poste IP fixe déclaré en ligne principale et un combiné Wi-Fi en ligne secondaire. Lorsqu'on appelle le poste fixe, les deux postes sonnent, et le premier terminal décroché prend la communication. La gestion de la qualité de service avec affectation de la priorité au trafic voix est gérée par tous les équipements du marché. Alcatel ou Nortel reprennent en fait les mécanismes propriétaires, mais efficaces, de prioritisation des téléphones Wi-Fi de SpectraLink, dont ils commercialisent l'offre. Sur le plan sécuritaire, les conversations sont en général chiffrées depuis les téléphones 802.11 au moyen d'algorithmes classiques (WEP, TKIP ou AES). La sécurisation de l'accès des téléphones au réseau peut s'appuyer sur un serveur Radius gérant leur authentification, à condition que le constructeur sache le gérer. Il est également possible de sécuriser l'accès des combinés via leur adresse Ethernet MAC ou via le protocole 802.1X.Sur le plan de la mobilité, un même commutateur sait gérer un hand-over rapide quand un téléphone se déplace d'une borne à l'autre, à condition que ces bornes soient connectées à ce commutateur. Reste à vérifier que le délai pour gérer le transfert reste inférieur au seuil de perception auditive de 50 ms. Pour mettre en service un transfert intercellulaire global entre des bornes Wi-Fi reliées à des commutateurs différents, l'utilisation d'un routeur IP sera nécessaire (ce qui risque d'allonger le délai et d'être perceptible à l'oreille).
Les téléphones, seul véritable point faible
Le seul véritable point faible de la téléphonie sur Wi-Fi reste les téléphones eux-mêmes. Ils souffrent de la comparaison avec leurs équivalents en Dect, tant en termes de prix qu'en termes d'autonomie. Notre banc d'essai de cet été (lire 01 Réseaux, n?' 163, p. 82) a montré que les téléphones Wi-Fi d'Alcatel et de Siemens tenaient environ quatre heures en communication, contre un peu plus de trois heures pour le modèle de Nortel. Néanmoins, l'arrivée en masse des premiers téléphones bimodes Wi-Fi/GSM, s'il ne résout pas dans l'immédiat le problème de l'autonomie, doit être suivie de près. Ces terminaux sont en train d'être intégrés fonctionnellement à l'offre de PBX-IP des constructeurs, ce qui pourrait modifier la donne en téléphonie d'entreprise.
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