' La TV mobile, une nouvelle forme de communication '
Fin connaisseur de l'Allemagne, sponsor de l'équipe de France, détenteur exclusif des droits du Mondial pour la 3G dans l'Hexagone, Frank Esser, le président de SFR, précise ses ambitions en matière de TV sur mobile.
01 Réseaux : Vous connaissez bien le marché allemand. Qu'est-ce qui, fondamentalement, le différencie du marché français ?Franck Esser : Compte tenu du poids conjugué de leurs opérateurs historiques et des grands acteurs industriels (Alcatel, Siemens), les télécommunications jouent un rôle majeur, aussi bien en termes d'emplois que de produit intérieur brut (PIB), dans les deux pays. Sur le plan industriel, les problèmes sont identiques et les réponses à peu près similaires. À l'exception des services informatiques, où Siemens rencontre des difficultés, les deux équipementiers se sont recentrés, peu ou prou, sur les mêmes créneaux. Côté opérateurs, Deutsche Telekom et France Télécom demeurent très puissants, quoiqu'il y ait davantage de concurrence en France qu'en Allemagne, où le régulateur est moins pugnace. De même, France Télécom est assez en avance en matière de convergence, tandis que DeutscheTelekom fonctionne davantage en silos. Cela dit, il n'y a qu'en France où un Premier ministre [Jean-Pierre Raffarin à l'époque, NDLR] intervient, un beau matin, pour demander aux opérateurs de baisser le prix des SMS. En Allemagne, ce serait impensable...01 R. : Quel est, selon vous, le véritable potentiel de la TV sur mobile ? S'agit-il d'une simple prouesse technologique, d'un effet de mode ou de la naissance d'un nouveau paradigme ?F. E. : La TV sur mobile n'est pas seulement un nouveau mode de diffusion, mais également un nouveau média, avec un potentiel d'audience significatif. En tant que canal de diffusion spécifique, la TV sur mobile, tout comme le web, va générer des contenus spécifiques. Elle va conduire à des programmes personnalisés, à l'instar des blogs ou de la vidéo podcast, tout en favorisant l'interactivité. La grande force du cellulaire, c'est d'être potentiellement interactif. Sans compter qu'un mobile, on l'a toujours sur soi.01 R. : SFR est, de longue date, partenaire de l'équipe de France de football. Quel est le sens de ce partenariat ? S'agit-il d'une opération classique de sponsoring ou est-ce réellement une manière de soutenir votre activité d'opérateur cellulaire ?F. E. : Nous sommes partenaire de l'équipe de France depuis 1997. Ce type de partenariat est justement un bon outil pour tester le rôle du mobile en tant que média spécifique, avec des contenus originaux comme les commentaires d'Arsène Wenger ou de Thierry Gillardi durant le Mondial. C'est typiquement ici que le cellulaire devient un nouveau média en faisant émerger de nouvelles formes de communication interpersonnelle.01 R. : Vous avez les droits exclusifs de la Coupe du monde pour la 3G en France et vous ne pourrez pourtant pas diffuser les matches en direct. N'est-ce pas paradoxal ?F. E. : Infront, l'organisme qui détient les droits de la Fifa, n'a pas souhaité que les matchs puissent être diffusés en direct et en intégralité.01 R. : À l'instar de Vodafone, vous avez toujours été en pointe pour défendre une stratégie de pure player dans le cellulaire. En vous renforçant dans Neuf cegetel, vous semblez faire marche arrière. Avez-vous infléchi votre analyse ou est-ce une décision de Vivendi, votre principal actionnaire ?F. E. : C'est une décision de SFR, prise en accord avec nos deux actionnaires, Vivendi et Vodafone. Nous n'avons jamais dit que nous n'aimions pas le fixe. Il est impératif de bâtir une alternative à France Télécom et à Free. De toute façon, il y a toujours un arbitrage à exercer entre mobilité et débit : 18 Mbit/s chez soi sur un mobile au prix de l'ADSL, ce n'est pas possible !