Mille cinq cents euros par an. C'est, selon Gartner, ce que coûte un poste de travail à une société de taille moyenne.
“ Environ un tiers de ce prix correspond au prix d'achat du PC et des logiciels associés comme le système, la bureautique, les progiciels, détaille Emmanuel Bernard, spécialiste de la virtualisation chez EMC.
Le reste comprend les opérations de maintien en condition, l'assistance à l'utilisateur et la sauvegarde. ”A la maintenance, s'ajoute régulièrement le traumatisme de suivre les évolutions technologiques. Tous les trois ans, Microsoft remplace ainsi le système Windows et la bureautique Office par des versions mieux adaptées aux besoins du moment. En général, les acteurs ne migrent vers les dernières moutures de ces logiciels fondamentaux qu'une fois sur deux. Et pour cause :
“ Ce transfert ajoute un coût supplémentaire, à savoir l'adaptation des logiciels maison au nouveau système pour qu'ils continuent de fonctionner convenablement, explique Thomas Bordes, directeur marketing des solutions clientes chez Dell.
Quant aux outils Office, ils s'interconnectent via des serveurs ? Active Directory, Exchange, Sharepoint ? qu'il faudra éventuellement aussi remplacer. ” Et attention, prévient-il, ne pas réaliser ces investissements se répercutera automatiquement sur le temps de travail de l'équipe informatique !
Virtualiser le poste de travail peut générer des économies
Bâtir un tout nouveau modèle de poste de travail stoppe quelquefois l'hémorragie budgétaire. C'est en tout cas ce que prétend Jacques Benassis, responsable des infrastructures Microsoft chez Sogeti. Selon ses dires, de plus en plus de ses clients profitent de la migration vers un Windows plus récent pour virtualiser leurs postes de travail. Souvent appelée VDI, la virtualisation du poste de travail est principalement proposée par les éditeurs Citrix (Xen Desktop) et VMware (View). En France, l'éditeur Systancia fournit une solution du même nom qui commence à être connue à l'international. Oracle dispose, lui, d'une suite dédiée (Oracle VDI) pour ses clients. Enfin, les éditeurs Microsoft et Red Hat offrent un module de VDI avec leurs systèmes d'exploitation pour serveurs (respectivement Windows Server et RHEV).Chez le constructeur Nec, on est convaincu des atouts de la virtualisation.
“ Pour 500 utilisateurs, elle représente une économie annuelle de 170 000 euros sur les opérations de maintenance, témoigne ainsi Sylvaine Dekeyrel, directrice marketing des solutions de virtualisation chez le constructeur.
Car l'exécution de chaque bureau Windows, leur sauvegarde et même l'assistance aux utilisateurs sont centralisées sur des serveurs. ” Dans ce cas de figure, les postes de travail coûtent à l'achat 800 euros par utilisateur. C'est 300 euros de plus qu'un PC classique. Car en plus des clients légers (sortes de PC sans disque dur ni grosse capacité de calcul), il est aussi indispensable d'installer ici des serveurs de virtualisation. Le nombre de licences logicielles est le même qu'avec une flotte de PC classiques. Au final, les postes virtuels génèrent une économie globale de 80 000 euros par an pour 500 utilisateurs.
Abolir les coûts cachés, rallonger la durée de vie
Dans le cadre de la virtualisation, les clients légers ne servent qu'à afficher l'écran des bureaux Windows, diffusés depuis les serveurs, et à renvoyer les mouvements de la souris ainsi que les frappes au clavier. Pour les équipes informatiques, cela signifie qu'elles assurent la maintenance des postes directement sur les serveurs : elles n'ont plus besoin de se déplacer, un avantage lorsqu'il s'agit de dépanner un utilisateur situé ailleurs qu'au siège de l'entreprise.
“ Du point de vue des finances, de nombreux coûts cachés, comme le carburant lors d'une intervention, disparaissent. On a donc une meilleure idée du coût réel. Quant au poste de travail sans disque dur, il est moins fragile et moins bruyant, et l'utilisateur le garde plus longtemps ”, poursuit Sylvaine Dekeyrel.Pour Emmanuel Bernard, on passe ainsi de PC qui durent trois ans à des clients légers que l'on conserve sept ans, ce qui relativise d'autant plus leur prix plus élevé à l'achat :
“ Conservons à l'esprit que les économies réalisables sur le poste de travail s'obtiennent sur son coût de possession, l'opex, et non sur son coût à l'achat, le capex. ” Et d'ajouter qu'une économie de 30 % sur les dépenses opérationnelles a été observée sur les déploiements récents qu'EMC a couverts en matière de postes virtuels. Dans un récent rapport, le cabinet IDC estime que cette économie se monte, dans certains cas, à 50 % des coûts opérationnels. Changer moins souvent de matériel évite, par ailleurs, de devoir souvent résoudre les problèmes de compatibilité.
“ Les PC virtuels nous ont permis d'abolir un dysfonctionnement entre des applications métier et des fonctions multimédias sur plusieurs centaines de postes, c'est autant de coûts de développement en moins ”, témoigne Philippe Limantour, directeur du pôle News Business Center chez le prestataire CSC.Pour Thomas Pernodet, directeur régional des ventes chez le fabricant de clients légers Igel Technology, le poste virtuel présente aussi l'avantage de rendre les entreprises plus réactives :
“ En raison de leur activité commerciale, nos clients ont souvent besoin d'ouvrir des postes et d'en fermer d'autres. Dans ce cadre, déployer des machines virtuelles plutôt que des PC physiques est la solution la plus rapide ”, raconte-t-il. Il se réfère notamment aux connectiques réseaux, lesquelles sont configurées en amont pour tout le monde, et non plus sur site au cas par cas. Il cite d'autres opportunités d'économies. Comme la meilleure évaluation du nombre de licences logicielles nécessaires simultanément : dans le cadre d'une réduction du personnel, la société continue de payer les systèmes d'exploitation pour les PC qu'elle avait achetés et dont certains ne sont plus utilisés. La perspective de réduire au maximum les coûts d'indisponibilité liés aux pannes ou aux vols de matériels entre aussi en ligne de compte.
Pour les nomades aussi
Il existe plusieurs types de virtualisation. Outre la diffusion d'écrans Windows depuis un serveur, les éditeurs comme Citrix et VMware proposent aussi d'installer les postes virtuels directement sur la machine cliente. Celle-ci est alors un PC pleinement fonctionnel, mais l'on conserve les bénéfices de la maintenance centralisée, car le système n'est pas configuré du côté utilisateur : sa machine virtuelle se synchronise régulièrement avec une image système installée par les services informatiques sur leur serveur. Cette solution est idéale pour travailler de manière nomade, sur un ordinateur portable. En effet, l'exécution locale du système virtuel ne souffre pas des défaillances de la connexion au réseau. L'affichage n'est pas saccadé lorsque la liaison 3G ou Wi-Fi faiblit, et l'ensemble continue de fonctionner quand il n'y a pas de connexion du tout. En avion, typiquement. A noter que ce type de virtualisation fonctionne aussi sur Mac, au moyen du logiciel Parallels Desktop de Parallels.
Ne virtualiser que les applications nécessite des compétences
Une autre solution, intermédiaire, consiste à ne virtualiser que les applications. C'est surtout utile lorsque la machine cliente est celle de l'utilisateur et celle sur laquelle les services informatiques ne touchent pas à la maintenance du système. C'est le cas du BYOD (Bring Your Own Device). David Remaud, responsable des offres datacenter, sécurité et infrastructures IP chez le prestataire Spie, souligne néanmoins quelques contraintes :
“ A commencer par les compétences indispensables à l'équipe informatique. Les connaissances dont on a besoin sur un serveur de virtualisation ne sont pas celles apprises sur un poste de travail ”, prévient-il. Il sous-entend qu'il faudra financer des formations. Ou qu'il sera nécessaire de faire appel à des services d'infogérance, plus coûteux.
“ Par ailleurs, si tous les postes sont centralisés sur un serveur, une panne sur celui-ci sera d'autant plus critique ”, s'alarme-t-il ! Il convient alors de budgétiser une solution de reprise d'activité. Mais la taille des serveurs de virtualisation à dupliquer réduira d'autant l'économie réalisée grâce à l'utilisation de postes de travail virtuels.
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