Lancement d'un guide pour l'intégration de logiciels médicaux

L’association Interop’santé publie un manuel pour faciliter l’interopérabilité des systèmes informatiques hospitaliers. Des systèmes qui en dépit des standards existants peinent à dialoguer.
S’il est un monde où l’informatique souffre d’hétérogénéité, c’est bien celui de l’hôpital. On saluera donc la publication du « guide d’interopérabilité intra-hospitalier » édité par Interop’Santé. Sa vocation : spécifier dans une quinzaine de domaines de la médecine (radiologie, cardiologie, biologie, pharmacie, gestion administrative du patient …) des scénarios d’intégration entre les différents logiciels du marché. Il précise notamment pour chacun d’eux les protocoles à utiliser et le mode d’implémentation. C’est le premier guide à regrouper les divers protocoles exploités dans l’informatique de santé (HL7, Dicom, IHE et autre standards web…)
Simplifier les cahiers des charges

Cette publication porte l’espoir de faire partager des références communes entre les donneurs d’ordre des hôpitaux et les éditeurs. « En exigeant dans leur cahier des charges une collection précise de profils d’intégration déjà référencés, les services informatiques des hôpitaux gagneront en temps et en simplicité lors des déploiements », explique Charles Parisot, membre du comité directeur de l’association IHE Europe, qui promeut l’utilisation de profils d’intégration standardisés dans les systèmes d’information hospitaliers (SIH).
L’objectif est de huiler la chaine d'information tout au long du parcours du patient dans l’établissement. « Il s’agit déjà de distribuer son identité vers la radiologie, les plateaux techniques, la biologie ou les services cliniques pour la prescription. Et au delà, de faciliter les échanges de données entre par exemple radiologie et le dossier médical de l’hôpital », détaille Gérard Domas, président d’Interop’Santé.
Un processus très, voire trop long

Mais les espoirs incarnés par ce guide ne sont-ils pas l’aveu que les protocoles existants sont mal ou peu appliqués sur le terrain ? Et ce alors que depuis une dizaine d’années, les éditeurs se réunissent tous les deux ans lors des Connectathon pour réaliser des tests d’interopérabilité. Charles Parisot reconnaît qu’en moyenne, seulement 1 projet sur 5 s’appuie sur les profils IHE. Mais relativise-t-il, c’est là processus de longue haleine : « en 2001 nous n’avions qu’un profil IHE. Aujourd’hui il en existe une centaine en Europe. Ils sont implantés dans 300 à 400 produits, ce qui représente 80 industriels ».
Ce décalage entre les tests d’interopérabilité et la réalité terrain s’explique par la capacité des éditeurs à intégrer ces profils. « Il n’ont pas tous les moyens et les ressources d’isoler correctement les couches d’interconnexion du cœur de leurs applications », indique Gérard Domas qui souligne également l’hétérogénéité des SIH. Et pour ne rien arranger, ces éditeurs spécialisés dans la santé sont légion, ce qui ne facilite pas le consensus.
Une hypocrisie des éditeurs
Enfin, certains n’hésitent pas à pointer l’hypocrisie des éditeurs de SIH. « Tous se disent favorables à l’interopérabilité, mais derrière, leurs politiques commerciales s’érigent contre ces échanges de données, car ceux-ci rendent leurs applications interchangeables, lance Tristan Debove, responsable des opérations chez Intersystems, éditeurs spécialisé dans l’intégration de SIH. Ce combat d’arrière garde pénalise les hôpitaux qui se retrouvent pris en otage par les éditeurs ».
En dépit de ces approches défensives, l’alignement sur les standards semble à terme inévitable. La relance du DMP y sera pour beaucoup. Car le cadre d’interopérabilité à respecter pour interagir avec le dossier personnel emprunte en parti les mêmes standards que ceux préconisés dans le guide pour l’intégration d’applications hospitalières.
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