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Les futurs réseaux publics tout IP devraient battre au rythme de l'architecture IMS. Les opérateurs et leurs abonnés seront les véritables décideurs quant à sa future adoption, à condition d'en être les principaux bénéficiaires.
Jean-Michel Cornily, directeur technique de Devoteam SRIT' La téléphonie, fixe et mobile, est en pleine mutation : accès 4-play, multiplication des services multimédias et convergence fixe-mobile. En arrière-plan, les équipementiers préparent activement l'arrivée d'un nouveau réseau tout IP ouvert, permettant d'offrir au monde des télécoms toute la richesse du multimédia. Le nouveau-né, baptisé IMS (IP multimedia subsystem), est une architecture de réseau normalisée par le 3GPP et dédiée à la convergence multimédia (voix, données, vidéo, TV, etc.), ainsi qu'à celle du fixe et du mobile. D'un point de vue pratique, l'IMS fournit un ensemble de fonctions mutualisées et réutilisables entre les différents services, telles que l'authentification, l'autorisation, la compression-décompression de messages de signalisation, le contrôle de sessions, la collection d'informations pour la facturation, etc. Pour mener à bien cette démarche, l'IMS repose sur des principes d'indépendance vis-à-vis du réseau d'accès (GPRS, UMTS, WLan, xDSL, etc.), des services, et, surtout, de la mobilité de l'utilisateur ?" tout utilisateur dispose d'un identifiant indépendant de son moyen d'accès (fixe, mobile ou internet).
Le protocole SIP est retenu
Le protocole de signalisation retenu est unique et simple : SIP (Session initiation protocol), qui s'apparente à HTTP, incontournable pour internet. Les principales composantes de l'IMS sont le CSCF (Call session control function) pour le contrôle des sessions IMS, le HSS (Home subscriber server) dédié à la gestion des utilisateurs, et le MGCF (Media gateway control function) en charge des interactions avec les autres réseaux.À l'instar de toute nouveauté, l'une des clés du succès de l'IMS sera son adoption par le marché. Plusieurs organismes concourent à l'évolution de la norme : le 3GPP (qui normalise déjà l'UMTS) pour le mobile, l'Etsi Tispan pour le fixe, et l'OMA (Open Mobile Alliance) pour les services. La plupart des équipementiers proposent des solutions IMS pour le mobile et abordent la problématique de convergence avec le fixe via l'interconnexion avec leur solution NGN (Next generation network). Néanmoins les opérateurs et leurs abonnés seront les véritables décideurs quant à l'adoption de l'IMS, à condition d'être, eux aussi, bénéficiaires de la mise en ?"uvre de ces nouvelles architectures. Les leviers à disposition des opérateurs pour accroître leur rentabilité sont multiples : conquête de parts de marché (ou a contrario défense des parts existantes), augmentation de l'Arpu (ou revenu moyen par abonné), mais aussi diminution des coûts d'exploitation. La promotion de nouveaux services constitue une arme de choix dans la conquête ou l'augmentation des revenus utilisateurs. Par son approche modulaire, l'IMS autorise des cycles de développement plus courts permettant aux opérateurs traditionnels d'offrir de nouveaux services plus rapidement, mais aussi de contrer les attaques des nouveaux entrants et notamment des applications peer-to-peer (lire l'encadré). Par ailleurs, la mutualisation des composants génériques de l'IMS autorisera les opérateurs à réduire l'investissement lié à l'introduction d'un service (ou Capex). De même, leurs coûts opérationnels (ou Opex) seront aussi fortement diminués (administration de réseau simplifiée, base de données des abonnés unique, formation des personnels simplifiée, utilisation de plates-formes matérielles du commerce et non propriétaires).Il est clair que la rentabilité économique d'un réseau IMS doit être mesurée dans le cadre d'une offre de services étendue. En effet, le coût d'entrée, élevé, ne pourra être rentabilisé par l'introduction d'un seul service. De la même manière, un opérateur global fixe-mobile-internet sera d'autant plus intéressé par cette mutualisation qu'un même service pourra être proposé à un parc d'abonnés plus important.
Les tout premiers services déployés sur IMS
Parmi les tout premiers services que les opérateurs prévoient de déployer sur une architecture IMS, citons le service de présence. Il permet à un utilisateur d'informer tout autre abonné (famille, amis ou collègues) de son état de présence, c'est-à-dire s'il est connecté au réseau, disponible, et pour quels services. Ainsi, avant d'établir une communication, un abonné pourra savoir si son correspondant n'est pas déjà en réunion. Autre service, le répertoire intégré (network address book) permettra à un abonné d'avoir un carnet d'adresses commun à tous ses terminaux et services. Ce répertoire unique, géré par le réseau, est accessible à l'abonné depuis son téléphone portable, son téléphone fixe, son PC, etc. Enfin, le service push-to-talk (encore en attente d'un succès commercial) permet à des abonnés mobiles d'établir des communications de type talkie-walkie depuis leur téléphone portable, sans contrainte de distance ni de durée, la tarification étant généralement liée au nombre de prises de parole de chacun et/ou au nombre de participants.L'IMS présente donc de réels atouts. Malgré ceux-ci, il faut espérer que l'IMS ne se trouvera pas confronté aux mêmes problèmes que l'UMTS, qui, également issu des travaux du 3GPP, peine à percer pour des raisons techniques et économiques.Espérons, enfin, que l'IMS ne soit pas une nouvelle génération du réseau intelligent (RNIS), pour lequel, malgré d'importants efforts de normalisation, les solutions offertes par les constructeurs ont été généralement propriétaires et, de ce fait, n'ont été qu'un succès partiel. '
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