L'archivage reste le parent pauvre du stockage. A ce jour, les différents équipements du marché, propriétaires et hétérogènes, ne se comprennent pas ?" ou si peu. Pire, personne ne sait trop comment garantir qu'une donnée, destinée à être archivée sur le long terme, restera lisible cinquante ans après sa création si les technologies sur lesquelles elle repose ont évolué, changé ou disparu. La SNIA, consciente de l'enjeu, essaye d'infléchir le mouvement avec XAM (eXtensible Access Method), une spécification en cours de standardisation. XAM vise à garantir la pérennité d'une donnée en la rendant indépendante du matériel sur lequel elle réside. L'initiative a été lancée en 2004 par IBM et EMC. Sun, HP et HDS, entre autres, ont suivi le mouvement. Et à la fin 2005, un groupe de travail a été créé au sein du groupe FCAS (Fixed Content Aware Storage), dédié aux données fixes, de la SNIA. XAM se donne pour objectif de fournir une API standard qui se placerait entre les clients (applications et logiciels de gestion) et les fournisseurs (systèmes de stockage) de services d'archivage pour la manipulation des objets à conserver à long terme et de leurs métadonnées. IBM serait l'un des premiers à avoir mis en ?"uvre ce standard dans son système Total Storage Data Retention 550. XAM a déjà été validé au niveau technique,
' les acteurs de l'industrie doivent donc maintenant l'accepter ', souligne Philippe Nicolas, président de la SNIA France.XAM permettra peut-être d'accélérer les innovations en matière d'archivage. Mais l'aspect réglementaire pèse ici très lourd, et peu de progrès ont été faits en la matière. D'une part, les règles techniques à appliquer à l'archivage numérique
' réglementé ' ou
' à valeur probante ' ne sont toujours pas définies. Le législateur ne semble pas pressé de se prononcer sur le sujet, ou même de l'étudier sérieusement, et ce sont des groupes de travail de l'industrie et des associations professionnelles qui produisent aujourd'hui l'essentiel de l'effort. Peu d'entreprises ont finalement franchi le pas. Mais la législation les rattrape, puisque les entreprises doivent remplir leurs obligations légales et préserver la valeur patrimoniale de leur société. Si besoin est, l'entreprise doit être capable de présenter ses documents numériques en justice. La norme Afnor Z42-013 dessine les contours des
' meilleures pratiques ' dans ce domaine, mais elle n'est pas obligatoire.
Des usages innovants en sécurité
Pour l'entreprise, la mise en place de ce type de projet est difficile, d'autant plus que beaucoup de solutions existent : UDO (archivage optique porté principalement par Plasmon), Worm (bande non réinscriptible), baies de disques spécialisées. De plus, le paysage ne cesse de changer avec de nouvelles avancées technologiques : usages inédits de la cryptographie asymétrique, mise à jour des modèles de prise d'empreinte ou des méthodes de verrouillage des documents. Certaines recherches portent même sur des formats d'archives autodestructibles à échéance.Enfin, les baies de disques Maid (Massive Array of Idle Disks, des baies dans lesquelles les disques inutilisés se mettent en veille), économes en énergie, suscitent un intérêt croissant pour l'archivage, puisque sur le long terme, l'économie réalisée justifie l'investissement. Mais, actuellement, les disques Worm sont les plus utilisés par les entreprises, en dépit de leurs limites, surtout dans le cadre légal. Les processus d'archivage, partie intégrante de la gestion du cycle de vie des données (ILM), sont encore mal pris en compte.Plasmon, spécialiste de l'UDO, tente de combler ces lacunes en s'associant avec Arkivio, spécialiste de l'ILM, pour proposer un processus d'archivage plus complet. Ainsi, une solution combinée reposant sur l'UDO Archive Appliance avec le logiciel autoStor d'Arkivio sera prochainement proposée. D'autres sociétés, telle STS, tentent d'aller encore plus loin, avec une combinaison de briques technologiques favorisant la capture des objets à archiver (document ou objet numérique), l'indexation manuelle ?" semi-automatique ou automatique ?", le classement et la recherche multicritère, l'automatisation des processus, la conservation sécurisée, et larchivage légal à proprement parler, le tout dans une seule et unique solution.
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