Laurence Barthes (Dassault Systèmes) : “ fusionner la DSI et la DRH accélère l'innovation ”
Directeur général adjoint de Dassault Systèmes, Laurence Barthes est en charge des ressources humaines et du système d'information. Une double casquette destinée à accélérer la mutation numérique du premier éditeur de logiciels français.Pourquoi une entreprise de 10 000 salariés comme Dassault Systèmes a-t-elle décidé d'associer les fonctions de DSI et de DRH ?Laurence Barthes : En 2009, l'entreprise a lancé une vaste réflexion sur son nouveau modèle d'organisation. Avec un double objectif : numériser son fonctionnement de façon à favoriser l'innovation sociale au sein de l'entreprise, mais aussi au niveau de son écosystème, c'est-à-dire avec ses clients et ses partenaires. Cette réflexion ne pouvait être menée sans associer étroitement les aspects humains et l'environnement technologique de l'entreprise. C'est dans cet état d'esprit que la direction générale a souhaité rassembler ces deux fonctions en créant un nouveau poste, celui de CPIO (Chef People & Information Officer).Quel est votre parcours professionnel au sein de Dassault Systèmes ?LB : J'ai rejoint cet éditeur en 1987, au sein duquel j'ai occupé diverses fonctions, dont celle de responsable de la satisfaction du support client pendant six ans. A ce poste, j'ai notamment mis en place les processus du réseau de vente de l'entreprise. Puis en 2008, j'ai pris la responsabilité de la direction des systèmes d'information pour l'ensemble du groupe. Ces deux expériences se sont avérées très enrichissantes, tant au niveau technologique qu'en matière de gestion des ressources humaines.Concrètement, quelles actions illustrent cette stratégie de numérisation de l'entreprise ?LB : L'une des réalisations essentielles concerne le développement de 3DSwym, un réseau communautaire destiné à tous les collaborateurs et partenaires du groupe. La mise en œuvre d'un tel environnement de travail ne peut se mener qu'en abordant de front les aspects technologiques et les aspects humains. En effet, cela fait émerger de nouveaux rôles, de nouveaux usages, de nouvelles expériences, ainsi que des méthodes de travail très agiles, impliquant toutes les organisations du groupe. En d'autres termes, il s'agit d'un nouveau modèle d'entreprise qui nécessite d'associer des fonctions de directeur des ressources humaines et de DSI.Pensez-vous que ce rapprochement entre la DSI et la DRH constituera une tendance dans les années à venir ?LB : En discutant avec d'autres directeurs des systèmes d'information, je constate que de nombreuses entreprises engagent des réflexions pour gagner en agilité et accélérer leurs processus d'innovation. Il devient donc indispensable de mettre en place de nouvelles façons d'inventer, de créer et d'innover collectivement. Aujourd'hui, nous avons atteint les limites de l'organisation en silos. Dans tous les cas, une collaboration forte entre la DSI et la DRH s'avère indispensable pour accompagner les transformations de l'entreprise.Les tâches quotidiennes et les objectifs d'un DRH et d'un DSI diffèrent. Comment conciliez-vous les deux ?LB : Mon rôle consiste à fournir aux collaborateurs l'environnement de travail qui leur permette de développer leurs activités. Cette mission implique d'être à leur écoute, de les affranchir des contraintes techniques et organisationnelles, mais aussi de les accompagner dans leurs fonctions. L'objectif n'est pas de déployer un environnement qui fonctionne, mais un environnement qui apporte de la valeur, qui séduise, et que l'on prend plaisir à utiliser.
Votre opinion