Le “ plan seniors ” sera-t-il bénéfique sur le long terme ?
Trois ans après un décret en leur faveur, le taux de chômage des seniors progresse
En mai 2009, le gouvernement publiait un décret obligeant les entreprises à mettre en place un plan en faveur de l'emploi des seniors. Pour l'heure, l'échec des mesures est patent, le taux de chômage de ces actifs ayant augmenté de 15 % depuis janvier 2011.Parmi les six mesures prévues dans le décret pour bâtir un “ plan seniors ”, les sociétés pouvaient en choisir trois. Du coup, elles ont privilégié les moins contraignantes. Selon diverses enquêtes, le recrutement immédiat de seniors est la dernière des mesures retenue. A l'inverse, l'anticipation de l'évolution des carrières via les entretiens annuels est la plus plébiscitée. En privilégiant le maintien dans l'emploi par rapport au recrutement, “ les entreprises devraient à l'avenir licencier moins de seniors ”, en déduit Sylvain Grevedon, spécialiste de l'emploi des seniors au sein de Mercuri Urval, société de conseil en management et recrutement. De plus, ces mesures devraient avoir des incidences positives sur la catégorie des seniors démotivés, et dont les entreprises se “ débarrassent ” volontiers. “ Dans tous les cas, elles finiront par changer leur regard sur les seniors, le problème étant en grande partie culturel. ”Reste qu'avec un pourcentage de 37,8 %, le taux d'emploi des seniors français est l'un des plus faibles d'Europe (69 % en Suède ou 60 % au Royaume-Uni). L'obsolescence des connaissances, notamment dans le secteur informatique, ne peut à elle seule justifier ce taux singulier. La démographie française est particulière : un baby-boom d'après-guerre très marqué et, aujourd'hui, un taux de natalité élevé. “ Résultat, la tranche des 25-50 ans rétrécit et doit porter une population inactive de plus en plus nombreuse, celle des jeunes et des seniors, dont le taux de chômage est le plus élevé ”, détaille Sylvain Grevedon. En d'autres termes, l'impact économique est plus important dans l'Hexagone, et la difficulté française à faire travailler ensemble plusieurs générations ne joue pas en faveur de l'emploi des seniors. Sans oublier que si les entreprises ont mis en place des plans, aucun quota n'a été imposé par le gouvernement, pas plus qu'un organe de contrôle pour en vérifier et évaluer leur application.
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