Après les défricheurs, les grands fournisseurs de stockage, s'engagent, à leur tour, dans le CDP
(Continuous data protection). EMC, Network Appliance, Symantec, CA ou Atempo proposent une offre issue du rachat de spécialistes de la première heure. En quoi consiste le CDP ?
' C'est la sauvegarde les données en continu, ce qui garantit de ne pas perdre de transactions, décrit Philippe Nicolas, président du SNIA (Storage Networking Industry Association) pour la France, et animateur du blog
continuous-dataprotection.blogspot.com.
On empile les versions successives des données, sans les écraser. Ce qui permet de revenir en arrière à volonté, comme avec un magnétoscope, afin de présenter le volume à une date précise. ' Le CDP capture toutes les modifications et les garde sur un espace secondaire. Il y adjoint une journalisation avec horodatage, et gère les versions en assurant une capacité de restauration granulaire.
' Le CDP permet de remonter rapidement dans le temps et avec précision à un état stable, avant le moment où a eu lieu une interruption de service ou une corruption de données ', confirme Marc Landwerlin, directeur technique de CA.
' Il faut distinguer le pur CDP d'un CDP pour un usage donné ', précise Philippe Nicolas. Ainsi, l'offre d'
appliance de Kashya (racheté par EMC) entend tout capturer. Idem pour la solution de TimeSpring Software, TimeData, mais sous Windows uniquement. Quant à Atempo, il protège le poste de travail avec LiveBackup.
' Tout le monde n'a pas forcément besoin d'un vrai CDP, poursuit-il.
Une sauvegarde d'un PC toutes les quinze minutes suffira. En revanche, sur un serveur stratégique, il vaut mieux pouvoir remonter à chaque transaction. Il existe un CDP par usage, comme il existe des logiciels de sauvegarde pour Unix, PC de bureau, etc. 'Le CDP trouve toute sa place dans le cadre d'un plan de reprise d'activité. De nombreux DSI se méfient en effet de la réplication synchrone entre deux sites.
' Une erreur sur le site principal se duplique sur le site de secours ', déplorent-ils (lire
01 Réseaux, n?' 166, p. 74). Grâce au CDP, on supprime ce défaut car les données corrompues pour diverses raisons (virus, malveillance, erreur, défaillance, etc.) sont écartées en remontant jusqu'à un jeu de données sain.
Premiers contrats signés
Ces derniers mois, les acquisitions se sont multipliées. CA a acheté la société XOsoft. L'offre correspondante, CA XOsoft WANsync HA, est commercialisée en France au tarif de départ de 2 000 euros par serveur.
' Nous avons signé nos premiers contrats ', annonce Marc Landwerlin. XOsoft assure du CDP applicatif pour SQL Server, IIS, Oracle ou Exchange, et du CDP pour les fichiers.Dans les deux cas, il fonctionne en mode bloc. Un agent logiciel, placé sur le serveur, capture les échanges et récupère les données du cache. Les fonctions de CDP et de réplication sont disponibles sous Windows, Linux et Unix. La haute disponibilité HA
(High availability) n'est disponible que sous Windows. EMC, pour sa part, propose RecoverPoint, issu du rachat de Kashya.Des
appliances assurent une réplication locale ou à distance des données. Une solution que l'intégrateur Unisys déploie déjà depuis 2005.
' Pour faire du CDP, il faut journaliser toutes les transactions, note Lionel Cavallière, chef de produit sauvegarde chez EMC.
Ce qui nécessite un splitter car, depuis une source, on alimente deux cibles : un stockage primaire et un secondaire. ' Ce splitter peut être situé soit dans le serveur, soit dans le SAN lui-même, au niveau du commutateur
fibre channel. Chez EMC, les
splitters fonctionnent sous AIX, Linux, Solaris ou Windows, et pour les applications SQL Server, Oracle ou Exchange. Dans le SAN, le
splitter tient dans une lame spécialisée d'un commutateur MDS 9000 de Cisco. Reste qu'à multiplier les sauvegardes, on risque vite d'être submergé par les données. Afin d'éviter les doublons, EMC a acquis la société Avamar Technologies. Elle propose un logiciel de sauvegarde qui détecte les séquences déjà existantes à la source afin de ne pas retransférer ces mêmes blocs.
' a déduplication permet de réduire l'encombrement par vingt ', estime Philippe Nicolas.
Un fonctionnement en mode bloc
Toujours dans la mouvance du CDP, on citera le rachat de Topio par Network Appliance.
' La solution de Topio permet d'appliquer nos services de clonage, de snapshot et de versioning
à des environnements source hétérogènes, et non plus uniquement d'origine Network Appliance ', décrit Bruno Picard, directeur technique de NetApp. Topio fonctionne en mode bloc. Là aussi, soit un agent est placé sur le serveur (AIX, Windows) et envoie les données vers un serveurTopio qui lui-même les recopie sur une baie de Network Appliance, soit une lame spécifique dans un commutateur SAN de Cisco assure ces services. Toutefois, pour Bruno Picard :
' Topio est plus un outil de réplication hétérogène que de CDP, car il répond à un autre besoin que la sauvegarde. ' Il délivre des copies de travail, répond aux besoins des plans de reprise dactivité, ou facilite une migration, tout en synchronisant les images de plusieurs serveurs. Enfin, on notera également le lancement par DataCore Software de sa propre solution CDP en novembre dernier : Traveller CPR.
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