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Après un relatif passage à vide, l'univers des mobiles s'ouvre à de nouveaux horizons. Alors que le multimédia mobile marque enfin des points, de nombreux regards se tournent vers l'UMTS.
Après une période de folle euphorie, le relatif passage à vide enregistré l'an dernier par l'industrie du cellulaire n'est plus qu'un mauvais souvenir. Témoin l'arrivée de nouveaux terminaux et services, la banalisation du GPRS et des écrans couleur, les premiers pas plutôt encourageants du multimédia mobile, et la relance des ventes de portables au moment des fêtes de fin d'année (de l'ordre de 150 millions d'unités dans le monde au quatrième trimestre 2003, ce qui ne s'était jamais vu). Bref, après des mois d'attentisme, le marché semble enfin repartir, avec un potentiel de croissance non négligeable, autour des nouveaux services et de la communication interpersonnelle.
Les opérateurs se mettent à réinvestir
Pour ce faire, les opérateurs se mettent à réinvestir. Souvent brocardé et malgré des débuts chaotiques, notamment en Grande-Bretagne et en Autriche, l'UMTS devrait progressivement émerger au second semestre 2004. Même cas de figure en ce qui concerne la technologie Edge, pour laquelle des développements importants sont attendus, particulièrement chez Bouygues Telecom, dans les mois qui viennent.Plus loin de nous, mais tout aussi révélateur, le marché chinois enregistre cinq millions de nouveaux abonnés par mois ! Une dynamique qui s'explique par plusieurs facteurs. D'abord, la substitution progressive du fixe par le mobile. Même si le trafic transporté par les réseaux fixes est encore trois fois supérieur à celui qui est acheminé par les réseaux cellulaires (en France, les recettes des opérateurs cellulaires représentent 43 % de l'ensemble), le phénomène est là, et peu d'observateurs se risquent à pronostiquer où il s'arrêtera. Au-delà de la défection de certains acteurs, l'arrivée de l'UMTS permettra ainsi aux grands opérateurs de désengorger des réseaux GSM à la limite de la saturation.Quant aux nouveaux services, l'offre, mais aussi la demande, s'affine. Au-delà de l'explosion des SMS, l'évolution des terminaux cellulaires vers une sorte de ' sac à main électronique ' laisse présager un bel avenir à ces outils de communication. Il se vend ainsi davantage de portables permettant de faire des photos que d'appareils photos numériques ; de même, plus de la moitié des mobiles commercialisés aujourd'hui permettent de prendre des photos. Impressionnant, quand on songe que cette fonctionnalité a souvent été considérée comme un gadget sans réelles perspectives commerciales !De même, les ventes d'assistants personnels dédiés au cellulaire décollent enfin, à l'instar du BlackBerry (près de 1 million d'utilisateurs dans le monde, fin 2003).
La formidable ascension de Samsung
D'autres, comme Telecom Italia Mobile (TIM), expérimentent même la réception de chaînes de télévision sur téléphone portable ! Autant d'éléments qui font espérer un relatif retour en grâce des industriels du secteur. Voire une chance de rebattre les cartes, à l'instar de Samsung, qui, parti de rien il y a quelques années, est parvenu à se hisser au troisième rang mondial des fournisseurs de terminaux mobiles (avec, pour objectif de devenir numéro deux dès 2004), où il grignote régulièrement Motorola.Autre enseignement : le bon parcours de Siemens, qui a sensiblement augmenté ses parts de marché en 2003, tandis que Sagem effectuait un spectaculaire rétablissement, notamment dans l'Hexagone, où il représentait, l'an dernier, un tiers des ventes d'Orange, tout en supplantant Nokia au dernier trimestre 2003.Inversement, on comprend mal comment Alcatel s'est laissé distancer sur ce créneau, où il ne détiendrait plus que de l'ordre de 1 % du marché mondial. Après avoir abandonné la production de terminaux cellulaires en avril 2001, la recherche d'un partenaire, vraisemblablement asiatique, est à nouveau à l'ordre du jour. À moins que l'on ne s'oriente vers un abandon pur et simple, comme il en a déjà été question. Autre sujet de préoccupation : l'UMTS. En effet, seul Orange s'est, pour l'instant, laissé convaincre par l'offre de l'équipementier tricolore. Inutile de préciser que les dix-huit mois qui viennent seront, de ce point de vue, cruciaux pour l'avenir de cette activité chez Alcatel. Un contexte dans lequel on s'interroge toutefois sur l'existence d'une nouvelle ' exception française ', à savoir la présence de trois opérateurs cellulaires seulement, alors qu'ils sont quatre, voire cinq, chez nos principaux voisins (Italie, Grande-Bretagne, Espagne, et Allemagne) et que la France affiche le taux de pénétration le plus faible de l'Union européenne (61 % dans l'Hexagone, contre une moyenne européenne de 75 %, selon l'OCDE).À cette contre-performance, la plupart des acteurs tricolores répondent qu'il s'agit d'un problème de comptabilisation des abonnés, que le poids du prépayé est moins important en France qu'ailleurs, que les habitants de certaines régions (Bretagne et Grand Est) ont un comportement atypique, etc. Bouygues Telecom, au contraire, estime que le marché français est un des plus compétitifs d'Europe (lire notre Face-à-face, p. 84). Une analyse que ne partagent ni l'OCDE, ni l'opérateur Tele2, l'un des rares pourfendeurs de l'organisation oligopolistique du marché français, où il cherche, depuis plusieurs années à devenir opérateur mobile virtuel (ou MVNO). Des discussions en ce sens ont eu lieu, notamment avec Bouygues Telecom, mais ce dernier n'a jamais réellement donné suite. ' Héberger un MVNO, c'est beaucoup d'énergie pour pas grand-chose ', relève-t-on chez Bouygues Telecom, qui craint visiblement une cannibalisation de son propre marché. Il n'empêche, la France paraît singulièrement à la traîne. Avec seulement trois licences UMTS (dont une pour Bouygues Telecom, qui n'est pas un chaud partisan de cette technologie) et aucun opérateur virtuel, la concurrence sera nécessairement limitée.Certes, le face-à-face entre SFR-Vodafone et Orange sera intéressant à suivre, mais pas nécessairement suffisant pour assurer le spectacle. À moins qu'un nouvel acteur ne se manifeste.
Quand LDCom se pose des questions...
Un nom est aujourd'hui sur toutes les lèvres : LDCom. Interrogé par 01 Réseaux, son directeur général, Jacques Veyrat, répond de façon énigmatique que son absence du marché des mobiles est ' une question qu'on ne peut pas ne pas se poser '. Attention toutefois à ne pas transformer LDCom en MVNO potentiel : ' La revente de services n'est pas notre tasse de thé ; nous sommes des ingénieurs qui préférons produire et remplir nous-mêmes notre propre ré- seau ', avertit Jacques Veyrat. À bon entendeur...
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