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Avec ses services standards et son paiement à l'usage, l'informatique dans le nuage pourrait apporter des bouleversements. Carte des compétences, planification budgétaire, mission : trois points sensibles à surveiller.
Encore peu utilisé en entreprise, le cloud computing préoccupe les DSI par le changement de paradigme qu'il introduit.“ Le cloud reste un sujet de controverse en interne ”, confie Renaud Peurière, DSI de Britvic France, qui estime que ce concept va redéfinir les missions de la DSI. Trois changements majeurs semblent se dessiner.
1. Changer les équipes
Le cloud déplace vers un tiers un certain nombre d'infrastructures et d'applications, en particulier celles qui ne constituent pas le cœur de métier de l'entreprise : messagerie, serveurs, sécurité, etc. Il faudra donc diminuer les ressources liées à leur développement. “ L'impact du cloud est le basculement d'une partie des équipes infrastructure vers le renforcement des équipes projets métier ”, explique Guillaume Ramey, DSI de SMB Offshore à Monaco, spécialiste des plates-formes pétrolières. Par ailleurs, la DSI devra se doter de solides compétences en achat et gestion de contrats pour évaluer les nombreux services cloud. Un benchmark loin d'être simple, car les niveaux de service ne sont ni homogènes ni transparents. “ Il va falloir créer de vrais Service & Contract Managers, capables de maîtriser les fournisseurs de services informatiques au quotidien ”, explique Thierry Hinfray, DSI de l'Assemblée des chambres françaises de commerce et d'industrie. Cette mutation nécessite une sérieuse conduite du changement. “ Une des principales difficultés humaines avec le cloud est le fait qu'il n'y a plus d'infrastructure informatique au sein de l'entreprise. Pour l'informaticien, c'est souvent un traumatisme. Pour la direction, cela se traduit par un sentiment de perte de la maîtrise de la confidentialité ”, souligne Philippe Hugues, DSI de Ciat, un fournisseur de matériel de climatisation.
2. Une planification budgétaire plus complexe
La principale promesse de la virtualisation est l'optimisation des coûts et la fin de la surcapacité. “ Financièrement, les dépenses seront plus fines et plusjustes grâce au paiement à l'usage ”, explique Sylvain Costy, DSI de Fauchon. Côté budget, l'impact est double. Le calcul du coût est plus facile. Les services à la demande sont facturés selon des métriques claires : par gigaoctet, par machine virtuelle, par heure, etc. “ Le coût total de possession par utilisateur devient une unité de mesure simple ”, souligne Yann Jouveneaux, DSI du semencier Sakata. Mais cela nécessite d'être plus précis dans la prévision des coûts. “ Avec le cloud, on consomme au plus juste. Il faudra donc estimer au plus juste ”, explique Sonia Boittin, directrice associée de Solucom. Le DSI devra se rapprocher encore plus des directions métier pour anticiper précisément les besoins informatiques. Le risque est que le paiement à l'usage se transforme en dérapage budgétaire. Sauf, bien sûr, si cet usage est directement lié à des revenus (des transactions e-commerce par exemple). “ Quand une direction métier lance un nouveau business, il est difficile de prévoir les besoins. Le cloud s'avère très adapté car il permet une montée en puissance en toute flexibilité ”, souligne Guillaume George, associé chez Atos Consulting.
3. Défendre sa légitimité
Le cloud simplifie l'achat et l'utilisation de ressources informatiques. Pour la DSI, le risque est alors de se faire court-circuiter, en particulier pour les services Saas (Software as a Service). Certains fournisseurs de solutions de gestion de la relation client (CRM) l'ont bien compris et ciblent exclusivement les directeurs métier. Ces derniers peuvent, par ailleurs, comparer plus facilement les prestations internes avec celles d'un éventuel fournisseur cloud, générant une pression concurrentielle nouvelle pour le service informatique. “ La DSI devra de plus en plus se justifier vis-à-vis de la direction financière sur l'intérêt de gérer en interne certaines ressources ”, explique Giorgio Nebuloni, analyste senior chez IDC. Si elle veut “ rester dans la boucle ”, il faudra désormais qu'elle démontre sa valeur ajoutée. “ Pour survivre, la DSI se positionnera sur la cohérence architecturale, l'intégration, la sécurité, la gestion des risques et le support global. Quitte, parfois, à jouer le passe-plat ”, estime Sonia Boittin.
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