Le consacré, en un seul mot
L'histoire d'un DSI qui parvient au sommet sans effort particulier. Pure fiction, bien sûr !
Il l'a fait. Jean Thily, chasseur de têtes parisien, a réussi d'une façon brillante à brosser le portrait d'un Forrest Gump ou, mieux, d'un Mister Chance de l'informatique qui parvient à occuper en fin de carrière, et sans coup férir, le poste convoité de directeur des systèmes d'information. Et à installer son auguste postérieur dans le non moins stratégique fauteuil de membre du comité exécutif. L'ouvrage se présente tel un scénario de film, voire une comédie de boulevard. Les chapitres s'entrecoupent de saynètes chantées et dansées, sur le mode badin, rappelant la scène des enfants dans Monsieur de Pourceaugnac. Mais la fantaisie grinçante de l'auteur ne s'arrête pas là : il met en scène ?" et c'est drôle - une cérémonie de remise de prix qui ressemble furieusement à celle du DSI de l'année organisée par 01 Informatique et 01 DSI. Et là, on est pris par le doute : et si c'était vrai ? Une succession de hasards peut-elle avoir raison de la méritocratie et de la compétence ? Notre héros, lui, ne pense pas à tout ça. C'est ce qui fait son charme. Il se remémore le chemin jalonné d'improvisations ?" à moins qu'il ne s'agisse d'interventions de la divine providence ?" qui a favorisé son entrée triomphale au Pavillon Gabriel. Le lecteur découvre avec lui les misérables petits secrets qui jalonnent la vie de bureau, les histoires d'alcôves qui finissent bien et arrangent tout le monde (ça, c'est plus dur à croire). Et suit l'enchaînement mystérieux des micro-événements qui font d'Isidore-Benoît Matausse ?" c'est son nom ?" le DSI de l'année. Notre héros a-t-il pleinement conscience de sa baraka ? N'est-ce pas justement cette inconscience qui ?"uvre si efficacement pour son succès ? En tout cas, le destin lui aura souri jusqu'au bout. Au lieu d'être sacré DSI de l'année par ses pairs, avec l'onction du gratin de la presse spécialisée, il aurait pu finir pipole dun soir chez Flavie Flament, dans Vis ma vie.