Le conseil en technologie veut s'émanciper
Mal connues et confrontées à une série de bouleversements de leur métier, les sociétés de conseil en R&D cherchent une meilleure visibilité.
Souvent confondu avec le secteur des services informatiques, le conseil en technologie ou externalisation de la R&D veut acquérir une meilleure visibilité. D'où la création l'année dernière du Geicet, un regroupement de sociétés
du secteur (Alten, Assystem, Akka, etc.), ou encore d'un comité de conseil en technologie au sein de Syntec Informatique. Plus récemment, l'Opiiec(*) a commandé une étude au cabinet IDC afin de délimiter plus nettement les
contours de la profession en France.Selon IDC, le secteur totalise près de 5,3 milliards d'euros de chiffre d'affaires et englobe 605 sociétés de plus de dix salariés. La confusion avec les services informatiques provient du fait que plus d'un tiers de ces sociétés ont
également une activité de prestataire pour les directions informatiques. Les départements de R&D d'industriels des secteurs historiques (automobile ; aéronautique, militaire, et spatial ; énergie ; industrie mécanique) restent leur clientèle
privilégiée.A l'instar des SSII, la profession, qui connaît en moyenne 8 à 9 % de croissance annuelle, nourrit son activité du recrutement massif d'ingénieurs et techniciens provenant des filières scientifiques. Or, selon IDC, 75 % de
ces sociétés rencontrent des difficultés d'embauche en raison de la désaffection des étudiants pour les sciences de l'ingénieur. C'est ce qui explique leur mobilisation récente.Mais elles ont encore d'autres défis à relever. A commencer par l'internationalisation croissante liée à la nécessité d'accompagner les grands comptes dans des projets de R&D à l'étranger. Sous la tutelle des donneurs d'ordre, ces
sociétés doivent aussi développer de nouveaux modes de contractualisation. ' On observe un engagement plus global sur des projets avec un partage de risques, note Alain Pétrissans, directeur études et conseil chez
IDC France. Pour éviter les lourdeurs du forfait, ces sociétés développent des " solutions plateau ", ce qui s'apparente à de l'engagement de moyens. ' Mais l'évolution vers la forfaitisation
est inéluctable. ' On évolue d'un fonctionnement en mode régie, à des forfaits unitaires, puis vers une globalisation des affaires pour arriver au stade ultime de maîtrise d'?"uvre par le
prestataire ', témoigne Didier Renard, directeur des achats de prestations intellectuelles du Groupe Safran.Parallèlement, la diminution du nombre de prestataires référencés conduit les sociétés de conseil à piloter des volumes de prestations plus importants et une multitude de projets simultanément. Sans oublier l'apparition de
' l'offshore ' liée à la pression sur les prix. Autant de changements culturels pour ces sociétés habituées historiquement à déléguer aux ingénieurs le soin de répondre à des pics de charge ou à un
besoin d'expertise ponctuel.o.discazeaux@01informatique.presse.fr(*) Observatoire paritaire des métiers de l'ingénierie, de l'informatique, des études, et du conseil.
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