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Une première en France : pour gagner en performances et réduire ses coûts matériels, la banque bascule son infocentre du mainframe vers la plate-forme Wintel. Un projet amorti en moins de vingt-six mois grâce à la recompilation du
code Cobol existant en Cobol.Net.
Face à la volumétrie galopante des informations, le stockage sur mainframe devient un luxe qu'une entreprise ne peut plus se permettre. C'est du moins la conclusion que l'on peut tirer de l'expérience d'AMT (Association de moyens
techniques), GIE du Crédit Agricole en charge des ressources et des moyens informatiques des caisses régionales de Savoie, Centre-Est, Haute-Loire, Sud-Rhône-Alpes, Champagne-Bourgogne, et Provence-Côte d'Azur. Le GIE vient, en effet, de balayer
d'un seul coup vingt ans d'histoire estampillée Big Blue au profit d'une plate-forme Wintel. Le Crédit Agricole devient ainsi l'une des toutes premières entreprises françaises à exploiter l'ouverture de la plate-forme .Net à d'autres langages que
ceux de Microsoft, et notamment au Cobol.
A la clé, 1 million d'euros d'économie par an
' Le pari était risqué, reconnaît Didier Mange, directeur général adjoint du GIE AMT-Crédit Agricole. Mais nous ne pouvions plus continuer comme cela. ' En effet, il
y a environ un an, l'établissement bancaire arrête les compteurs, et dresse un bilan plutôt catastrophique. Son entrepôt de données hébergé sur mainframe, et sur lequel reposent des applications critiques (de détection des fraudes bancaires,
notamment), lui coûte plus de 1 million d'euros par an. A savoir 350 000 euros pour la location de chacun des deux moteurs MIPS, soit 700 000 euros, auxquels il faut ajouter le coût du stockage de données, dont la volumétrie ne cesse de
croître : 6 To aujourd'hui, plus de 21 To en 2008, d'après les projections effectuées par le GIE. ' Le calcul est relativement rapide, ajoute Didier Mange. En basculant sur une plate-forme
Wintel, nous réalisons plus de 1 million d'euros d'économie par an, le coût de migration étant amorti en moins de vingt-six mois. 'Assurément, cette migration n'aurait pas été rentable aussi vite sans la récupération des programmes en Cobol existants. ' L'existant applicatif sur mainframe freine souvent ce type de projet,
souligne Rakesh Kumar, vice-président de Gartner. En effet, la plupart des entreprises ne souhaitent pas investir du temps et, surtout, beaucoup d'argent dans le redéveloppement de millions de ligne de
code. '
Aucune intervention humaine tant que le code répond aux normes
La solution est venue de Fujitsu. En guise de migration, le Crédit Agricole se contente de recompiler en Cobol. Net plus de 500 programmes, conçus à l'origine en Cobol et destinés à l'alimentation de son entrepôt ou à la création de
datamarts. ' Tous les applicatifs Cobol ne sont pas forcément éligibles à cette recompilation ', précise toutefois Eric Ciesla, responsable du programme de transmigration de Fujitsu, visant à faire
évoluer les applications basées sur mainframe vers un environnement Microsoft. ' La limite provient du code existant. Certaines entreprises ont conçu des choses exotiques, avec des bibliothèques autres que celles d'IBM, que
notre compilateur ne saura pas interpréter, explique-t-il. Mais tant que le code est conforme aux normes, la migration est automatique, et ne suppose aucune intervention humaine. ' Si cette migration
s'avère aussi rentable, c'est précisément parce que la recompilation des programmes est quasi automatique.Cependant, six mois de tests ont été nécessaires pour vérifier la faisabilité de l'opération. Entre avril et octobre 2006, l'établissement bancaire, avec le concours de Microsoft Consulting et de Fujitsu, a effectué des tests de
recompilation, mais aussi de migration de quelque 900 tables DB2 sous MVS. Dans un premier temps, le Crédit Agricole ne prévoit aucune modification fonctionnelle de son existant, car la migration est purement technique. Ainsi, les tables sont
migrées vers SQL Server 2005 à l'identique à l'aide de SSIS, l'ETL de Microsoft, et le partionnement initial a, lui aussi, été conservé.
SQL Server plus performant que DB2
Malgré cette bascule isofonctionnelle, le Crédit Agricole a été agréablement surpris lors de la phase des tests. Bien sûr, cette migration a été motivée par des aspects purement économiques. Mais l'établissement rencontrait aussi, sur
son ancien système, des problèmes de performances avec certaines requêtes complexes, qui attaquent les 900 tables simultanément en temps réel. Et cela, dans le cadre d'une application liée à la détection du blanchiment d'argent. De surcroît, une
nouvelle réglementation imposait d'établir ces requêtes sur un historique de treize mois, et non plus trois. L'exécution de cette requête (sur trois mois) sur DB2 7.1, version utilisée par le Crédit Agricole, demandait cinq minutes. Avec SQL Server,
elle ne prend plus que trente seconde (pour le traitement des treize mois). Un gain de performances principalement du à l'optimiseur de requêtes de SQL Server dont la technologie récente s'avère plus évoluée que ce que l'on trouve d'ordinaire sur
mainframe.
De plus grandes perspectives d'évolution avec Windows
Début 2007, après cette période de tests concluante, le Crédit Agricole attaque la migration proprement dite. Le projet est prévu sur quatorze mois, et devrait prendre fin en mars 2008. Date à laquelle l'entrepôt stocké dans SQL
Server devrait contenir plus de 21 To de données, contre 6 To actuellement sous DB2/MVS. Les 17 datamarts existant sous DB2, utilisés par la couche de restitution décisionnelle, seront reproduits à l'identique à l'aide d'Analysis Services,
le moteur Olap livré avec SQL Server. Mais d'ores et déjà, Catherine Traversier, responsable décisionnelle d'AMT-Crédit Agricole, envisage d'enrichir sa plate-forme : ' L'environnement Windows est bien plus ouvert que
celui du grand système. Nos perspectives d'évolution se sont donc multipliées, car le marché des outils pour Windows est bien plus fourni que celui du mainframe. Sans oublier le potentiel d'Office 2007, énorme en matière de
décisionnel. 'redaction@01informatique.presse.fr
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