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Après avoir débuté dans le transport, la géolocalisation trouve aujourd'hui sa place auprès d'autres professions. Les données sont de plus en plus interfacées avec des applications métier.
' Attention, votre chargement de porcs va bientôt manquer d'eau. Pensez à réapprovisionner ', annonce la voix du boîtier GPS au chauffeur routier. Loin d'être de la science-fiction, ce
type de message est pour demain. ' Les obligations européennes imposent, par exemple dans le domaine de la traçabilité pour l'agroalimentaire, de savoir si une température anormale a été constatée à l'intérieur des véhicules
de transport. On a même imaginé profiter des GPS pour alerter sur les niveaux d'eau et éviter ainsi la déshydratation des porcs pendant le voyage ', décrit en souriant Éric Louette, du ministère des Transports.Dépassant la seule remontée de coordonnées x et y, les boîtiers GPS remontent en temps réel nombre d'informations sur la conduite, l'état du véhicule, etc. ' À ce jour, entre 60 000 et
80 000 boîtiers GPS équipés de capteurs de mesures (vitesse, etc.) ont été commercialisés en France, constate Éric Louette. Et 10 % des poids lourds en sont déjà équipés. 'Deuxième tendance, les données remontées s'interfacent de plus en plus avec les applications métier. Par exemple, pour générer les primes liées aux déplacements dans les fiches de paie. Pour suivre ce marché émergent, les acteurs
viennent de toutes origines, constructeurs de boîtiers, éditeurs de logiciels, intégrateurs, etc. Et proposent des offres allant de dix euros à quelques dizaines d'euros par mois et par véhicule.
L'utilisation : mieux appréhender les interventions
Belfor est spécialisé dans la remise en état de locaux industriels après sinistre. Les véhicules d'intervention comme ceux des commerciaux sont équipés de GPS. ' On ne sait jamais à l'avance où l'on intervient.
Cette technologie facilite la localisation des commerciaux chargés d'établir les devis sur site. Une fois que le GPS a trouvé le commercial le plus compétent et le plus proche, un message est envoyé sur son PDA avec l'adresse et les informations
nécessaires sur le client ', explique Victor Rodrigues, directeur des opérations de Belfor France.La Police nationale tire également profit de la géolocalisation, avec un projet qui s'inscrit dans un cadre plus large de réorganisation des appels d'urgences, le 17. Baptisée Pégase (pour ' pilotage des événements,
gestion d'activité et sécurisation des équipages '), la facette géolocalisation du projet repère les véhicules des patrouilles les plus proches ou les plus aptes à intervenir à la suite d'un appel d'urgence sur le 17.' Les gains de temps et de réactivité sont évidents. En outre, cette technique permet d'envoyer l'équipe la mieux adaptée en fonction de l'intervention. Police secours pour les interventions banales, une BAC
?" brigade anticriminalité ?" pour un flagrant délit, par exemple ', décrit Michel Laune, le commissaire chargé du dossier. Une technologie qui sert également pour des besoins plus anodins.Laurent Polaert dirige une société de montage de mobiliers, de têtes de gondole et autres pour les grandes surfaces. ' Tous les véhicules de la société sont équipés de boîtiers GPS GéoCoyote de Coyote System. Je
visualise à tout moment sur la carte de France où se trouve la douzaine de véhicules de l'entreprise ', se réjouit-il. À l'utilisation, ce dernier voit également d'autres avantages mais qui ne sont pas liés directement à la
localisation : ' Les boîtiers alertent sur les dépassements de vitesse. Ce qui incite les employés à respecter le code. 'Dernière application, les coordonnées x et y remontées s'intègrent dans les applications métier. Éditeur d'applications de mobilité, eAbsolu fait appel aux services de géolocalisation de Maporama. ' Nous
équipons une grosse société privée d'assistance à domicile. Les 1 400 assistantes doivent souvent modifier leur planning en cours de journée. Une application sur un PDA couplé à un GPS leur permet de modifier leur planning en temps réel.
Le serveur recalcule l'itinéraire le mieux adapté pour se rendre au domicile de la prochaine personne et le renvoie sur les équipements de l'assistante ', explique Ludovic Bianciotto, cofondateur de la
société eAbsolu.
La mise en ?"uvre : ajouter des boîtiers
Commencé en 2004, le projet de la Police nationale devrait s'achever en 2010. À terme, 110 sites et tous les véhicules de patrouilles seront équipés. Au printemps, quatorze sites départementaux étaient déjà déployés.
Auparavant aiguillés en local au niveau de la circonscription, tous les appels du 17 remontent désormais, pour les zones équipées, à la direction départementale de la sécurité locale.Techniquement, les appels entrants des usagers passent en VoIP. L'opérateur du centre d'appels dispose de deux écrans, l'un dédié à la localisation de l'usager, l'autre à celui des véhicules disponibles. ' Les
usagers qui composent le 17 ne sont pas localisés pour des raisons légales. ' Lorsque l'usager appelle à partir d'un téléphone portable, soit plus de la moitié des appels passés, l'opérateur zoome sur une carte en
fonction des informations communiquées oralement par l'appelant. Le deuxième écran localise les véhicules en patrouille ou disponibles à partir des informations envoyées par les boîtiers GPS.Des données qui transitent par Acropol (automatisation des communications radiotéléphoniques opérationnelles de la police), le réseau sécurisé de l'institution, avant d'arriver sur les serveurs départementaux.
' Le taux de rafraîchissement des coordonnées diffère selon chaque patrouille. Le véhicule peut avoir différents statuts, en patrouille ou en course-poursuite. En fonction de ce statut, l'opérateur du centre peut modifier la
fréquence d'envoi des données, 4, 5, 9, 18, 36 secondes, etc. 'Chez Polaert, la mise en place s'est révélée plus aisée. ' Notre activité est saisonnière. Elle s'étale surtout de mai à novembre. Ce qui impose de louer des véhicules en plus de la flotte habituelle. Il suffit
de transporter les boîtiers GPS dans les véhicules de location ', se félicite Laurent Polaert. Chaque véhicule équipé revient à 35 euros par mois.Filiale du groupe de BTP Fayat, Multiphone est spécialisée dans l'infogérance d'équipements télécoms, notamment de PABX Aastra, Alcatel, etc. Répartie sur deux agences parisiennes et une dans le Nord près de Douai, la société compte
environ 75 personnes. ' La réflexion a démarré à la fin de 2005, le projet a été présenté au comité d'entreprise en 2006 et mis en ?"uvre à la fin de 2006 ', rappelle Daniel Leleu,
responsable opérationnel de la société.Le but est de trouver le technicien le plus proche de l'intervention, formé pour assurer la maintenance du matériel. ' Un fichier Excel comporte les compétences des techniciens. Des requêtes à la demande sont
lancées pour localiser les GSM. Ce qui permet d'envoyer le technicien formé à l'endroit où se trouve l'équipement en panne. La requête donne l'adresse du relais de rattachement. Le manque de précision, de 100 mètres à 3 kilomètres en
fonction de la zone, n'est pas gênant ', précise Daniel Leleu. Multiphone n'a pas investi dans des abonnements mensuels mais dans une formule de 10 000 requêtes prépayées, ' pas encore
consommées à ce jour ', précise le responsable.
Les gains : suivre les interventions sur le terrain
Chez Polaert, ' cette technologie permet de savoir si l'on réagit dans les temps ', se réjouit Laurent Polaert. Effet secondaire, plus original pour les policiers, l'installation d'un
boîtier GPS sécurise les équipages grâce à la présence sur le boîtier d'un bouton détresse. ' Utilisé en cas d'agression et de caillassage par exemple ', décrit Michel Laune. Ce qui réduit les temps
pour envoyer des renforts si besoin, un atout important ' quand tout peut se jouer en quelques minutes ', constate Michel Laune. Les patrouilles non équipées ne disposaient auparavant que de la radio
pour déterminer leur position, ' la radio vue comme une ligne de vie ', décrit Michel Laune.Pour d'autres, c'est le couplage avec les applications métier qui génère le plus de gains. Les assistantes à domicile saisissent sur leur PDA les informations concernant leur mission (temps passé, etc.). Ces dernières sont réinjectées
sur les serveurs à travers les boîtiers GPS Eten G500. Et sont ensuite interfacées avec le logiciel Sage utilisé pour la paie. ' Cette automatisation des fiches de paie résout un véritable casse-tête car la plupart des assistantes ne travaillent pas à temps complet, mais sont payées en fonction des
interventions ', précise Ludovic Bianciotto. Grâce à la pose de capteurs, l'ajout de boîtiers est aussi l'occasion de mieux prévenir les vols. ' L'envoi d'un simple SMS suffit à verrouiller un véhicule
à distance pendant un week end ', se réjouit Victor Rodriguesn de Belfor.
Les écueils : respecter la réglementation
De toute évidence, la géolocalisation autorise l'employeur à contrôler tous les déplacements de ses employés. Ce qui aboutit parfois à un rejet de cette technologie. Pour motiver les assistantes à domicile, leurs employeurs leur ont
donné la possibilité d'utiliser les équipements fournis à titre personnel.Chez Multiphone, le choix délibéré a été de ne pas géolocaliser tout le temps. ' De plus, les techniciens peuvent bloquer cette fonction avec un simple code ', rappelle Daniel Leleu.
Multiphone avait présenté l'application au comité d'entreprise avant son implantation.L'aspect légal est également sensible. La Cnil oblige de respecter la réglementation pour prévenir tout litige entre employés et employeur. ' Je respecte de façon stricte les consignes de la Cnil. En plus de la
déclaration initiale, j'envoie une mise à jour tous les ans ', précise Victor Rodrigues, de Belfor. L'archivage des données est aussi à contrôler. Multiphone s'est engagé auprès de la Cnil à ne pas conserver les données de
localisation sur une durée dépassant deux mois glissants.Si, sur le plan technique, les solutions sont pérennes, quelques limites demeurent. Cette technologie n'est évidemment pas opérante dans les parkings et autres tunnels. La Police nationale a partiellement résolu le problème par
l'ajout de développements spécifiques. À l'instar de la navigation sur mer, ces derniers prennent le relais en cas d'absence de signaux et calculent une position présumée en fonction de la vitesse et de la direction prise par le véhicule.
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