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Moins de profils techniques, plus de compétences métier... L'organigramme des DSI connaît de profondes mutations. Petite revue d'effectif entre recrutement et mobilité interne.
Grand jeu de chaises musicales au sein des directions des systèmes d'information ! Face à la montée en puissance de l'infogérance, les DSI se vident peu à peu de leurs compétences techniques au profit des prestataires.
' Les expertises réseaux, systèmes d'exploitation, bases de données, développement deviennent des " commodités ", qu'il est aisé de trouver sur le marché ', note ainsi Didier
Lambert, DSI d'Essilor. A charge, pour les SSII, de recruter ces profils et de maintenir leur employabilité.A l'inverse, les DSI recourent de plus en plus à des compétences extra-techniques pour piloter les infogérants ou gérer les contrats. Ce principe des vases communicants répond à une volonté claire de la DSI de se dimensionner face aux
enjeux de l'entreprise. ' Elle est en concurrence avec l'extérieur, note Laurent Goffinet, DSI d'Eliokem. Du jour au lendemain, l'informatique peut être totalement infogérée. Nous ne pouvons rivaliser avec
le marché en termes de coûts. Notre valeur ajoutée tient dans notre double compétence technique et fonctionnelle. La DSI doit devenir un " melting pot ", servant à catalyser des besoins ou des projets
transversaux. 'Mais pour y parvenir, la DSI doit instaurer une vraie politique de ressources humaines. A commencer par une gestion prévisionnelle des compétences. Quelles ressources conserver en interne, lesquelles externaliser ? Puis, le cadre
posé, quelles actions de recrutement, de mobilité, et de formation mettre en regard ?
Tenter le recrutement atypique
En matière de recrutement, Didier Lambert prône la diversité. Au lieu de reproduire les mêmes clones, les DSI devraient étendre les critères de sélection à des profils atypiques. ' Les principales causes d'échec
des projets et des services sont d'ordre humain. Les ingénieurs formés aux sciences dures sont-ils les mieux à même de communiquer avec les utilisateurs ? Ce n'est pas sûr. Il faudrait ouvrir nos portes à des
littéraires. ' Ex-DSI de Lagardère Active, Marie-Hélène Charlier préconise, elle aussi, l'insertion de jeunes diplômés littéraires ou de disciplines scientifiques, reconvertis aux métiers de l'informatique.Les DSI ayant participé à cet article se rejoignent également pour dresser la liste des aptitudes recherchées pour ces fameuses compétences métier. En tête, figurent les incontournables capacités à communiquer et à écouter. Mais aussi
les aptitudes à travailler en équipe, à négocier, et à rédiger correctement des comptes rendus. A cet égard, Didier Lambert s'étonne de voir de jeunes diplômés de grandes écoles ne taper sur le clavier qu'avec deux doigts !Au-delà du recrutement, la DSI peut puiser dans le vivier des compétences internes. Des passerelles se créent ainsi de la DSI vers les métiers, et vice-versa. ' Le passage vers les utilisateurs est relativement
facile - le chef de projet est très souvent recruté par le service qu'il a modernisé. Le contraire se révèle plus difficile, constate Didier Lambert. L'informatique fait peur. Il faut réussir à rendre nos métiers plus
attrayants par un travail de marketing interne et de concertation avec la DRH. '
' Pour certains projets, nous intégrons des personnes du métier. Elles nous apportent la maîtrise des besoins fonctionnels, assure
Marie-Hélène Charlier. Leur évolution passe par une formation spécifique, qui leur donne un vernis technique et leur permet de dialoguer plus facilement avec leurs homologues informaticiens. 'Encadrant une équipe plus réduite - sept informaticiens internes en France, et un en Chine -, Laurent Goffinet a confié la mise en place de projets PGI à des chimistes ou à des logisticiens de formation.
' Il faut démythifier l'informatique. Ne pas savoir installer un PC ou écrire un programme ne présume pas de la capacité à comprendre l'informatique de gestion. '
Mener une politique de formation volontariste
Bien sûr, ces chassés-croisés ne sont possibles que parce que soutenus par des actions de formation. Technique pour les experts, afin qu'ils ne se sclérosent pas sur un métier à faible teneur stratégique, tel le help desk. Mais aussi
extra-technique dans le but de sensibiliser les managers à la gestion d'entreprise, la gestion financière, ou la production.En matière de formation initiale, nos DSI déplorent une inadéquation entre leurs besoins et le contenu des cursus dispensés par les grandes écoles. ' Nous attendons du système éducatif le minimum : maîtrise
de l'anglais, conduite de projet, travail en équipe... Hélas, il n'est pas toujours présent ', regrette Didier Lambert. Pour pallier ces lacunes, Marie-Hélène Charlier propose un break d'un an au cours des études, mis à
profit pour confronter les étudiants aux réalités de l'entreprise.redaction@01informatique.presse.fr
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