Le « like », quelle valeur d'adhésion lui accorder ?

Plus qu'un acte militant, le "like" Facebook rendent les opinions des uns et des autres transparentes et visibles. Contrairement aux marques, les politiques n'ont pourtant pas encore pris conscience de la valeur de cet engagement.
C'est un geste simple et qui finalement peut sembler peu engageant : un simple clic pour dire que l’on a apprécié un texte, une photo, un commentaire, une marque, un événement, un homme politique ou encore une idée ! Un acte spontané, pas forcément muri et construit, qui se fait la plupart du temps entre l’envoi d’un mail et le visionnage d’une vidéo ! Même si un billet de blog du Wall Street Journal affirme que « Le like de Facebook est protégé par le premier amendement », cela ne signifie pas encore que le like incarne un acte d’engagement. D’ailleurs, l’engagement sur Facebook signifie simplement commenter ou partager une information, ce qui ne signifie pas cautionner ou supporter le message ou l’information.
Le like : nouvel acte politique ?
Nous avons tous en mémoire le 1,6 million de like sur la page Facebook de soutien au bijoutier de Nice. Plusieurs mois après on peut encore se demander si cet acte de soutien à travers un pouce levé avait alors une valeur plus engageante qu’une simple envie de commenter ou partager. On a pu constater à l’époque que chaque post générait des dizaines, voire des centaines de milliers de réactions et commentaires : 1 485 000 personnes ont parlé de la page, aux côtés des 1 577 000 fans (indicateur qui excluait donc la théorie d’achat de faux fans). En d'autres termes, pour reprendre la définition donnée par Facebook, ce sont plus d'1,4 million de profils Facebook qui ont « créé une histoire » à partir de la page. On ne peut donc pas dire que l’acte de soutien était neutre. Les discussions étaient souvent d’un registre émotionnel mais sans une réelle volonté militante. Cela s’est confirmé par le peu de personnes mobilisées sur le terrain dans les différentes manifestations organisées à l’époque. Il n’y a donc pas forcément une notion d’engagement militant mais plus un souhait de partager et échanger, une façon de participer à un débat de société sans véritablement s’engager.
Le vrai changement : assumer ses idées
Finalement la vraie nouveauté que les réseaux sociaux apportent c’est la transparence de l’expression. Désormais il est possible de participer au débat et de faire connaître son opinion. Mais ceci ne se fait pas sans heurt. Avec 17 millions de personnes qui se connectent tous les jours sur Facebook la notion de discussion privée est complexe. Comme Guy Birenbaum l’a fait remarquer lors de l’affaire du bijoutier de Nice, ces actes de soutien et de partage sur les réseaux sociaux permettent de mieux connaître ses « amis ». Sur certains sujets on a même pu constater que les débats étaient particulièrement virulents et présents sur les réseaux sociaux. Cela a été le cas, par exemple, au moment des débats sur le mariage pour tous, où de très nombreuses personnes ont liké, partagé et commenté des pages POUR ou CONTRE. Cela a donné lieu à de nombreux débats entre « amis » sur Facebook, lieu où les positions et idées sont désormais assumées et transparentes. Il en va de même pour les partis et pour les hommes politiques. Il suffit de constater le nombre croissant et impressionnant de « like-adhésion » aux pages Facebook du Front National ou de Marine le Pen, le like est décomplexant !
Combien vaut un like Facebook ?
Si on se base sur ce que nous venons d’évoquer, il devient crucial de donner une valeur « au like » et au « fan » Facebook, dans une logique d’adhésion, d’acte citoyen. Il n’existe pas d’étude qui permette de mesurer cette valeur à proprement parler. La « monétisation » du like et du fan n’a été étudiée que dans un cadre marketing où la question du ROI se fait de plus en plus pressante. La valeur d’un fan est donc estimée à environ 128 € (étude 2013 de la société de marketing Syncapse). Au-delà de ce chiffre, qui est en progression, il apparaît que contrairement aux marques, les politiques n’ont pas encore réellement investi cette question et que la notion de l’engagement reste sans valeur estimée à ce jour. Pourtant le sujet de l’engagement sur le web est la vraie préoccupation, que l’on soit une association, une marque ou une institution.
Le web : un véritable espace de débat de société
Et si finalement les réseaux sociaux étaient une formidable opportunité pour créer une nouvelle relation au politique ? L’avenir du « like » et de toute autre action « sociale » pourraient avoir comme finalité l’engagement du citoyen et ce, par le biais, de plateformes d’échange et de partage d’idées et d’initiatives. Un modèle différent de l’approche actuelle, uniquement descendante où le seul pouvoir du citoyen est de « voter » mais où sa parole n’est pas encore prise an compte, analysée, décortiquée où alors, pas à bon escient.