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Malgré les problèmes de sécurité et de confidentialité, de nombreux flux métier sont aujourd'hui acheminés par simple courriel. A quand la réhabilitation de l'e-mail ?
Tout sauf l'e-mail ! Les ténors du collaboratif et de l'orchestration de processus sont unanimes. Et pour cause, le courrier électronique est tout sauf structuré : aucune traçabilité, aucune garantie de confidentialité, et
encore moins d'authentification de l'émetteur ou du destinataire. Sans parler des problèmes de pourriel, de virus, et autres joyeusetés (phishing, maquillage d'adresses, etc.). Alors, quand il s'agit de gestion des flux, les spécialistes préconisent
des outils spécifiques : portails, formulaires, services web, etc. Mais rien n'y fait. L'e-mail reste l'outil collaboratif le plus communément utilisé dans l'entreprise.Les raisons de ce paradoxe sont nombreuses. Le courrier électronique est d'abord bien meilleur marché que n'importe quelle solution collaborative ou de gestion de flux spécifique. Il offre ensuite l'avantage d'être simple, léger, et
maîtrisé par tous. C'est enfin un outil universel, qui garantit la communication quand les autres moyens bloquent. Par exemple, les Douanes autorisent un dédouanement par simple échange de fichiers XML par e-mail (voir
ci-contre). Les formalités d'importation de marchandises peuvent donc s'effectuer avec n'importe quel système informatique dans n'importe quel pays. Il suffit d'avoir une messagerie. Même pragmatisme au support technique du prestataire de
services Bibit. Son système de gestion des incidents récupère automatiquement ses propres données (numéro du ticket, évolution de l'incident, etc.) dans le corps du message. Pour l'utilisateur, il ne s'agit que d'un banal échange de
courriel.
Un simple véhicule de transport de formulaires
On pourrait multiplier ainsi les exemples. Mais il s'agit pour la plupart de développements internes ou opportunistes. Les offres des intégrateurs restent pauvres sur le sujet : trop simples pour être rentables, trop floues pour
être proposées ? Les clients de messagerie sont pourtant paramétrables et adaptables, sans coût de licence additionnel, puisque tous les postes sont déjà équipés.Les fournisseurs interrogés renvoient aux limites techniques de l'e-mail, considérant ces exemples comme une hérésie quand il existe des outils ' optimisés pour ce genre de processus et
d'applications '. De fait, la plupart n'utilisent l'e-mail que pour l'envoi d'alertes (' Vous avez une nouvelle opération à valider, cliquez ici ') ou comme simple véhicule de
transport d'un formulaire. Le traitement de gestion de flux proprement dite s'effectue sur des systèmes propriétaires, via une application web ou locale (Acrobat, Infopath, Lotus Notes, etc.).Toutefois, l'omniprésence d'un client de messagerie comme Outlook invite à plus d'intégration. Les spécialistes de la gestion de la relation client (GRC) ont été les premiers à fondre leur application dans les outils bureautiques. Des
partenariats comme celui conclu entre Microsoft et SAP pourraient amener à davantage de développements d'applications de gestion de flux utilisant la messagerie comme cheville ouvrière.Auparavant, il sera toutefois nécessaire de mieux sécuriser l'ensemble du système, en s'assurant tant du bon acheminement du courrier envoyé que de l'origine des e-mails reçus. La confiance dans le système est la clé de voûte qui
favorisera son développement. Les outils de chiffrement et d'authentification sont pléthore. Ils sont toutefois rarement compatibles entre eux. Les adopter revient à se priver de l'universalité de l'e-mail et à fonctionner en système clos avec ses
partenaires. Sur ce terrain, la récente approbation par l'IETF du protocole Domainkeys Identified Mail (voir encadré p. 16) donne de nouveaux espoirs.Néanmoins, les e-mails manquent toujours cruellement de capacité de partage. Pouvoir en rendre certains publics dans une base de données collective, avec contrôle des accès, serait précieux. De même qu'un stockage hiérarchisé et
structuré du courriel. Mais à trop empiler les fonctions au-dessus de l'e-mail, on risque aussi de le transformer en une de ces usines à gaz qu'il sert justement à éviter...redaction@01informatique.presse.fr* Antoine Fontanel, DSI d'IDTGV, Philippe Rouaud, DSI de France 3, et Fabrice Noel, DSI de Sodexi
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