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Alors qu'aux États-Unis, RIM est menacé de sanctions pour une obscure histoire de brevets, la concurrence s'organise autour du push mail. Microsoft, Nokia et d'autres proposent des solutions alternatives et visent un marché de masse.
Interruption de service ou non ? Aux États-Unis, RIM, le spécialiste du push mail, est suspendu au verdict du juge James Spencer dans le procès pour violation de brevet qui l'oppose à NTP. Une phase d'incertitude intervenant au plus mauvais moment pour RIM. Les offres alternatives font florès : Seven, Good, Visto, LogicaCMG pour les serveurs de mails hébergés d'opérateurs, et surtout Intellisync de Nokia et Direct Push de Microsoft, venant se greffer sur un serveur Exchange SP2. Une pléthore d'acteurs motivés par un marché de l'e-mail mobile en devenir. ' Nous sommes à un point d'inflexion du marché, commente Pierre-Yves Rallet, responsable marketing entreprise de SFR. Aujourd'hui, l'e-mail mobile ne concerne que 1 à 1,5 % de la population des 20 millions de salariés. Dans deux ou trois ans, l'ambition est d'en toucher 10 %. ' Laurent Meunier, directeur du développement chez Seven, ne dit pas autre chose : ' Lorsque dans une entreprise de 1 000 personnes, 20 % des boîtes e-mail justifieraient un accès mobile, le déploiement ne doit pas concerner uniquement les dix membres du conseil d'administration. ' Sur ces chiffres et ambitions, un relatif consensus est établi.Pour démocratiser l'e-mail mobile, plusieurs solutions se mettent en place : liaison directe depuis le serveur Exchange pour Microsoft, installation de passerelles pour RIM et Nokia, hébergement et services de l'opérateur pour Visto. Autant de choix proposés par chacun des opérateurs. Une diversité que l'on retrouve dans les terminaux. En effet, par le biais de partenariats croisés, chacun propose les modèles compatibles avec les technologies concurrentes : Palm Treo avec Windows Mobile, Nokia équipé de BlackBerry Connect, etc. : ' Le marché est suffisamment immature pour que nous soyons agnostiques ', résume Valérie Ingouf, responsable de Nokia Solutions Entreprise. ' Au-delà des fonctions mails, l'OS présent sur le mobile est aussi une variable cruciale. Dans l'hypothèse où Microsoft gagne, ce sera la plate-forme par défaut pour les applications mobiles ', note Ellen Dalley, de Forrester. En effet, l'arrivée de Microsoft modifie la donne. ' Notre force est de ne pas avoir besoin de serveur additionnel, vante Laurent Dugimont, chef de produit mobilité chez Microsoft. Ce faisant, les risques inhérents à l'absence de contrôle sur la passerelle [RIM, Nokia, Visto... Ndlr] sont nuls. Au-delà de l'e-mail, nous proposons une intégration forte avec le système d'information et une extension du bureau au mobile. Nous avons toute l'infrastructure, serveurs et OS pour ce faire. ' Reste que pour fonctionner, l'offre Direct Push nécessite un serveur Exchange 2003 SP2 et un terminal Windows Mobile 5.0, encore peu répandus dans les entreprises.
Déstabiliser RIM, précurseur sur le marché
Si l'accent est mis sur la sécurité, ce n'est pas anodin. En effet, le but est bien de déstabiliser RIM qui, à lui seul, a ouvert la voie à l'e-mail mobile et a conquis l'essentiel du marché par l'intermédiaire des opérateurs. ' Le seul problème de sécurité de RIM est le transfert des données hors du territoire national. Un problème pointé par le secteur public en Allemagne, par exemple ', note Emma Mohr McClune, de Current Analysis. ' Nous avons 160 règles de sécurité ', explique Christophe Ducamp, directeur relations commerciales de RIM. Une assertion corroborée par le DSI d'un groupe financier gérant une centaine de BlackBerry. ' Tous les messages sont chiffrés et les clés de chiffrement sont changées chaque jour. Le risque est nul ou très faible. ' La faiblesse de RIM ne tient pas tant dans la sécurité, que dans l'aspect fermé de la solution qui le cantonne à un marché de niche, un peu à la manière d'Apple sur les PC, alors que le credo actuel est de démocratiser l'e-mail mobile. Dans ce cadre, les efforts portent autant sur la standardisation des offres que sur les tarifs proposés. ' Tout comme Microsoft, notre but est de proposer une compatibilité totale avec les applications, que ce soit Word, Excel ou PowerPoint, mais aussi, grâce à Intellisync, un large accès aux applications métier, SAP, Oracle ou autres ', détaille Valérie Ingouf, en écho à l'intégration au système d'information prônée par Laurent Dugimont, qui lance une pique finale : ' Si on regarde de près, la solution de Microsoft n'est pas la plus économique en termes de prix de licence et de maintenance. '
' Nous assistons à une guerre d'annonces et d'intoxication. L'un veut vendre des licences, l'autre des terminaux, c'est un peu le Far West ', constate Pierre-Yves Rallet.
Vendre toujours plus
L'objectif pour les opérateurs est, en effet, de vendre un maximum de forfaits et de terminaux. Pour Laurent Meunier, ' un des enjeux prioritaires est la gestion des terminaux à bas coût, de type J2ME '. Mais, ' qui dit e-mail, dit stockage. Les terminaux se situent dans le haut de gamme, mais on arrivera vite à un prix moyen plus bas ', répond Pierre-Yves Rallet. De même, les options hébergées ont leur importance. ' Contrairement à RIM, nous souhaitons atteindre le marché de masse, pas uniquement l'élite. Nous nous intéressons davantage aux PME. Avec notre offre, les opérateurs peuvent faire leur propre promotion ', commente Steve Maynard, directeur marketing Europe de Visto. ' Nous savons que le marché va décoller et notre travail est de promouvoir la valeur d'usage de l'e-mail mobile ', conclut Valérie Ingouf.
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