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A l'heure de la virtualisation et de la consolidation des serveurs, IBM veut replacer le mainframe au c?"ur du SI des grandes entreprises. Dernier feu de paille avant une retraite bien méritée ?
A la fin du XXe siècle, on ne donnait pas cher du mainframe, puissant, mais lourd et onéreux à maintenir, car appuyé sur des technologies propriétaires aux langages démodés et dotés d'outils d'administration
antédiluviens. Pourtant, en 2007, il est toujours là : ' Le quatrième trimestre 2006 a été le meilleur depuis 1998 ', s'exclame Bob Hoey, vice?"président des ventes des zSeries d'IBM. Avec 8 % de
croissance, ce ne sont pas moins de un million de MIPS que l'américain a vendu en 2006, pour dix millions de MIPS déjà installés.Cette croissance traduit en premier lieu le succès des specialty engines, processeurs Linux, Java ou DB2 pour les mainframes IBM, même si l'américain ne désespère pas de trouver de nouveaux clients pour ses System z, notamment en
Chine, pays vers lequel tous les espoirs de croissance d'IBM sont tournés. L'américain a ainsi choisi Shanghai pour lancer le z9 Business Class (BC), dernierné de la gamme. IBM souhaite rééditer l'exemple de la banque de Tokyo,
qui a fait le choix de faire migrer ses applications Unix vers un mainframe IBM. Moins atypique, le cas de Nexxa Group, société américaine du secteur financier, qui s'est lancé dans un projet de consolidation de ses serveurs Linux sur un
System z9 BC : quatre?"vingts serveurs Intel x86 exécutant les applications J2EE sous Web?"Sphere ont été remplacés par un mainframe unique, la machine émulant de multiples serveurs Linux virtuels grâce au moteur IFL (Integrated
facility for Linux). Ray Jones, vice?"président de la division des logiciels System z, avance ses pions : ' Nous voulons réduire le point de basculement où le mainframe devient la solution la plus avantageuse pour
virtualiser des serveurs. Il y a quelques années, ce point était entre deux cents et trois cents serveurs. Aujourd'hui, si vous avez de quarante à cinquante serveurs en lames, les consolider sur un System z devient plus
intéressant. ' L'ex?"développeur Cobol enfonce le clou : ' De nos jours, typiquement, sur une machine VMware, on consolide de quatre à six serveurs, avec un maximum de douze. Avec z/VM
5.3, c'est dix fois plus ! C'est un moyen très efficace de baisser les coûts. 'Si le créateur du mainframe tente de réinsuffler de l'oxygène dans ce marché, Bull ne croit pas en cette consolidation des serveurs pour relancer ses grands systèmes GCOS 7 et 8.
Un discours marketing à modérer
' Nous avons une activité GCOS en légère décroissance, une évolution néanmoins maîtrisée, reconnaît Jean?"François Bauduin, directeur des ventes de GCOS de Bull. Nous ne concevons plus de
composants propriétaires : depuis trois ans, nous nous appuyons sur les processeurs Intel, Xeon et Itanium dans notre gamme Nova?"Scale. Nous avons porté GCOS sur cette plate?"forme dont les coûts n'ont plus rien à voir avec
ceux des anciens grands systèmes propriétaires. 'Si le vénérable DPS est toujours au catalogue du constructeur, ce n'est pas sur cette machine que Bull compte conquérir de nouveaux clients. Pierre Duval, directeur marketing des solutions et partenaires de Bull, ironise même sur
l'optimisme triomphant d'IBM : ' Pour qu'IBM acquière de nouvelles références, il faudrait qu'un ISV (Independant software vendor) développe un logiciel qui ne soit disponible que sous système
MVS ; ça me paraît improbable. ' Jacques-Yves Pronier, directeur marketing de Sun Microsystems, remet carrément en question cette vision d'IBM : ' Il y a maintenant un statu quo sur ce
marché : les projets de migration ont été menés et il n'est pas du tout crédible qu'IBM acquière de nouveaux clients sur ses mainframes. 'Bull mise sur ses serveurs SMP à seize ou trente-deux processeurs Intel pour assurer la pérennité de sa base installée sous GCOS en la dotant d'une compatibilité binaire. Il annonce que 50 % de ses clients GCOS ont migré en
trois ans. Jean?"François Bauduin détaille ce qui encourage les clients Bull à migrer : ' Il y a certes la baisse du TCO, mais aussi les nouvelles fonctionnalités. Une partition sous Linux s'administre de la
même manière qu'une partition GCOS : on offre la possibilité de continuer à exploiter ces systèmes pendant des années sans être obligé de migrer vers une autre plate?"forme. ' La Mutuelle nationale des
hospitaliers (MNH) exploite un serveur NovaScale pour ses applications métiers sous GCOS, mais aussi une partition Linux pour sa messagerie interne avec la solution de messagerie open source Postfix.
Une renaissance de Sun sur ce marché
En outre, Bull argumente sur les possibilités d'échange de données (datasharing) entre partitions GCOS, Linux ou Windows, permettant de mettre en place une architecture SOA, dont certains services peuvent être délivrés par la
partition GCOS. Mais c'est bien en tant que ' mainframe ' Windows ou Linux que Bull réalise l'essentiel de ses ventes de grands systèmes NovaScale sous Itanium 2. Bull revendique ainsi le
déploiement de ses mainframes sous Windows auprès du ministère de l'Industrie turc, des NovaScale 6320 équipés de trente-deux processeurs Itanium. Celui?"ci s'était lancé en 2001 dans un projet de migration de ses applications
grands systèmes IBM vers .NET et SQL Server en choisissant des serveurs HP 32 bits. Dépassés par une charge qui s'est accrue d'un facteur 8 en deux ans, ceux-ci sont maintenant remplacés par des NovaScale. D'ailleurs, ce
dernier annonce une croissance de 64 % pour sa gamme NovaScale entre 2005 et 2006 (hors marché HPC).Sun, après avoir fait une entrée sur ce marché grand système en 1996 avec son Sun Enterprise 10000, n'a cessé de voir ses parts de marché décroître depuis l'éclatement de la bulle internet, fin 2000. Aujourd'hui
allié à Fujitsu dans la conception des processeurs, le constructeur annonce une reprise de sa croissance dans ce secteur, une croissance supérieure à 20 % en 2006. Sun est positionné avec ses Sun Fire E15K et E25K, et Jacques-Yves Pronier
explique ce retour en grâce : ' Le mouvement de consolidation des serveurs de milieu de gamme sur les gros systèmes est très important. En outre, il y a une boulimie de puissance engendrée par les applications
décisionnelles, les ERP et les applications métiers. Dernier élément : la mise en conformité dans le secteur bancaire. La mise en place d'un PRA impliquée par Bâle II a eu un impact considérable sur nos revenus. '
Ce regain d'intérêt pour le mainframe Linux inspire le californien, qui prépare des offres de milieu et haut de gamme avec son processeur Rock, dont on dit qu'il contiendra seize c?"urs. Son lancement est prévu pour 2008.
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