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Sorti de terre il y a dix-huit mois à peine, l'hôpital privé arbore un système d'information avec une architecture réseau, taillés sur mesure, au centre duquel se situe le dossier patient.
Le Médipôle de Savoie est le fruit du rapprochement de deux cliniques privées de Chambéry. Un projet, un chantier, un concept, concrétisé en 2009, opérationnel quelques mois plus tard, et récemment inauguré par le ministre de la Santé et du Travail. Son originalité ? Une architecture dernier cri. Au niveau de la structure du bâtiment, de l'aménagement des espaces, de l'organisation des personnels de santé, mais également de l'urbanisation des systèmes d'information, du déploiement des réseaux et de la rénovation des logiciels métier. Tout a été repensé, voire conçu, à partir d'une page blanche.“ Nous avons concentré nos réflexions sur l'analyse des flux des patients. De ces flux dépendent l'organisation des spécialités dans le bâtiment ainsi que le déploiement de l'infrastructure informatique ”, explique Michel Pesenti, directeur fonctionnel de l'hôpital et maître d'ouvrage du projet. Ainsi, dans une même aile de l'établissement, cardiologie, angiologie et chirurgie vasculaire ont été rassemblés au sein du pôle cardio-vasculaire. Les anesthésistes, amenés à rencontrer tous les patients se faisant opérer sont, eux, installés au cœur du bâtiment. Quant aux orthopédistes, grands consommateurs de radiologies, ils sont logiquement situés près du service qui les réalise. Une telle disposition spatiale tombe, certes, sous le sens, et pourtant elle est rarement mise en œuvre dans les hôpitaux, surtout lorsque les bâtiments datent de plus d'un siècle, comme c'était le cas dans les cliniques précédentes.
Séparer les applications métier de la gestion administrative
Les conséquences sur l'informatique sont nombreuses. Les réseaux virtuels (VLAN) déployés pour chaque spécialité sont précisément calés sur les flux des patients et les interactions entre médecins. “ En fonction du poids et de la nature des données échangées entre les VLAN, nous avons déployé des équipements de différentes puissances ”, indique Maxime Favre-Mercuret, de la DSI. Ici des commutateurs à 100 Mbit/s, là du Gigabit, ailleurs des boîtiers POE (bornes réseau autoalimentées) et des bornes Wi-Fi. L'équipe de maintenance informatique du Médipôle, composée de seulement deux personnes, a été accompagnée par un prestataire, Access Ingénierie. Celui-ci a été chargé de concevoir l'architecture réseau, de disposer les matériels (d'origine Cisco) et enfin d'équiper et de redonder les locaux techniques disséminés dans l'établissement.Parallèlement à ces choix d'infrastructure, l'autre chantier portait sur la modernisation des logiciels métier. Le Médipôle aurait pu se doter d'un SIH (système d'information hospitalier), sorte d'ERP de l'hôpital fournissant à la fois les briques administratives et les outils de gestion de soins. Mais il a préféré scinder ces composants en misant sur deux offres logicielles distinctes. “ Si les SIH sont séduisants en théorie, ils restent trop rigides. Et nous ne souhaitions pas qu'en cas de problème sur la partie médicale du SIH, les médecins remettent en cause l'ensemble de la solution, dont la brique administrative ”, détaille Michel Pesenti.Le point d'orgue de cette modernisation logicielle est l'élaboration du dossier patient de l'hôpital. La priorité était de disposer d'un espace agrégeant toutes les données médicales produites au cours du séjour du patient et dans les différents services : comptes rendus du bloc opératoire, d'hospitalisation, de radiologie, résultats d'examens, prescriptions… “ Les éléments saisis dans le dossier par un chirurgien sont récupérés par ses confrères, un anesthéiste par exemple. Ceci évite les ressaisies. Par ailleurs, ces informations sont en lien avec le planning opératoire et avec celui de la réservation de lits ”, poursuit-il. Ce dossier médical, auquel il ne manque aujourd'hui que la prescription, est accessible par les médecins et les infirmières, partout dans l'hôpital, via des postes de consultation disséminés dans l'établissement, ainsi qu'en mode itinérant, grâce à des accès Wi-Fi. Les professionnels de santé scannent le bracelet électronique du patient et accèdent directement à son dossier, sans possibilité d'erreur d'identité, via un système de douchette.Pour construire ce dossier, le logiciel de gestion de soins Expert Santé a dû être interfacé avec deux autres groupes de logiciels : ceux, verticaux, utilisés par exemple pour la production de la radiographie ou les résultats d'examens biologiques, et ceux dévolus à la gestion administrative de l'hôpital, fournie par Sigems. Expert Santé et Sigems échangent notamment des éléments comme l'identité du patient, les actes médicaux réalisés (en vue d'un codage selon les modalités de la tarification à l'acte), ainsi que des informations relatives aux ressources consommées (lits, médicaments, prothèses…). Les interfaces normalisées proposées par Expert Santé ont d'ailleurs contribué à sa sélection par l'établissement savoyard (les deux cliniques l'utilisaient déjà auparavant, mais a minima).
Fédérer les praticiens autour d'une structure commune
Aujourd'hui, les briques du Médipôle et de son système d'information sont à peine sèches. Il reste encore à faire. Par exemple, rajouter au dossier la fonction de prescription médicamenteuse, qui devrait être opérationnelle dans les semaines à venir. “ Chaque spécialité de médecin a sa représentation des médicaments. Pour beaucoup, il est plus simple d'écrire sur un papier sa posologie et ses changements de traitement plutôt que de saisir la référence du remède et ses dosages propres ”, admet Michel Pesenti. Il apparaît donc prioritaire de fédérer les praticiens autour d'une structure commune.Autre outillage manquant : la gestion documentaire. Pour l'heure, le Médipôle ne dispose ni d'arborescence, ni de référentiel, ni de stratégie de diffusion documentaire. “ La définition de cette stratégie et l'affectation des rôles qui en découle ne peuvent pas être uniquement théoriques : elles doivent être testées sur le terrain. Il s'agit de déterminer qui réalisera la mise à jour des protocoles et des procédures, qui diffusera les comptes rendus, ou encore qui remplira les fiches de dysfonctionnement… ”, ajoute le maître d'ouvrage.Enfin, les équipes projet poursuivent leur travail de sensibilisation auprès des médecins. Elles avaient déjà convaincu ceux dont les logiciels métier étaient trop cloisonnés de les remplacer par des modules verticaux d'Expert Santé (en permettant à d'autres de continuer à exploiter leurs outils historiques intégrés entre-temps à Expert Santé). En jouant notamment la carte du support et celle de l'assistance interne. “ Aujourd'hui, nous incitons ceux qui ne le font pas encore à utiliser au maximum les fonctions d'agenda partagé. Et nous formons les infirmières sur Expert Santé, précise Pierrick Tissot, de la DSI. Car elles saisiront, dans le futur dossier infirmier, les constantes du patient lors de son séjour, et les données paramédicales. Elles récupéreront aussi dans leur espace les prescriptions saisies par les praticiens. ”
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