Le miroir aux alouettes des plans de départs volontaires
L'appel au volontariat peut se révéler néfaste pour l'entreprise comme pour les salariés
Alcatel-Lucent, Bouygues Telecom, HP, Microsoft, Oracle, SFR… Pas moins d'une dizaine de plans de réduction d'effectifs ont été annoncés cet été dans le secteur IT. Avec un dénominateur commun. Constructeurs, éditeurs, opérateurs et équipementiers ont très largement choisi de procéder à des plans de départs volontaires afin d'éviter les licenciements secs. “ Qui peut croire une chose pareille quand on voit la situation économique du pays et celle du marché de l'emploi ! ”, s'étrangle Xavier Tedeschi, fondateur du cabinet Latitude RH, qui accompagne les entreprises dans leurs projets de transformation. Aujourd'hui, on ne licencie plus ! “ Cela entache l'image de l'entreprise. ” Alors, pour sauver les apparences, les managers ont la délicate mission de susciter des vocations au départ.Instauré en 2005, le principe du volontariat reposait pourtant sur un objectif noble. Il s'agissait de permettre à des employés dont les postes n'étaient pas menacés de partir pour un nouvel emploi ou de créer leur société, en remplacement des collaborateurs désignés. Dans les premières années de la mise en place de ce dispositif, les salariés se portant volontaires étaient limités en nombre et mus par un vrai projet de reconversion. Les autres entraient alors dans le cadre d'un plan de licenciement classique.Aujourd'hui, la généralisation du dispositif a introduit des biais et se révèle contre-productif pour les deux parties, estime Xavier Tedeschi. “ D'un côté, les salariés vont “ volontairement ” s'inscrire à Pôle emploi. De l'autre, les sociétés gardent en interne des candidats au départ écartés devant l'affluence de volontaires. ” L'entreprise se trouve à gérer des salariés d'autant plus démotivés qu'elle s'est focalisée sur les départs en négligeant les autres. Avec, en prime, le risque de se retrouver devant les prud'hommes parce qu'un salarié s'estime lésé dans la procédure de départ. La mise en place de critères d'éligibilité au départ volontaire ? ancienneté, charge de famille, compétences… ? vise à prévenir ce type de contentieux. “ Il s'agit des critères servant à établir l'ordre des licenciements. Autant, donc, assumer ces derniers lorsqu'ils sont nécessaires, et ouvrir à un volume restreint de postes les départs volontaires ”, conclut Xavier Tedeschi.
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