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Les webOS virtualisent le poste de travail au sein du navigateur. Ils s'appuient sur des frameworks Flash ou DHTML et Ajax. Une vingtaine d'éditeurs ont investi le domaine.
' Windows va devenir un simple jeu de pilotes destiné à faire fonctionner le navigateur de Netscape ', prédisait Marc Andressen. Treize ans plus tard, la prophétie du fondateur de
Netscape ne semble plus farfelue. Les applications à la demande (Saas, pour Software as a Service) ont conquis les entreprises, et les développeurs se focalisent sur les clients riches internet (RIA). Une vingtaine d'éditeurs offrent déjà des webOS.
Ceux-ci fournissent les mêmes services qu'un système d'exploitation (OS), excepté que les applications s'exécutent dans un navigateur, au-dessus d'un framework en Flash ou en DHTMLetAjax. Internet Explorer et Firefox vont-ils remplacer les bureaux
de Windows et de Linux, et reléguer ces OS au rang de simple couche technique ? Tout porte à le croire. Nous assistons à l'émergence d'une nouvelle plate-forme d'exécution et de développement de logiciels.Avec l'arrivée des services web et des liaisons haut débit, les applications remplacent les pages HTML, et les services et autres widgets (composants s'exécutant sur le bureau) les bibliothèques de fonctions locales (DLL de Windows).
Bref, le navigateur peut ainsi être considéré comme une machine virtuelle, qui abstrait le système d'exploitation sous-jacent.
L'équivalent de Windows
Seulement, ' un navigateur ne fournit aucun socle de développement. C'est un peu comme si Windows ne proposait ni couche graphique ni interfaces de programmation ', constate Jérémy
Chatard, le directeur technique de la SSII Breek.Les frameworks combinant DHTML et Ajax sont apparus, il y a trois ans, pour combler cette lacune et accélérer la création de RIA. Ils améliorent l'ergonomie des applications web en proposant des contrôles graphiques similaires à ceux
des clients lourds : glisser-déposer, copier-coller, mise à jour partielle de l'écran, etc. ' Les webOS qui émergent assemblent les frameworks DHTML et Ajax existants dans une interface graphique complète avec une API
homogène pour la manipuler. Ils offrent aussi un système de fichiers et un conteneur d'applications qui aide le développeur à se concentrer sur les seuls aspects métier ', détaille Jérémy Chatard. Les éditeurs proposent donc
l'équivalent des API graphiques Win32 ou de GTK (une des couches graphiques de Linux), directement dans le navigateur. Si l'on prend le plus petit dénominateur commun, un webOS comprend une interface graphique constituée d'un ensemble de contrôles
graphiques et de librairies de fonctions.
Les données présentes sur le serveur
70 % des webOS sont écrits en Javascript, HTML et feuilles de style (CSS) et 30 % en Flash. Et, au c?"ur du système, le conteneur d'application prend en charge toute la dimension technique : gestion du profil de
l'utilisateur, sécurité, système de fichiers, cache et synchronisation des données, etc. Le webOS est chargé et s'exécute dans le navigateur à chaque démarrage. Les applications s'exécutent, elles aussi, dans le navigateur dont certains traitements
métier peuvent être déportés du côté du serveur. Le référentiel de données réside, quant à lui, sur le serveur pour être accessible à partir de n'importe quel poste client.Les outils de développements qui accompagnent ces webOS sont déjà très avancés. Google Web Toolkit (GWT), par exemple, fournit un compilateur qui traduit un code Java et les contrôles graphiques associés en DHTML. Comme ses
partenaires ont créé un environnement de développement rapide Wysiwyg pour GWT, ' il n'y a plus de différence entre développer un logiciel en Visual Basic ou en DHTML-Ajax ', affirme Didier Girard, le
directeur technique de la SSII Sfeir. En revanche, en production, l'application a une parfaite portabilité puisqu'elle ne nécessite qu'un seul navigateur pour pouvoir fonctionner.Au-delà du potentiel technique, le contexte se prête aussi à l'éclosion du concept de webOS. D'une part, l'architecture web a réduit le coût total de possession (TCO) des postes utilisateur. D'autre part, l'arrivée de Vista pousse
certaines entreprises à envisager une alternative à Windows. A périmètre fonctionnel constant, le passage à Vista leur coûterait, en effet, en moyenne 2 800 euros supplémentaires par PC, selon le cabinet d'études IDC.
Poussé par la popularité du modèle Saas
Plutôt que d'envisager une migration des postes utilisateurs vers Vista, Linux, ou Mac OS, pourquoi ne pas en finir définitivement avec la mise à niveau récurrente des PC et envisager de migrer vers le navigateur ? Une hypothèse
que des entreprises prennent très au sérieux. Elles sont déjà convaincues par le modèle des applications hébergées (Saas) qui reposent le plus souvent sur une architecture web. Selon le cabinet d'études Markess International, 69 % des
entreprises qui utilisent des applications hébergées vont, cette année, maintenir ou augmenter le nombre de logiciels qu'elles louent. Face à un tel consensus, 60 % des éditeurs estiment que le marché du logiciel basculera vers le mode locatif
hébergé d'ici à quatre ans. Et les trois quarts d'entre eux pensent même que les progiciels de gestion intégrés (PGI) n'y couperont pas. Tous les éditeurs tentent donc de créer ' LA ' plate-forme
applicative web qui chapeautera Windows, Linux et leurs acolytes.Indépendamment des technologies, les architectures retenues divergent fortement. Précurseur,
Salesforce.com propose une fusion intéressante entre un PGI et un système d'exploitation. Comme dans un système d'exploitation, les applications qui reposent sur AppEx (le socle technique
d'AppExchange) partagent exactement la même interface, les mêmes comportements, le même modèle de sécurité, etc. Elles s'exécutent du côté du serveur et peuvent être utilisées depuis un navigateur ou via des services web. Comme dans un PGI, elles
partagent le même modèle de données. AppEx ouvre donc la voie au développement d'un webOS métier et hébergé.En parallèle, des éditeurs développent un concept de bureau virtuel grand public (webtop). Ces pages d'accueil personnalisables agrègent dans un même écran des applications provenant de différents éditeurs. Google et Netvibes
proposent ainsi une API simple à utiliser pour créer une nouvelle application appelée widget. Contrairement au modèle de
Salesforce.com, ce widget est un service distant fournit par un serveur tiers. Ces deux éditeurs proposent donc l'équivalent d'un portail hébergé sur lequel aucune intégration n'est encore possible
entre les différents composants de l'écran.D'autres éditeurs tels que Sapotek, YouOS, Orca, EyeOS, Goowy ont repris le principe de Netvibes, mais en proposant une interface graphique plus proche des bureaux Windows, Mac OS et Linux. Cette interface graphique (DHTML-Ajax ou
Flash) s'exécute entièrement dans le navigateur, le serveur web ne servant qu'à déployer le webOS à chaque démarrage. Certains encore, Fenestella par exemple, se distinguent en proposant d'installer le serveur directement au sein de l'entreprise, là
où
Salesforce.com, Netvibes et Goowy imposent leurs serveurs.Au final, c'est un éditeur français, eXo, qui semble avoir trouvé le meilleur compromis entre toutes ces approches. Pour cela, eXo a redessiné l'interface cliente de son portail en copiant l'ergonomie de Windows et de Mac OS.
L'interface de son webOS s'exécute dans le navigateur tandis que les traitements métier restent du côté du serveur. ' Ainsi, nous ne remettons pas en cause les investissements de nos clients, déclare Benjamin
Mestrallet, directeur technique d'eXo. Au contraire, nous tirons partie des atouts du portail en termes d'intégration applicative, de sécurité et de coût de maintenance. Nous faisons seulement évoluer l'interface
utilisateur. '
Un début de standardisation
Nul ne sait encore laquelle de ces approches rencontrera le succès. Mais les différents protagonistes de ce marché ont bien compris que c'est la richesse de leur écosystème, donc le nombre d'applications disponibles, qui fera que leur
webOS s'imposera ou tombera aux oubliettes. En attendant, ' les initiatives pour garantir la portabilité des applications sur n'importe quel webOS se multiplient ', observe Nipun Jain, directeur
technique d'Orca. Cet éditeur a lancé le programme webOS API. De son côté, le consortium W3C travaille sur sa spécification Widget 1.0. Mais c'est l'initiative Universal Widget API (UWA) de Netvibes qui rencontre le plus de succès. Plus de
2 000 développeurs ont rallié ce programme dans les deux jours qui ont suivi l'annonce. ' Des éditeurs nous ont approchés pour utiliser UWA à la fois sur le web et les téléphones mobiles, lance Tariq Krim,
fondateur de Netvibes. Grâce à UWA, un widget développé pour Netvibes fonctionne sans aucune modification sur le webOS de Google, le dashboard d'Apple, le système de widget d'Opera, le client Apollo d'Adobe, et sur les
blogs. 'Les grands de la communauté Java - Apache, Adobe, BEA, IBM, Novell, Oracle Red Hat, SAP, Sun, Tibco, Vignette - suivent le même chemin avec la JSR 286 qui standardise les échanges Ajax au sein d'un portlet. Même si la
norme ne sera finalisée que cet été, IBM accepte déjà pour WebSphere Portal les applications développées pour Google Homepage. L'architecture du webOS se dessine et se standardise donc progressivement.redaction@01informatique.presse.fr
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