Le nez dans le plat
Les limiers du Truffle 100, palmarès des éditeurs européens, présentent une industrie dynamique, mais trop éclatée pour compter.
A l'origine centré sur l'Hexagone, le Truffle 100 prend aujourd'hui de la hauteur. Ce classement des cent plus gros éditeurs de logiciels, établi par la société de capital investissement Truffle Venture, couvre désormais les pays de l'Union européenne, en s'étendant à la Suisse et à la Norvège. Un changement d'échelle qui donne le vertige... Et se solde par un camouflet à notre fierté nationale : le numéro un est allemand et s'appelle SAP. Il a engrangé 8,5 milliards d'euros en 2005. Soit plus de 40 % du total des revenus du Truffle ! Le second, très loin derrière, le Britannique Sage, n'annonce ' que ' 1,1 milliard d'euros de chiffre d'affaires. Et nos champions hexagonaux, Dassault Systèmes et Business Objects, à quelques encablures, respectivement 934 et 865 millions d'euros. Le reste du tableau dessine le paysage d'une industrie hétérogène dominée par une poignée de grands groupes : 80 % des revenus des sociétés étudiées sont générés par moins du quart d'entre eux (23).Ensemble, les sociétés du Truffle européen pesaient 20,7 milliards d'euros en 2005. Pas mal, direz-vous ? C'est moins que le chiffre d'affaires du seul Microsoft : la même année, le géant de Redmond dégageait 34,5 milliards d'euros ! Malgré cette disparité, l'industrie logicielle européenne a toutes les raisons du monde de croire en l'avenir : elle tire parti d'une phase de croissance (+15 %), elle crée des emplois, et même son extrême morcellement constituerait un atout, car il favoriserait l'innovation. Interrogés par Truffle Venture, les éditeurs européens ont une petite idée de ce qui pourrait accélérer leur développement. Ils réclament le bénéfice d'un système de discrimination positive ainsi que des programmes de recherche élaborés à léchelle du Vieux Continent.