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Alcatel et Lucent Technologies vont donc fusionner d'ici à la fin de l'année. Un mouvement qui traduit une accélération de la recomposition parmi les grands équipementiers télécoms, alors que le sort de certains est toujours en suspens.
Après le feu vert, début septembre, de leurs assemblées générales respectives, la fusion entre Alcatel et l'américain Lucent Technologies devrait être effective avant la fin de l'année. Largement disséqué, y compris dans nos colonnes, l'événement, compte tenu de la taille des deux entreprises, est sans précédent chez les équipementiers. Certes, on avait assisté à des mouvements spectaculaires durant la bulle internet, comme le rachat d'Ascend Technologies par Lucent pour 19,2 milliards de dollars début 1999, mais il s'agissait alors d'opérations essentiellement financières, où la logique industrielle passait au second plan. Cette fois, c'est exactement à l'inverse qu'on assiste, puisqu'il s'agit de marier deux équipementiers de premier plan, quand bien même Lucent n'est pas au mieux de sa forme.
Le numéro un mondial des équipementiers généralistes
Concrètement, la nouvelle société (détenue à 61 % par les anciens actionnaires d'Alcatel, et qui s'appellera Alcatel Lucent) se positionne comme le numéro un mondial des équipementiers généralistes (hors terminaux), présent aussi bien dans les réseaux fixes et les infrastructures cellulaires (où Alcatel vient de racheter les activités UMTS du canadien Nortel Networks) que dans les réseaux d'entreprise. Autre caractéristique de ce nouveau groupe : sa présence fort équilibrée entre l'Europe, les États-Unis et l'Asie-Pacifique.Sur le plan opérationnel, l'ensemble sera dirigé par Patricia Russo, l'ancienne patronne de Lucent, Serge Tchuruk en assurant la présidence non exécutive. Ex-numéro deux d'Alcatel, un moment pressenti pour succéder à Serge Tchuruk, l'Australien Mike Quigley occupera le poste de président Technologie et Stratégie, quoique certains le donne partant pour Telstra. À noter que la fonction de directeur marketing sera confiée à John Giere, actuel titulaire du poste chez Lucent. Sur le papier, le nouveau groupe est donc en ordre de bataille. Reste à transformer l'essai, tout en sachant que ce rapprochement n'est pas un cas isolé, si l'on songe au rachat de Marconi par Ericsson fin 2005 ou au récent mariage des activités infrastructures de Nokia et de Siemens (lire 01 Réseaux, n?' 163, p. 8).Fort de trois grands acteurs reconfigurés, et à l'heure où la consolidation touche également leurs clients opérateurs, notamment aux États-Unis, les équipementiers télécoms semblent mieux armés qu'auparavant pour affronter les défis des prochaines années. Parmi ces derniers, citons la convergence fixe-mobile, les coûts de production et la concurrence asiatique, notamment celle des industriels chinois (Huawei vient d'être retenu dans l'UMTS par Vodafone en Espagne et P4 en Pologne).
Quel avenir pour Nortel, Siemens, Motorola... ?
Autre enjeu, le destin de Nortel, le dernier généraliste, et celui de l'activité PBX de Siemens (qui a finalement décidé de conserver sa division de services informatiques, Siemens Business Services), mais aussi celui de certains équipementiers absents du fixe comme Motorola, qui vient de racheter Symbol Technologies, tout en se rapprochant de Huawei avec l'ouverture d'un centre de recherche-développement commun à Shanghai.À surveiller également le sort des terminaux cellulaires de Sagem (qui a fusionné l'an dernier avec la Snecma pour donner naissance à Safran), que convoitait Motorola mais auquel Bercy (l'État détient directement 31,3 % du capital de Safran) aurait mis son veto.