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Branle-bas de combat dans le secteur de la distribution : les grandes enseignes s'opposent aux réseaux de paiement, aux opérateurs télécoms et aux nouveaux entrants. Objectif : contrôler les transactions passant par les mobiles.
Sur les stands des 500 exposants de l'édition 2012 d'Equipmag, le salon du secteur de la distribution, la problématique du cross-canal était omniprésente. Le web, et plus encore la mobilité, sont en effet devenus stratégiques pour les distributeurs, dont beaucoup sont confrontés à une sévère baisse de fréquentation de leurs points de vente. Et si tous offrent aujourd'hui des applications pour smartphone, leur prochaine bataille se portera sans nul doute sur les systèmes de paiement. McDonald's, par exemple, a lancé durant l'été, son expérimentation du paiement mobile : 30 restaurants parisiens ont ainsi été choisis pour tester la prise de commande et le paiement mobile via Paypal sur l'application GoMcdo. “ C'est dans la restauration rapide que le paiement mobile démarrera le plus vite, affirme Didier Durand, représentant de l'AFSCM (Association française du sans-contact mobile). Quand on réduit la durée du paiement de dix-huit à trois secondes seulement, c'est très important dans ce secteur où payer est quelquefois aussi long que servir le client. ” Autre approche, celle de la chaîne Starbucks qui a annoncé un accord avec Square pour accepter ce moyen de paiement dans les 7 000 points de vente de l'enseigne aux Etats-Unis. Ce système de paiement permet à l'internaute de régler ses achats en boutique simplement en scannant la piste magnétique de sa carte bancaire sur son smartphone. Une solution qui a séduit 2 millions d'utilisateurs.Plus ambitieux techniquement, car s'appuyant sur les puces sans contact NFC, le service Google Wallet connaît un déploiement bien plus lent. Les analystes, qui voyaient dans le NFC le moteur du paiement mobile, ont dû revoir leur copie : le paiement mobile décolle, mais largement porté par le paiement distant et l'échange d'argent par mobile. Le cabinet Gartner estime le marché à 172 milliards de dollars cette année et à 600 milliards à l'horizon 2016. Juniper s'attend, lui, à plus du double en 2017.
Huit acteurs déjà fédérés dans l'Hexagone
Tout comme Google, les opérateurs de télécoms poussent le mobile NFC comme moyen de paiement. AT&T, Verizon et T-mobile se sont alliés pour engendrer Isis, un système de paiement NFC aux Etats-Unis. En France, l'AFSCM, qui fédère quatre opérateurs mobiles, trois banques et Veolia Transport, annonce plus de 1 million de smartphones Cityzi vendus. Ces smartphones, équipés d'une puce NFC et d'une carte SIM compatible, sont notamment mis à profit par BNP Paribas pour son service de paiement sans contact Kix.En ce qui concerne les points de vente, Ingénico affirme que 55 % des lecteurs autonomes qu'il vend aux commerçants français sont aujourd'hui compatibles NFC, un taux qui atteint 85 % des lecteurs installés en grande surface. Le parc s'étend, et si certains, comme Flunch et Cora, sont en phase d'expérimentation, Carrefour diffuse depuis plusieurs années ses cartes Pass compatibles NFC et a équipé ses caisses de 25 000 lecteurs Verifone.Les établissements bancaires diffusent maintenant massivement des cartes bancaires sans contact. Selon le groupement CB, 4,2 % du parc français est compatible avec le sans-contact (soit 2,5 millions de cartes en circulation). Côté marchands, seulement 1,4 %, soit 16 540 points de vente, seraient actuellement équipés. Mais selon un installateur, la progression est rapide : les lecteurs compatibles NFC sont commercialisés sous les prix de la génération précédente.Les banques espèrent prendre de vitesse les commerçants qui pourraient être tentés de se passer de leurs services. Car, si en France les grandes enseignes de la distribution agissent en ordre dispersé, les grands distributeurs américains ont décidé de prendre leur destin en main. Cet été, ils ont annoncé la création de leur propre système de paiement mobile, MCX (Merchant Customer Exchange). Parmi les promoteurs de ce projet, figurent les fleurons de la distribution américaine : le géant Walmart, Best Buy, Sears et Target. A eux tous, ils représentent un chiffre d'affaires supérieur à 1 000 milliards de dollars, et tout l'intérêt de MCX est bien là : un système mutualisé qui fédérera des millions de transactions chaque mois. Une mine d'or pour le marketing qui sera en mesure d'analyser l'ensemble de ces achats et d'alimenter les équipes marketing de ces enseignes en données comportementales. “ Si le secteur a un peu hésité, c'est que les investissements sont lourds et qu'il y avait une vraie peur de se tromper. En 2013, on verra le paiement sans contact se déployer largement dans les magasins ”, assure Didier Durand.
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