L'image de société d'intérim de luxe colle de moins en moins à la peau des SSII. Face à la pression tarifaire qu'exercent les entreprises, les sociétés de services informatiques ne se contentent plus d'être de simples
pourvoyeuses de profils techniques. Elles lancent désormais de véritables programmes d'investissement dans des outils logiciels et des méthodes. Les fameux centres de services industriels en sont la partie émergée. Cette nouvelle approche a
bouleversé la façon de pratiquer la maintenance des applications. Exécutée, à l'origine, par des informaticiens délégués sur le site du client, cette prestation s'effectue de plus en plus à distance, dans les locaux du prestataire. L'une des
tendances à observer dans les prochaines années sera donc l'accentuation de cette forme de délocalisation. Selon le cabinet d'études Pierre Audoin Consultants (PAC), en 2005, 40 % du volume des prestations de TMA sont encore exécutées sur le
site du client, et environ 60 % chez le prestataire.
Une délocalisation plus lointaine va s'accentuer
Pour l'instant, la plupart des SSII françaises ont opté pour une solution intermédiaire : la délocalisation dans des centres de province. La mutualisation des équipes et la différence de salaire entre Paris et la province
(15 % en moyenne) leur ont permis de s'aligner sur les baisses de tarifs exigées par les DSI et sur les services achats des entreprises. Seuls 3 % du volume des contrats de TMA sont exécutés en mode offshore, toujours selon PAC. Mais, a
priori, rien ne s'oppose à une délocalisation plus lointaine dans les pays à bas coûts salariaux, comme le sous-continent indien ou la Chine. D'autant que les procédures de TMA sont en général bien rodées. ' A la langue et au
décalage horaire près, c'est somme toute la même chose de pratiquer le nearshore ou l'offshore ', juge Richard Peynot, analyste senior chez Forrester Research. En fait, le périmètre du ' front
office ', partie de la prestation qui reste à proximité du client, et le ' back office ', celle exécutée dans un centre de production éloigné, varie selon les projets. Sopra
définit ainsi quatre modèles de répartition entre ses clients français et son centre situé à Madrid. Au niveau 0, toute la production est délocalisée ; seul un commercial demeure en contact direct avec le client. Au niveau 4, les spécifications
détaillées et la qualification restent proches du client ; le centre de services ne s'occupe alors que de la partie développement.La TMA devient gestion de patrimoine applicatif
Avec la création des centres de services, la TMA devient une prestation mieux planifiée, et son périmètre s'étend. Pour traduire ce changement, les grandes SSII françaises reprennent désormais à leur compte le concept d'AMS (ou
gestion de patrimoine applicatif). ' On externalise la maintenance, mais aussi les projets de développement liés à un patrimoine géré, décrit Catherine Le Louarn, directrice associée du cabinet de conseil KLC.
On travaille en plans de version, exécutés comme des projets, plutôt que de gérer les évolutions au fil de l'eau. ' De tels aménagements ne concernent que les projets de dimension honorable : on assiste ainsi
en général au regroupement de plusieurs TMA sous un seul contrat. A grande échelle, le contrat pluriannuel conclu entre Renault et Atos Origin entre dans cette catégorie. Comme dans un contrat d'infogérance d'infrastructure, un projet de gestion de
patrimoine est structuré en lignes de services : gestion des incidents (maintenance corrective) ; gestion des évolutions, tests et recette (TRA) ; assistance téléphonique applicative, etc. Le support applicatif reste néanmoins un
sujet épineux. Doit-il demeurer en interne ou être géré par le prestataire ? De plus, les interlocuteurs étant très divers d'un constructeur automobile à une banque, la mutualisation s'avère difficile.En parallèle, on devrait assister à une généralisation des démarches qualité, l'intégration des principes du modèle normatif CMMI n'en étant qu'à ses prémices en France. Seules les grandes SSII internationales ont franchi le
pas. En outre, la promotion des outils de test peut encore saméliorer. ' Leur utilisation reste très rudimentaire, juge Catherine Le Louarn. Ils ne sont pas simples à appréhender sur le plan technique et
requièrent de la méthode. ' Les sociétés de services recourent massivement à des outils maison. Les tests sont encore perçus par certains clients comme un surcoût. Notamment, ceux de charge et de non-régression.
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