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La technologie accélère la réallocation de ressources entre serveurs. Mais les mises en ?"uvre actuelles sont toutes propriétaires. En adopter une revient donc à devoir rester avec le même fournisseur pendant plusieurs années. À quand une standardisation ?
Les faits
Les solutions de virtualisation des entrées-sorties pleuvent cet automne. Xsigo, une jeune pousse très attendue sur ce terrain, vient de lancer un surprenant premier produit : un commutateur indépendant des serveurs, du réseau et du stockage. Quant à Egenera, IBM et HP, ils ont annoncé les uns après les autres la mise à jour de leurs solutions pour châssis lames.
L'analyse
Virtualisation, étape deux. Au départ, il s'agissait surtout de consolidation. En regroupant plusieurs petits serveurs en un seul, plus gros et plus facile à administrer. Aujourd'hui, un autre usage s'impose : mettre en place des fermes de serveurs pour y répartir les traitements à la volée en fonction de la charge applicative ou des besoins en temps de réponse. Mais cette vision idyllique se heurte aujourd'hui à plusieurs problèmes fondamentaux.Dans un environnement SAN, par exemple, les ressources de stockage sont attribuées à chaque serveur en fonction de l'adresse physique de son adaptateur (World wide Name ou WWN). Idem quand il s'agit d'isoler des machines en réseau virtuel : chacune reçoit une adresse IP en fonction de l'adresse physique de sa carte réseau (MAC). Du coup, si un traitement bascule d'un serveur physique à un autre, il peut se retrouver dans un autre réseau virtuel et perdre son accès au stockage. Seule solution : réassocier chaque fois, à la main, machine physique et ressources. Inacceptable sur une infrastructure dite dynamique !
Stabiliser l'accès au stockage
C'est pourquoi les offres de virtualisation des entrées-sorties se multiplient actuellement. Elles créent un niveau d'abstraction supplémentaire entre le réseau, le serveur et le stockage. L'application ou le système d'exploitation peut donc conserver les mêmes adresses MAC ou WWN virtuelles, même si leur équivalant physique a changé. Cela réduit le casse-tête du câblage et facilite les déplacements de machines virtuelles. Si l'objectif de ces solutions reste identique, elles diffèrent dans leur mise en ?"uvre. Chez Egenera, HP, IBM et Sun par exemple, plus rien n'est inscrit ' en dur ' dans les cartes d'entrées-sorties. Les adresses MAC et WWN sont gérées directement par le logiciel interne du châssis lame. Les affectations et réaffectations passent désormais par la console d'administration ce qui simplifie largement la réallocation de ressources vers un autre serveur physique.
Des utilisateurs captifs de leur fournisseur
Mais attention ! Ces solutions restent propriétaires et rendent l'utilisateur captif du fournisseur de châssis. Impossible, par exemple, de basculer dynamiquement les traitements d'un rack Dell vers une machine IBM. L'idéal serait donc d'intégrer la virtualisation directement aux adaptateurs et aux commutateurs. Xsigo, le plus en avance sur la question, propose un boîtier intermédiaire totalement transparent, par lequel transitent l'ensemble des accès au réseau et au stockage.Il est marqué de près par Cisco qui, depuis son rachat de Topspin, propose désormais un commutateur Infiniband capable de contrôler la façon dont le trafic est redirigé entre les serveurs, le stockage et le réseau. Les fabricants d'adaptateurs SAN (HBA) ne sont pas en reste : Emulex et QLogic développent actuellement des solutions permettant à plusieurs identifiants fibre channel de partager un même port (NPIV).Toutes ces offres n'ont qu'un objectif : isoler le réseau et le stockage des changements qui pourraient intervenir côté serveur. Mais elles s'avèrent, elles aussi, propriétaires. Ce qui peut poser des problèmes en matière de support technique multimarque par exemple. Personne n'aime être contraint de n'utiliser que le matériel certifié par son fournisseur de commutateurs.
Vers une intégration au sein des processeurs
Une standardisation serait donc la bienvenue. On attend donc beaucoup des travaux du groupement PCI Express sur la virtualisation des entrées-sorties (PCI-SIG on IOV).On surveillera aussi de près ce que préparent les fabricants de composants comme AMD ou Intel. Ils prévoient en effet d'intégrer ces technologies au sein des processeurs et des cartes mères. Le fond de panier propriétaire ne serait donc plus nécessaire.Malheureusement, aucun calendrier précis n'existe aujourd'hui. En attendant, les plus avides candidats à la virtualisation n'auront d'autre choix que de s'enchaîner à leur fournisseur préféré.
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