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Après avoir analysé les scénarios qui poussent à l'adoption d'architectures orientées services, comment les DSI s'y prennent-ils pour mettre celles-ci en ?"uvre ? L'examen des logiciels disponibles montre qu'elles
s'apparentent davantage à un concept architectural qu'à une technologie. Le pragmatisme prévaut.
' Lorsque nous avons démarré notre chantier, vers 2002, aucune offre méthodologique n'était estampillée SOA. Nous appelions cela " Amos ", pour architectures et méthodologies
orientées services ', se souvient Jean-Michel Detavernier, deputy CIO de l'assureur SMABTP. Autrement dit, les DSI faisaient de l'architecture orientée services comme Monsieur Jourdain de la prose.
' Les entreprises sont allées plus vite que l'offre des éditeurs, car leurs besoins étaient plus pressants, abonde Frédéric Godet, DSI Europe de ThyssenKrupp Elevator. C'était d'autant mieux pensé qu'il ne
s'agissait plus de progiciels, lourds à mettre en ?"uvre, mais de services rapides à déployer. ' En l'espace de quatre ans, les choses ont sérieusement évolué.' En général, les DSI commencent par de petits chantiers pour se faire la main, avant de généraliser la méthode ', explique Thomas Been, ingénieur avant-vente chez Tibco, un des
grands éditeurs de logiciels de modélisation des processus et d'architectures orientées services. A l'instar de Pascale Montrocher, directeur des technologies et innovations informatiques pour l'automobile chez Renault :
' Nous amorçons la pompe avec des services réutilisables de façon opportuniste, lorsque nous lançons de nouveaux projets ?" auquel cas, ceux-ci touchent un maximum de métiers ?" ou parce que ces services seront
très efficaces à court terme. ' Une fois convaincus, ou rassurés sur la pertinence de la méthode, les responsables informatiques s'attaquent à des projets de plus grande envergure.
Une trouvaille : user de son progiciel comme d'une base de données
A l'épreuve des faits, l'imagination des DSI se révèle incroyablement fertile. Notamment quand il s'agit de conserver le progiciel de gestion intégré historique qui constitue l'épine dorsale du système d'information de
l'entreprise. ' Depuis 1998, nous avons massivement investi dans la version 3 du PGI Adonix. Laquelle est démunie d'environnement graphique ', explique Christophe Lemée, DSI de Shopping Service, filiale
de Métropole Télévision (M6). Difficile alors d'ouvrir le système de prise de commandes des quarante boutiques télévisuelles (M6, Paris Première, Séries Club, Téva...) à l'ensemble des médias interactifs : télévision interactive, mobile
3G, sites web de prise de commandes, minitel, catalogue papier avec lecture des codes-barres par un téléphone portable doté d'un appareil photo... Et de le concilier avec l'ouverture du premier magasin physique de l'enseigne à Paris.Pour rejouer tous les scénarios d'achat, Shopping Service mise sur le serveur SOA Convertigo de Twinsoft, qui connecte les interfaces en client léger au progiciel au travers de services. Mais Christophe Lemée recourt à une ruse
spectaculaire : il utilise son progiciel de gestion intégré comme d'une base de données. ' Comme les données de la base d'Oracle sont statiques, je préfère accéder à mes données au travers du PGI. Ce qui garantit, d'une
part, l'exécution des traitements développés dans le noyau du PGI lui-même. Et d'autre part, l'intégrité des données. Je n'ai plus besoin de lancer la requête et, ensuite, d'interpréter les réponses. Celles-ci apparaissent directement en
clair. ' Une astuce qui devrait faire des émules. Au c?"ur de ce mécanisme : le connecteur Telnet (norme de présentation non graphique des écrans Adonix, Ansi et VT), fourni en standard dans Convertigo. De quoi
élaborer des services par échanges de flux XML. ' Je pose les questions à Convertigo en XML, qui les traduit en Telnet à mon progiciel. Lequel répond en Telnet à Convertigo, qui, à son tour, les retraduit en XML. Ainsi, j'ai
normalisé nativement mon dialogue avec le progiciel par la couche XML ', se réjouit Christophe Lemée. A l'arrivée, cette architecture automatise les tâches.
Lutter pied à pied contre le point à point
Pragmatisme oblige, les logiciels d'intégration d'applications d'entreprise (EAI, Enterprise Application Integration) ont toujours la cote, bien qu'ils aient tendance à être remplacés par des logiciels ESB (Enterprise Service
Bus), au mode de connexion entre applications plus simple. C'est le cas chez Spot Image, qui gère des satellites d'observation de la planète. En gros, tout nouveau satellite embarque des capteurs plus précis, ce qui bouleverse en profondeur le
système d'information, lequel doit offrir un traitement d'images plus puissant. Ainsi que des services plus complexes : donner la possibilité à une filiale de passer une commande d'images, ou de mettre en place une
' charte des risques ', laquelle consiste à fournir en urgence, et automatiquement, des images d'une catastrophe naturelle. Evidemment, l'informatique doit suivre la cadence... Car la société
risquerait sinon de perdre des commandes. En effet, le processus de commandes et de production tout intégré traverse cinq systèmes d'information : l'accès à Spot Image, le catalogue des produits, la gestion commerciale, la gestion de production
et les ateliers de production ?" des machines à convertir le signal du satellite en images exploitables. Tous les maillons de cette chaîne pouvaient être susceptibles de tomber en panne. Et personne n'avait la vision globale de tout le
processus.Profitant du projet d'un nouvel atelier automatique, capable d'offrir l'orthorectification (un traitement géométrique et radiométrique de l'image pour restituer la vision du relief), Spot Image s'est intéressée en 2004, après un
appel d'offres, au système d'intégration d'applications d'entreprises de WebMethod, qui dispose d'un module de modélisation des processus métier. En ligne de mire : l'architecture des liaisons en point à point, responsable des blocages.
Cependant, ce qui est original dans ce cas, c'est que la modélisation des processus métier ne concerne pas des collaborateurs, mais s'applique à des automatismes du traitement du signal. En revanche, seules les données associées au processus de
commande et de production transitent par le logiciel d'intégration. Pas les fichiers image, trop lourds (quelques gigaoctets). La corrélation entre intégration d'applications et orchestration des données ' fonctionne bien. Et
la publication et la gestion des services web sont très aisées ', souligne Laura Kweitel, responsable du système d'information. Or, ce point a précisément suscité de vifs débats.
Des standards aux vertus démocratiques
' Aujourd'hui, il existe un continuum entre BPM et SOA, entre la modélisation des processus métier, les applications sous formes d'applications composites, et les infrastructures ',
affirme Michel Mariet, responsable marketing middleware chez Oracle. Une évolution bienvenue. Il n'y a pas si longtemps, la modélisation de processus demeurait aux mains d'élites capables d'employer des urbanistes. En effet, les outils n'étaient pas
connectés à ceux des informaticiens, qu'il fallait alors développer ou réécrire. ' A présent, grâce aux standards et à la notion de service, ce qu'un urbaniste va appeler un " quartier " va se traduire
automatiquement en une application composite pour l'architecte et le développeur ', complète Michel Mariet. Ces standards permettent de sortir de l'application métier les services à mettre en commun.La liste est longue ! Citons UML (Unified Modeling Language), qui permet de modéliser un problème de façon standard. Dans les portails de services ou de contenu, JSR 168 (Java Specification Requests) ou WSRP (Web Services
for Remote Portlets). Ce dernier, adopté par Oasis (Organization for the Advancement of Structured Information Standards), agrège les services sur le web, ou même sur les téléphones portables, quand on exécute le processus métier. Fort utile aussi,
Soap (Simple Object Access Protocol) sollicite un service de type SOA sans être obligé de savoir où il se trouve. Quant à BPEL (Business Process Execution Language), il gère l'ensemble de la séquence entre plusieurs services web. En clair, il les
orchestre et fait aussi le lien entre la modélisation des processus métier et le code de l'application du développeur. Aussi bien C#, Java, .Net ou PHP... Il permet donc de décrire l'application composite. Pour sa part, WSDL (Web Service
Definition Language) décrit une interface publique d'accès à un service web. UDDI (Universal Description, Discovery and Integration) est un annuaire de services. Même la sécurité est prise en compte avec, entre autres, WS Security du W3C, stable
depuis trois ans, pour les autorisations d'accès, et SAML (Security Assertion Mark-up Language) d'Oasis, une expression XML des règles de sécurité. Une certitude : ' On ne peut plus imposer une nouvelle technologie qui
voudrait balayer les actifs informatiques de l'entreprise ', résume Michel Mariet.
Un périmètre étendu par l'orchestration de services
Profitant de la disponibilité de ces standards, les DSI évitent, autant que possible, le cauchemar : procéder à une nouvelle urbanisation de tout leur système d'information. ' Je construis avec les
systèmes les plus ouverts possibles ', insiste Georges Fouron, DSI d'Imerys Terre cuite, un des poids lourds de la fabrication de tuiles et briques en terre cuite. Son idée directrice : ne pas tomber dans des
chausse-trappes technologiques. ' Notre richesse réside essentiellement dans les données (les clients, les pro duits...). Toutes les applications sont susceptibles d'être jetées. Je prends celle que j'estime être la
meilleure à un instant donné. ' Ainsi, il y a six ans, il disposait de deux progiciels, pour la finance et l'administration des ventes. ' C'était quelque peu excessif, mais cela a marqué une
étape. ' Aujourd'hui, son système repose sur plusieurs produits d'architecture trois tiers, avec les données d'un côté et les applications de l'autre. A savoir le progiciel de gestion intégré de Generix, l'outil de reporting
de Business Objects, l'extracteur de données Datastage d'Ascential. Grâce à l'intégration d'applications et à un orchestrateur de services web, il s'offre de nouvelles possibilités. ' Nous ne gérons pas les achats dans le
progiciel, mais avec la place de marché professionnelle Quadrem (30 000 articles). L'acheteur remplit son panier, qui est transformé par le progiciel en une ou plusieurs commandes, il va vers la place de marché et, grâce aux services web,
celles-ci tombent chez les fournisseurs. Pour les utilisateurs, l'ergonomie est meilleure qu'avec un progiciel. 'Néanmoins, bien des DSI aimeraient savoir comment déterminer les services éligibles. Le plus souvent, les services ne forment pas le c?"ur du progiciel, mais ils se montrent essentiels à son fonctionnement. C'est donc
l'orchestration des services qui assurera l'efficacité du système d'information. Le choix se révèle d'autant plus difficile que tout est susceptible d'être service. Difficile, mais pas impossible. En témoigne Charles Lentz, DSI de Publigroup, un
acteur suisse d'intermédiation publicitaire pour les journaux et leurs sites internet, également éditeur de services de type pages jaunes en Suisse. ' Nous avons développé une application en marque blanche qui gère en régie
des petites annonces pour les éditeurs de sites web. Cette application s'adapte et s'intègre aux sites des éditeurs. Elle met à leur disposition tout le contenu des petites annonces qui provient du canal de commercialisation de deux de nos filiales
spécialisées. Mais à l'origine, cette application, écrite en Cobol, tournait en interne depuis vingt ans sur des grands systèmes IBM avec la base de données DB2. '
Des automatisations à base de services web
Charles Lentz a découpé le système historique de son entreprise en trois types de services web. A commencer par les services administratifs, grâce auxquels un annonceur dépose un ordre d'insertion sur les sites web des éditeurs,
mais aussi dans leurs journaux. Pour cela, il a rendu les fonctions métier de façon graphique, d'une part avec les procédures stockées de la base de données DB2, d'autre part avec les services web développés en Java sur le serveur d'applications
Tomcat. ' Nous avons utilisé les technologies SOA de programmation de services web et de supervision d'Amberpoint dans les environnements Java et .Net ', précise le DSI. Quant aux services de contenus,
ils stockent le contenu de l'annonce dans une base de données Oracle, après l'avoir traduit en XML. A savoir du contenu structuré et non structuré (flux binaires, documents PDF, Word ou XML) grâce au composant CM SDK (Content Management System
Development Kit) d'Oracle.Le troisième type de services génère en ligne du contenu en PDF de haute qualité pour la parution dans la presse écrite. Chaque annonce se voit ainsi mise au format de l'éditeur. ' Nous avons modernisé
notre application historique tout en l'ouvrant sur le monde extérieur. L'infrastructure SOA a été conçue pour une de nos filiales. Il s'agit de la généraliser en repérant ce que l'on peut industrialiser le plus rapidement. '
Découper les applications historiques en services est une chose ?" le développement de nombreuses applications en interne facilite la maîtrise du code source ?", en revanche, comment découper les progiciels commerciaux ?