Le président du Cigref préconise une DSI à deux vitesses

Réélu pour deux ans à la tête du Cigref, Pascal Buffard estime que pour réussir sa mission, un patron des systèmes d'information doit installer une DSI à deux vitesses. La première, plus agile, prend en charge l'activité digitale. La deuxième doit travailler à la modernisation des systèmes existants.
Non le DSI n’est pas mort. Mais s’il ne fait pas évoluer plus rapidement son périmètre, sa fonction risque de se limiter à la gestion du patrimoine informatique (legacy) de son entreprise. C’est ce qui ressort du discours de Pascal Buffard lors de la dernière assemblée générale du Cigref qui s’est tenue le 20 octobre à Paris. Réélu pour deux ans à la tête de cette association qui rassemble les DSI des 140 plus grandes entreprises françaises, le président d’Axa Technologies Services a d’ailleurs donné à son discours de clôture un nouveau ton.
L’an passé, il conseillait les DSI à se positionner comme les porteurs de la transformation digitale de leur entreprise. Las, toutes les entreprises et leurs dirigeants n’ont visiblement pas la même maturité vis à vis du numérique. Certaines détachent même complètement leurs activités digitales des systèmes d’informations. C’est ainsi que l’on voit naître dans les plus grands groupes des responsables du numérique, des patrons de Digital Agency et des Chief Digital Officers, oeuvrant à l’extérieur des DSI et dépendant en direct des PDG. Le DSI est alors relégué au rôle d’accompagnateur de cette transformation, assurant davantage une fonction de support qu'un véritable mission d'initiateur.
La DSI doit se réinventer autant que le marketing et les RH
Conscient de la situation, Pascal Buffard renforce cette année son discours. « Certes le DSI doit se réinventer, mais comme les autres directions de l’entreprise : le marketing, les RH », martelle-t-il. « Nous devons faire évoluer nos organisations d’un modèle en silos à des structures beaucoup plus transversales », explique le président du Cigref. Mais à la différence des années passées où tout le monde vantait la nécessaire collaboration entre DSI et métiers, le discours se veut plus moderne et prône des collaborations tous azimuts.
Mettant en avant sa propre expérience au sein d’Axa, Pascal Buffard explique avoir mis en place une digital agency, organisée en joint venture entre la DSI et la direction marketing. Conscient qu’il est quasiment impossible pour un DSI de mener plusieurs missions de front : réflexion sur la stratégie IT, négociation des contrats d’externalisation, gestion de budgets toujours plus resserrés et mise en place de nouveaux services numériques, il conseille d’établir une DSI à deux vitesses. La première structure se veut plus agile, emmenée par une équipe spécialisée dans le digital et travaillant en étroite collaboration avec les métiers, capable d’incuber des innovations numériques. La deuxième structure repose sur une équipe qui va gérer l’efficacité opérationnelle du SI et travailler à sa modernisation, en s’appuyant sur un socle de services. Une troisième équipe serait elle dédiée à tous les aspects sécurité.
Aux côtés de cette organisation, Pascal Buffard pousse les DSI à bouger les lignes, à faire évoluer les compétences, à nouer des partenariats plus forts avec notamment des fournisseurs, à apprendre à travailler avec des start up innovantes. Le DSI doit en fait assurer un certain nombre de liens pour être reconnu comme un levier de création de valeur dans son entreprise.