Le prix de la couleur va baisser, celui du monochrome se maintenir
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- Le prix de la couleur va baisser, celui du monochrome se maintenir
Fabrice Claes : Les fabricants d'imprimantes ont un peu plus de marge que ceux de copieurs : 80 % des éditions proviennent de la copie, et les acteurs de ce domaine comme Xerox, Ricoh, et Canon s'affrontent sur des coûts à la page parfaitement lisibles, sans cesse tirés vers le bas. Résultat : ils sont plus bridés que les fabricants d'imprimantes, dont les coûts sont moins transparents. Ces derniers commencent aussi à ressentir cette pression sur les prix. D'où leur récent engagement vers les services, dans la lignée des spécialistes de la copie.
Stéphane Bonnaud : Sur le matériel, seule la couleur nous fait gagner de l'argent. Dans les machines noir et blanc, les prix ont atteint leur limite. Une baisse affecterait directement nos investissements en R&D. D'autant que, bien que majoritaires, les volumes du monochrome seront amenés à baisser, aux dépens de la couleur.Dans le stockage, le coût au gigaoctet ne cesse de décliner. Pourquoi le coût à la page ne suit-il pas cette même tendance ?
FC : Plus que le simple coût à la page, il faudrait considérer le coût à la page par minute, qui lui est en baisse. Dans l'absolu, il n'y a donc pas de réduction de coût, mais bien une meilleure productivité.
SB : Ce gain de productivité touche surtout l'entrée de gamme. Un multifonction de 20 et 4 pages par minute respectivement en monochrome et couleur se vend aujourd'hui à moins de 1 000 euros. Il y a deux à trois ans, il valait trois à quatre fois plus. Cette accessibilité des machines de plus en plus perfectionnées pour un même budget est un phénomène qui devrait perdurer.Dans le grand public, l'imprimante est parfois quasiment donnée. Elle ne sert alors qu'à vendre des consommables. Ce modèle pourrait-il s'appliquer au monde professionnel ?
FC : Les constructeurs ne doivent pas se tirer une balle dans le pied. Une imprimante à 1 euro est totalement dévalorisée. Il est ensuite impossible de lui associer une prestation de service. Mais pour être honnête, nous avons vu l'an dernier des imprimantes laser se vendre au-dessous du prix de la cartouche de toner. A 36 euros, précisément. Cela s'appelle de la prise de part de marché.
SB : Pour un constructeur, le seul intérêt de ces pratiques est de mettre un pied dans l'entreprise. Il réalise alors un investissement ponctuel dans le temps, en espérant que les volumes seront amenés à gonfler, et que les clients exigeront des machines plus perfectionnées.A terme, quel sera le différentiel entre le prix d'une page monochrome et celui d'une page couleur ? HP parle d'un ratio de 1 pour 2 d'ici à dix ans...
SB : Honnêtement, je ne nous le souhaite pas. C'est peut-être une revendication des clients, mais, pour nous, cela s'avérerait catastrophique. Je ne vois pas comment nous financerions alors nos activités futures. Le ratio, actuellement de 1 pour 10, doit certes descendre. Mais il ne dépassera pas 1 pour 7, voire 1 pour 6. Cette baisse sera en partie facilitée par le succès des multifonctions mixtes monochromes-couleurs (dits de couleur occasionnelle - NDLR), qui positionnent la couleur sur un marché de volume. Il est toutefois impératif d'éviter l'effondrement des prix de limpression couleur, car les constructeurs ne pourront pas se rattraper sur les volumes du monochrome.
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