Le rond-de-cuir préfère le cousu main
Qui dit modernisation de l'Etat dit informatisation réussie de ses services et économie de gestion. Les pistes abondent. Voici trois situations de gâchis identifiées par Bercy.
Depuis un an, le ministère de l'Economie passe au crible le fonctionnement de l'Etat, débusquant les dysfonctionnements. Dans les 56 premiers audits réalisés (sur près de 80 prévus), trois se révèlent emblématiques de l'antagonisme persistant entre Administration et informatisation.Premier exemple. Les trois centres de recouvrement des impôts de Lille, Rennes et Créteil traitent les dossiers manuellement et, pour l'essentiel, durant les trois derniers mois de l'année. Alors qu'il suffirait de les informatiser pour étaler les mises en recouvrement et étendre leur compétence aux amendes et à d'autres impôts, ce qui générerait une économie équivalant en temps plein à 400 emplois et aiderait à récolter 150 millions d'euros supplémentaires par an.Deuxième cas. Présidentielle, législatives, sénatoriales ou cantonales, les élections coûtent de plus en plus cher. La facture s'alourdit de près de 50 % à chaque échéance, du fait d'une multiplication des candidats et du traitement manuel des opérations. Bercy réclame donc la création de fichiers électoraux départementaux et d'un fichier national, la diffusion de tracts via internet et la généralisation du vote électronique.Enfin, en 2005, sur 430 000 agriculteurs français, 1,8 % ont utilisé le service en ligne de dépôt de candidature pour les aides relevant de la politique agricole commune de l'UE. On en attendait entre 10 et 15 %... Or le télétraitement d'un dossier coûte 65 % moins cher qu'un processus manuel. La faute à une mauvaise gestion de lAdministration, qui a ouvert son site dans la cacophonie, tardivement, sans assistance ni fonctions étendues.