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Un rapport détaille la situation de la France en matière de sécurité informatique
“ Tout comme elle l'est au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, la cyberdéfense française doit être portée au plus haut niveau de l'Etat ! ” Tel est l'avis de Jean-Marie Bockel, sénateur du Haut-Rhin et auteur du rapport “ La cyberdéfense, un enjeu mondial, une priorité nationale ”. Face à la Commission des affaires étrangères et de la défense du Sénat, Jean-Marie Bockel a appuyé son propos en évoquant le budget britannique en la matière qui est de 750 millions d'euros… contre 75 côté hexagonal. “ Nous sommes pourtant les deux pays européens présents sur l'ensemble des domaines de la défense ”, s'interroge le rapporteur.
Faire évoluer les mentalités
Dans une liste de dix priorités, le sénateur insiste sur le rôle primordial de l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (Anssi) et préconise un renforcement de ses effectifs qui ne comptent que 230 personnes aujourd'hui, contre 500 en Allemagne et 700 au Royaume-Uni.Autre priorité, tout comme l'avaient souhaité les sénateurs Détraignes et Escoffier, dans une proposition de loi, en mars 2011, Jean-Marie Bockel réclame que les victimes d'attaques informatiques se déclarent : “ Beaucoup ne les signalent pas de peur de passer pour des incapables. L'attitude intelligente consiste, au contraire, à en parler. Cela permet d'obtenir de l'aide. Et c'est aussi une manière pour l'entreprise de dire qu'elle joue le jeu et fait face. ”Tout comme le livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, le rapport met en avant la délicate question de la cyberoffensive, et donc de la dissuasion. “ C'est un sujet sensible. Mais je suis convaincu de notre efficacité en la matière, même si je suis tenu au secret et ne peux dire d'où je tiens ces informations ”, ajoute l'ancien secrétaire d'Etat à la Défense.Dans son rapport, Jean-Marie Bockel rappelle que la Commission européenne soupçonne certains industriels chinois, comme Huawei et ZTE, de bénéficier de subventions de leur gouvernement. Cela afin de vendre leurs équipements cœur de réseau en dessous du coût de production. Une concurrence déloyale donc, qui, de plus, favoriserait l'espionnage industriel. L'élu du Haut-Rhin propose que l'Etat français suive les exemples australien et américain en interdisant l'importation de ces équipements. Une démarche radicale qui, si elle était validée par l'Europe, pourrait conduire nombre d'entreprises à revoir entièrement leur cœur de réseau.
Hiérarchiser les menaces
Pourtant, la Chine n'est pas la seule nation à inquiéter en termes d'intelligence économique. Rappelons que l'Europe est confrontée à la question du Patriot Act. Cette loi américaine anti-terroriste donne carte blanche au FBI et à la NSA pour mener toutes investigations. Ce qui implique qu'un Google ou un Microsoft se devraient, le cas échéant, de transmettre des informations appartenant à une entreprise européenne jugée suspecte. Pour Jean-Marie Bockel, “ il faut hiérarchiser les menaces. Pour l'instant, celles émanant de Chine sont les plus préoccupantes. Au moins, les Américains annoncent la couleur : on sait à quoi s'en tenir. ” Renforcer une activité industrielle européenne en matière d'équipement réseau est donc primordial. Sachant que Huawei est en passe de devenir numéro un mondial des équipements télécoms, il est difficile de savoir s'il s'agit d'une réelle démarche de protection ou de protectionnisme pur et dur.
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