“ Le NFC sera sans doute la solution la plus utilisée pour les paiements par téléphone mobile en 2015. ” Telle est la conclusion d'un rapport de la société d'études Frost & Sullivan, qui estime que les paiements par NFC (Near Field Communication) dépasseront 110 milliards d'euros dans le monde à cette date, dont près de 42 milliards en Europe. Les fabricants de smartphones, les éditeurs de systèmes d'exploitation pour mobiles et les opérateurs de téléphonie ont déjà manifesté leur intérêt pour ce nouveau type d'usage. Reste à savoir si les utilisateurs sont prêts à accueillir ce mode de paiement.
Les Japonais encore sceptiques
Le Japon est souvent pris en exemple, puisque l'opérateur NTT Docomo y a lancé les premiers téléphones équipés de cette technologie sans contact (Felica, équivalent japonais du NFC) en 2004. En 2010, il en a écoulé près de 10 millions. Une poignée d'acteurs nippons proposent des cartes de paiement sans contact, et le cabinet Gartner a recensé en tout plus de 111 millions de terminaux de paiement (cartes et mobiles). Sauf que… en mars 2010, il n'y a eu que 1,8 transaction par équipement et par mois ! Sandy Shen, analyste chez Gartner, explique :
“ Les Japonais paient encore l'essentiel de leurs achats avec du liquide. ”Selon une étude d'Accenture menée en Europe et aux Etats-Unis, parmi les utilisateurs avertis en matière de technologies mobiles, seul un sur quatre est prêt à effectuer ses règlements avec son téléphone. L'éditeur Wincor Nixdorf confirme cette tendance pour l'Hexagone : 41 % des Français détenteurs de mobiles sont favorables à
“ la possibilité de pouvoir payer avec leurs téléphones portables ”. La majorité reste attachée au chéquier et à la carte de paiement traditionnelle. La sécurité (protection de la vie privée, fiabilité…) étant la principale cause d'inquiétude des utilisateurs face au NFC. Ces chiffres démontrent que les habitudes de paiement ne seront pas bouleversées en quelques mois.
“ Si les utilisateurs finals ne sont pas d'abord éduqués à cet usage, il n'y aura pas d'adoption massive du paiement sans contact par téléphones mobiles ”, explique Jean-Noël Georges, directeur de programme au sein du cabinet Frost & Sullivan.
Laisser du temps aux usagers
“ Les entreprises devront proposer des applications plus simples, tels les coupons de réduction ou les tags intelligents ”, ajoute Sandy Shen. L'ergonomie des mobiles actuels est adaptée à ces nouveaux usages. Ce qui n'était pas le cas quand NTT Docomo avait lancé son service. L'analyste de Gartner précise aussi qu'il
“ faudra du temps avant que les usagers ne s'approprient les mobiles et les lecteurs sans contact ”.Au Japon, NTT Docomo gère l'ensemble de la chaîne, du déploiement à la solution technique en passant par le paiement (il détient 33,4 % de Sumitomo Mitusi Card Company). En Europe, l'écosystème est toujours très fragmenté : banques et opérateurs n'ont pas encore clairement défini leurs modes de coopération. Et surtout, ils ne semblent pas prêts à le faire.
Votre opinion