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Les parcs de PC vieillissent, mais les entreprises, peu pressées de migrer, attendent Windows Vista et la maturation du poste de travail Linux.
Microsoft prépare le terrain à Windows Vista et Office 12, prévus pour 2007. Ces deux dernières années, il a ainsi arrêté le support technique de Windows 2000 et d'Office 2000. Il faut désormais souscrire un service payant
?" non inclus dans le coût de la licence ?" pour bénéficier des programmes de correction. Cette année, c'est au tour d'Office XP d'être touché.Ce type de situation n'est pas nouveau. Sauf que, cette fois, les sociétés traînent les pieds. Selon les analystes, seules 60 à 70 % des entreprises ont commencé à faire migrer leur parc vers Windows XP. Près de la moitié d'entre
elles possède encore des postes sous Windows 2000, alors qu'il n'est plus supporté depuis 2004. Un tiers des entreprises ont même conservé des postes sous Windows NT 4.Cet attentisme s'explique d'abord par le calendrier des évolutions du système d'exploitation de Microsoft. Le dilemme est le suivant : migrer vers un Windows XP dont le support s'arrêtera d'ici à deux ans, ou attendre l'arrivée
de Windows Vista en prenant le risque d'un support technique dégradé. Une troisième voie existe : Linux pour poste de travail.
Rester sans soutien technique est trop risqué
La société Telintrans, qui assure le support informatique de la branche colis de La Poste, n'a pas voulu prendre de risques. Elle a fait migrer un quart de son parc de PC sous Windows XP en 2004 et 2005.
' L'absence de mise à jour de Windows 2000 et la peur de rencontrer des problèmes de sécurité ont servi de déclencheur ', témoigne Daniel Arnolin, son responsable réseaux et outils de production.Le même souci de protection pousse la société de conseil Alma Consulting Group (500 postes de travail sous Windows 2000 et Office 2000) à préparer le basculement de ses PC sous Windows XP. Mais elle vit cette migration comme une
contrainte. Elle aurait préféré pouvoir différer cet investissement. ' Le poste de travail Linux n'est pas encore assez mûr ?" la compatibilité des formats bureautiques pose question ?" et coûte trop cher
à migrer. Quant à Windows Vista, il n'est pas prêt ', argumente Jean-Michel Fosse, directeur des systèmes d'information du cabinet.Plus d'un tiers des entreprises européennes se retrouvent dans la même situation qu'Alma, équipées de postes Windows 2000 vieillissants, qui ne sont plus mis à jour. Mais le choix se complique : quelle que soit l'approche
retenue, la plupart d'entre elles projettent la migration de leur suite bureautique en même temps que leur système d'exploitation. Celles qui adopteront Linux choisiront Openoffice.org ou Star Office, et les autres Microsoft Office.Face à ces enjeux, les retardataires s'accordent en général encore du temps pour faire évoluer leur parc. C'est le cas, par exemple, de Nestlé Waters. La filiale du groupe alimentaire possède plusieurs dizaines de milliers de postes
sous Windows 2000. ' Il est vrai que ce système d'exploitation commence à vieillir, reconnaît Philippe Perrin, Senior Vice President IS-IT (système et technologie). Mais comme cela ne nous limite pas
encore dans notre activité quotidienne, nous préférons gérer d'autres priorités pour le moment. 'En se donnant plus de temps, les entreprises cherchent à élargir leurs choix. La plupart ne migreront pas avant 18 à 24 mois, lorsque les postes Linux seront arrivés à maturité et que le premier Service Pack (SP1) pour Windows
Vista sera disponible. ' Aucune des entreprises que nous interrogeons ne projette de migrer dès la sortie de Vista. Elles prévoient, en majorité, d'attendre 12 mois pour le faire, confirme Leslie Fiering,
analyste au sein du cabinet Gartner. Ce qui repousse son début d'adoption en entreprise entre la fin 2007 et la mi-2008. 'Les exigences matérielles de Windows Vista effraient les entreprises. Le futur Windows nécessite une grosse configuration : processeur cadencé à 3 GHz, 1 Go de mémoire vive, carte vidéo avec 256 Mo de
mémoire... A tel point que, d'après Forrester Research, le nombre de grandes entreprises souhaitant migrer sous Windows Vista a baissé de 10 points entre 2004 et 2005, passant de 43 à 33 %.
Une migration coûteuse
Vu la puissance que requiert ce système d'exploitation, seuls 65 % des PC neufs seront prééquipés de Vista en 2007, présume Gartner, alors que 16 % le seront de Linux. On pourrait donc croire venue l'heure de gloire du poste
de travail sous Linux. Selon Forrester, 30 % des entreprises pourraient faire migrer leur PC sous Linux dans les prochaines années. Gartner, lui, se montre plus prudent. Il estime que Linux ne représentera une alternative à Vista que pour 5 à
6 % des entreprises européennes. Les raisons de cette frilosité tiennent essentiellement à l'immaturité de l'offre, au coût, et aux risques liés à la migration.Pour IDC, la compétitivité d'un poste Linux est directement liée à son coût de migration. L'économie moyenne représente 80 dollars de coût matériel et 74 dollars de coût de licence chaque année. Mais suivant Gartner, la
migration des outils bureautiques coûte cher : entre 1700 et 4 100 dollars. A cela deux raisons : les applications Excel et Access, difficiles à faire migrer, et la résistance au changement des utilisateurs.Face à ces contraintes, Telintrans a mis au point une stratégie de migration en plusieurs étapes. Elle a d'abord fait migrer avec succès une partie de ses serveurs (fichiers, impression, etc.) sous Linux Red Hat et Suse. Puis, en
2003, elle s'est attaquée à 300 postes de travail. ' La migration sous Linux Red Hat n'a posé aucune difficulté. Elle ne concernait que les postes métier exécutant une application développée en Java, assure
Daniel Arnolin, de chez Telintrans. Dans ce cadre, Openoffice.org et un accès à la messagerie via le navigateur Mozilla suffisent amplement aux besoins annexes des utilisateurs. ' Par contre, l'entreprise fera
migrer le reste de ses PC Windows 2000 vers Windows XP. L'entreprise gagnera ainsi deux à trois ans, le temps d'opérer un choix plus radical entre Linux et Windows Vista.
Pas d'innovation majeure avec Linux
Philips Semiconductors adopte la même démarche. Le groupe a choisi de garder Microsoft Office comme standard bureautique en 2006, mais vient de faire passer ses postes de développement et de R&D sous Linux Red Hat.
' Nous les outillons de clients Citrix pour accéder aux applications d'entreprise, et de VMware pour disposer d'un double environnement ', résume Christophe Boulay, responsable infrastructure au sein de
Philips Global Infrastructure Services (P-GIS) France.Comme le montrent les retours d'expérience de Philips et de Telintrans, Linux représente donc une alternative intéressante pour le poste métier. En revanche, les éditeurs Linux et la communauté Openoffice.org n'apportent pas
d'innovation majeure au poste de travail généraliste. Mais ils font tout pour faciliter la migration des entreprises motivées. A titre d'exemple, les interfaces graphiques de Linux et d'Openoffice.org 2.0 se rapprochent de plus en plus de celles des
outils de Microsoft. Une stratégie qui vise, principalement, à ne pas déstabiliser les utilisateurs.Les éditeurs travaillent également d'arrache-pied pour parfaire leurs outils d'administration et de mise à jour à distance des postes de travail. Une fois que les entreprises auront migré sous Linux, il sera alors temps
d'innover.D'ici à un an ou deux, elles devraient avoir le choix entre deux solutions vraiment différentes pour équiper leurs postes clients. 2007 et 2008 seront donc deux années cruciales pour les éditeurs Linux et pour Microsoft. Elles
pourraient marquer le premier point d'inflexion dans la domination de Microsoft sur le marché des postes de travail en entreprise.Conscient de la pression qui s'exerce, l'éditeur oriente progressivement sa gamme Vista vers les besoins des grandes entreprises. Windows Vista possède ainsi un moteur de workflow utilisable avec Excel, Word et Infopath pour accéder
aux données et applications métier de l'entreprise. Le couple Windows Vista-Office 12 devient donc une plate-forme de développement d'applications bureautiques collaboratives, bien adaptée aux processus des grandes entreprises.
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