' Développement durable et TIC ' : c'était le thème du colloque organisé le 17 juin 2008 au conseil régional d'Alsace par la
Mission Ecoter
?" une association qui regroupe des collectivités territoriales et des entreprises (équipementiers, opérateurs, etc.). Durant la matinée, plusieurs
intervenants ont rappelé les bienfaits du télétravail pour la planète : moins de déplacements, moins de pollution, amélioration du bien-être des salariés, lutte contre la désertification des campagnes...Lors d'une table ronde, Jean-Marc Dubreuil, directeur général d'Intel, a vanté l'engagement sociétal de son entreprise, qui affirme s'efforcer de respecter l'environnement au niveau de la fabrication de ses produits, de leur
consommation en énergie ou de leur
packaging, par exemple, mais aussi en encourageant le télétravail. Le slogan ' J'ai pris l'Internet pour aller au travail ce matin ' parle de lui-même. Aujourd'hui,
80 % des collaborateurs du fabricant de semi-conducteurs ont opté pour cette nouvelle forme de travail qui a émergé dans l'entreprise il y a quinze ans.
Problème culturel
Mais avant de sauver la planète, le télétravail doit encore s'imposer en France. Et c'est là que le bât blesse. Seulement 7 % de la population active a franchi le pas, contre 13 % en moyenne en Europe et 25 % aux
Etats-Unis (source : rapport de Eric Besson (*) aux
Assises du numérique).Chaque année, le refrain est le même : le problème est avant tout culturel.
' En France, on ne réfléchit pas assez sur le travail lui-même. Dans le monde universitaire, par exemple, ce n'est pas un sujet de
recherche très développé, explique Serge Le Roux, vice-président de l'
Association française du télétravail et des téléactivités.
On continue de percevoir le travail dans une
logique taylorienne, fondée sur la division du travail. 'Sur le terrain, en effet, bon nombre de managers ne sont pas prêts à accepter que certains de leurs collaborateurs pratiquent le télétravail, par peur de perdre le contrôle ?" pourtant, toutes les études le prouvent, les
télétravailleurs sont plus productifs que les autres ! Ensuite, des freins techniques existent encore.
Lieux de socialisation
A l'heure de la visioconférence ou de la ' téléprésence ', l'équipement doit être à la hauteur. Et même si les opérateurs français ont produit de gros efforts ces dernières années pour fournir une connexion
haut débit à tous les foyers français, il existe encore des inégalités. Mais haut et très-haut-débit (Wimax, fibre, etc.) ne sont pas encore à la portée de tout le monde.Plusieurs intervenants du colloque ont rappelé que, pour inciter les gens à choisir le télétravail, il fallait aussi leur montrer qu'il existe en France des lieux adaptés. A l'image de la
Cantine, créée en plein c?"ur de Paris, qui propose dans un cadre très convivial des espaces de
' co-working ' (où plusieurs personnes travaillant séparément se réunissent) et de réunion. Dans les zones périurbaines ou dans les campagnes, une vingtaine de télécentres (espaces dédiés au
télétravail) sont une autre solution.Pour Gilles Berhault, président de l'Association communication et information pour le développement durable
(Acidd), le télécentre idéal n'existe pas encore. C'est qu'il devra être particulièrement bien outillé. Il se trouvera dans un bâtiment exemplaire sur le plan environnemental, avec des gens qui
viendront tous les jours ou de temps en temps, des espaces ouverts et fermés pour les réunions ou pour les conférences, des salles de formation aux TIC.Ce sera aussi et surtout un lieu vivant et ' socialisant ' dans un quartier. Mais, pour lui, l'essor du télétravail passe d'abord par l'éducation. Les jeunes élèves doivent apprendre à travailler ensemble pour
pouvoir un jour utiliser à bon escient tout les outils collaboratifs qui existent sur la Toile.
(*) Article rectifié le 23 juin 2008. L'auteur du rapport est bien évidemment Eric Besson, et non Luc Besson, comme nous l'écrivions étourdiment. Merci au lecteur attentif qui nous a signalé
l'erreur.